L’Ademe et le CSTB analysent les tendances qui impacteront les bâtiments en 2050

L’Ademe et le CSTB analysent les tendances qui impacteront les bâtiments en 2050

L’Ademe et le CSTB viennent de présenter le deuxième volet de leur démarche de prospective collective intitulée "Imaginons ensemble les bâtiments de demain".




Comment les bâtiments évoluerontils d’ici à 2050 ? Pour répondre aux interrogations de toute la filière du BTP, l’Ademe et le CSTB ont mené une mission projective commune. Ils ont mis en place un processus de réflexion et constitué un comité de 15 personnes pour apporter des points de vue divers sur ce que pourrait être l’avenir. « Le travail est préparé par ces 15 personnes. Ensuite, les acteurs de la filière immobilière souhaitant participer à nos réflexions peuvent le faire », explique Albane Gaspard (Ademe), co-animatrice de la mission projective aux côtés de Jean-Christophe Visier (Ademe et CSTB).

 

Le travail a été divisé en trois étapes : la première, exposée en avril 2020, a permis d’identifier 22 facteurs importants pour définir des avenirs possibles pour les bâtiments. Elle a fait l’objet d’une présentation dans le numéro 291 de V&MA (p.34-39).

 

La deuxième étape, celle de l’analyse de chacun des facteurs clé, a commencé en juin 2020 et s’est terminée fin janvier 2021, lors d’un séminaire de restitution, objet de la présente synthèse.

 

Quant à la troisième étape qui consiste à explorer les scénarios possibles à partir des analyses, elle a commencé fin janvier 2021 et s’achèvera par un colloque de restitution en septembre prochain. Nous ne manquerons pas d’en publier le contenu en temps utile…

 

Mais que révèlent les analyses présentées en janvier dernier ? Le futur du bâtiment et de l'immobilier en France à l’horizon de 2050 dépendra de quatre questions clés : quel sera le contexte et quel impact aura-t-il sur l'offre et la demande de bâtiments ? Quelle sera la demande adressée aux bâtiments ? L'offre de bâtiments sera-t-elle en capacité de s'adapter à cette demande ? Dans quelle mesure les politiques permettront-t-elle cette adaptation ?


« Chacun des 22 facteurs clé que nous avions définis précédemment a été rangé dans quatre domaines (contexte, demande, offre et politiques). Nous avons ensuite pris chaque facteur isolément et avons étudié comment il pourrait évoluer au cours des 30 années à venir », explique Jean-Christophe Visier.

 

 

 

Albane Gaspard (Ademe) et Jean-Christophe Visier (Ademe / CSTB) co-animent le comité de prospective qui réfléchit aux bâtiments de demain. Ils encouragent tous les professionnels de la filière immobilière à prendre part à leurs travaux dont la restitution finale, sous forme de scénarios, interviendra en septembre prochain. © Ademe-CSTB

 

22 facteurs clés analysés

 

Les participants de l’étude ont d’abord observé comment chacun des facteurs avait évolué au cours des 30 dernières années (rétrospective) pour mieux en comprendre le rythme d’évolution et les enjeux. Puis, ils ont projeté leur analyse sur les 30 prochaines années (prospective).

 

« Au préalable, nous avons défini avec les membres du comité deux incertitudes principales qui dessinent des avenirs potentiellement très différents pour chaque facteur. Et, à partir de ces incertitudes, nous avons défini de une à quatre hypothèses qui permettent de dessiner la façon dont cette variable pourrait évoluer à l’horizon de 2050 », expliquent conjointement Albane Gaspard et Jean-Christine Visier.


La population française vieillit et le rythme de croissance ralentit


Le premier facteur étudié, la démographie, mesure les évolutions de la population (nombre de personnes, répartition par tranche d’âge et par sexe). C’est à partir du contexte démographique que l’on peut faire correspondre l’offre et la demande adressées aux bâtiments.


Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la population française a crû de manière constante grâce à l’augmentation régulière de la durée de vie, à la fécondité importante durant la période du Baby Boom (1945-1975) et par un solde migratoire positif (fort entre 1955 et 1975 et qui fluctue depuis 1975 dans des valeurs plus basses).


Suite au Baby Boom, les classes d’âge peu nombreuses nées avant 1945 sont progressivement remplacées par des classes d’âge plus nombreuses. Entre 1990 et 2020, l’augmentation de la population comptabilise 8,8 millions de personnes, soit en moyenne 302 000 personnes par an. Actuellement, le rythme de croissance de la population ralentit sous l’effet d’une baisse des naissances et d’une hausse importante des décès liée au vieillissement de la population. Le solde naturel de 140 000 personnes par an accuse une baisse de 50 % en 10 ans.


Le poids respectif des différentes classes d'âge évolue. Après avoir crû fortement depuis 1945, la population des moins de 60 ans est en baisse depuis 2005. Une tendance lourde apparaît : celle du vieillissement de la population française. Le nombre de personnes de plus de 75 ans devrait passer de 6 millions actuellement à environ 12 millions en 2050. Mais quelle sera l'évolution de la croissance de la population ? Trois hypothèses coexistent : va-telle continuer sur un rythme similaire à celui connu depuis la Seconde Guerre mondiale ? Va-t-elle ralentir ? Voire s'arrêter et conduire à une stabilisation de la population ?

 

Les risques systémiques augmentent et se cumulent

 


Potentiellement mondial avec une ampleur très importante, le risque systémique menace la société de façon transversale et imbriquée, sur les aspects économiques et sociaux, le tissu industriel, l’environnement, la géopolitique, la gouvernance. Il peut même toucher les besoins vitaux de l’Humanité. La pandémie du Covid-19 en est la triste mais incontournable illustration…

 

Dans son Global Risk Report 2020, le World Economic Forum cite les conflits entre États, ainsi que le recours aux armes de destruction massive parmi les risques potentiellement les plus impactants. La dernière crise économique mondiale remonte à 2008 : elle a eu un retentissement fort sur l'activité du bâtiment. D'autres (Covid, cycles économiques...) pourraient suivre. En termes de risques sanitaires, on assiste à la généralisation de maladies non transmissibles (diabète…) et, plus récemment, avec la crise du Covid, au retour de pandémies.


Au-delà des risques industriels, des menaces technologiques nouvelles sont apparues, liées au numérique (cyberattaques sur les entreprises, les infrastructures...). Des risques environnementaux de grande ampleur (changement climatique, érosion de la biodiversité…) viennent s'ajouter aux risques naturels et leurs impacts commencent à se matérialiser (événements extrêmes – canicules, sécheresses – survenant plus souvent).


L’activité de gestion des risques (atténuation, anticipation, bonne gestion lors de l’apparition d’une crise) est interpellée par l’ampleur des risques futurs possibles. Dérèglement climatique, perte de biodiversité, affaiblissement des ressources, équilibres géopolitiques déstabilisés… les crises seront plus nombreuses et se cumuleront entre elles. Quelle sera notre capacité à réagir vis-à-vis d’elles : aura-t-on anticipé les risques ou non ? Quelle sera notre réaction collective suite aux crises ? En sortira-t-on plus fragiles (économie affectée, perte de légitimité des dirigeants...) ou plus résilients (la crise pouvant générer un électrochoc permettant de passer à l’action) ?

 

Le comité de réflexion a identifié 22 facteurs clés à prendre en compte pour esquisser le futur des bâtiments. Répartis en quatre thèmes - contexte, offre, demande et politiques - les facteurs interagissent entre eux. Mais les analyses ont été menées pour chacun, à la fois en mode rétrospectif et prospectif - © Ademe-CSTB

 

Focus sur les ressources économiques des ménages

 

Si le pouvoir d’achat par unité de consommation des ménages a crû de plus de 42 % depuis les années 1980, le phénomène ralentit : la croissance entre 2000 et 2020 atteint seulement +9 %. De plus, cette croissance globale couvre de fortes inégalités de revenus avant redistribution : ainsi, l’envolée des revenus financiers des plus aisés n’a pu être enrayée ni par la hausse des prestations sociales, ni par celle des impôts.

 

Et si le taux de pauvreté est resté relativement stable au cours de la période (14,8 % en 2018), le visage de la pauvreté a changé. Il s’est déplacé des personnes âgées (les retraités ayant connu une amélioration relative de leur situation entre 1970 et 1990) vers les travailleurs (avec la hausse du chômage et la précarisation du marché du travail) et, surtout, vers les familles monoparentales. Le nombre de ces dernières ne cesse de croître et leurs membres vivent sous le seuil de pauvreté pour près d’un tiers des cas. Depuis 2018, le taux de pauvreté remonte, notamment sous l'effet de la mise en place de mesures d'économie budgétaire visant les aides au logement.

 

Deux incertitudes pèsent sur les ressources économiques des ménages d’ici à 2050. À l'avenir, quelle sera l'évolution de la croissance économique et donc des revenus ? Et quelle sera leur répartition ?


Quatre hypothèses sont possibles : moins de revenus mais plus d’inégalités entraînerait une stagnation – voire une érosion – du pouvoir d’achat et un ralentissement durable de la croissance, lui-même engendré par le ralentissement du progrès technique.

 

Ce phénomène prolongerait le ralentissement de la croissance observé depuis les années 2000. On parlerait alors de "stagnation séculaire". Plus de revenus et plus d’inégalités accompagneraient le retour d’une croissance économique énergique et la poursuite des dynamiques observées au cours de la dernière décennie. Cette hypothèse se traduirait par une hausse des revenus financiers et du patrimoine qui soutiendraient le pouvoir d’achat des ménages. La baisse du chômage s’accompagnerait d’une précarisation du marché du travail. L’austérité budgétaire visant à réduire les déficits publics creusés par la crise du Covid-19, conduirait à de nouvelles baisses des dépenses publiques, et à la matérialisation d’une "fracture sociale".


Moins de revenus et moins d’inégalités découleraient de la poursuite du rythme de croissance faible observé depuis 2000. Celui-ci s’accompagnerait d’une baisse des revenus financiers et du patrimoine. Le chômage resterait élevé et la précarisation grandissante du marché du travail obligerait à une remise à plat du système de protection sociale à lafrançaise. De nouveaux mécanismes de protection sociale seraient mis en place (revenu minimal ?) pour faire face à ces évolutions et réduire les inégalités. Il y aurait donc une "solidarité dans la crise". Plus de revenus et moins d’inégalités : le retour d’une croissance dynamique s’accompagnerait d’une forte décrue du chômage. La revalorisation des revenus du travail, le soutien du revenu des retraités et une meilleure protection des salariés précaires conduiraient à une réduction importante des inégalités. Nous traverserions une période de croissance économique inclusive.
 


Les bâtiments et leur environnement

 

La croissance de la population est très incertaine pour 2050, tout comme les incertitudes entourant les politiques environnementales : seront-elles efficaces ? Et où s’établira l’équilibre entre l’effort d’atténuation des impacts humains sur l’environnement et l’effort d’adaptation aux changements environnementaux ? © Lisa Stinner


Depuis les années 50, la recherche d’efficacité a conduit à spécialiser les bâtiments qui ont été optimisés pour une fonction précise : habitat, commerces, bureaux, industrie. Ces bâtiments aux fonctions similaires ont été regroupés par zones industrielles, commerciales, tertiaires, de logements, de loisirs… (zones monofonctionnelles). La question de l’éclatement spatial des villes a été réglée grâce à la technique : des moyens de transports plus rapides (autoroutes, RER, métros, tramways) permettaient d’aller plus vite et plus loin. Quant aux coûts liés à l’éloignement (temps, kilomètres parcourus, investissement dans les réseaux…) ils étaient vécus comme des contreparties à la spécialisation des bâtiments, rendue nécessaire par soucis d’efficacité. Cette recherche d’optimisation s'est également étendue aux réseaux énergétiques (alimentant les bâtiments à partir de structures centralisées) et aux réseaux d’alimentation et d’évacuation des eaux…


Cependant, la prise de conscience de l’impact environnemental et social de cette organisation monofonctionnelle des bâtiments a fait émerger des réflexions autour de l’arrêt de l’artificialisation des sols, de la "ville du quart d’heure" (tous les besoins quotidiens sont comblés à un quart d’heure à pied de chez soi, laissant entendre que l’efficacité peut venir de la proximité), de la mixité et de la flexibilité des bâtiments, de l’autonomie énergétique…


S’agissant de l’interaction des bâtiments avec leur environnement, deux incertitudes planent : aura-t-on des bâtiments très spécialisés (monofonctionnels), ou au contraire, pouvant abriter une mixité d’usages ? En d’autres termes, cherchera-t-on la proximité ou la spécialisation ? Seconde interrogation : les bâtiments (et leur parcelle) seront-ils dépendants de leur environnement ou viseront-ils l’autonomie ? Cherchera-t-on l’efficacité via le partage ou l’autonomie ?


Là encore, plusieurs hypothèses contrastées cohabitent… La tendance ira-t-elle à la poursuite de l’édification de bâtiments monofonctionnels dans des zones dédiées (très spécialisés, mais aussi très dépendants de l’environnement) comme par le passé ?


Construira-t-on des bâtiments rendant des services au quartier ? L’un des enjeux est en effet tourné vers l’accès aux besoins du quotidien en moins d’un quart d’heure à pied (ou de 5 minutes à vélo). Les bâtiments accueilleraient les fonctions communes au quartier : commerce, espaces verts partagés, agriculture urbaine, locaux associatifs, captation d’énergie, parking et recharges de véhicules électriques. Ils inclueraient des espaces plurifonctionnels dont l’usage peut varier au cours de la journée ou de la semaine (par exemple le restaurant d’entreprise peut être utilisé le week-end pour célébrer des fêtes familiales).


Se dirigera-t-on vers des bâtiments autonomes, conçus pour fournir chacun des services nouveaux et réduire leur dépendances aux services extérieurs ? Les logements, comme les autres bâtiments, deviendraient producteurs et stockeurs d’énergie. Ils collecteraient les eaux de pluie et recycleraient les eaux usées, permettraient de développer les jardins, les lieux d’accès à la nature et de production alimentaire. Ils intègreraient des espaces spécialisés d’usage individuel pour les livraisons à domicile (conciergerie d’entreprise, boîtes à colis connectées…), le divertissement (home cinéma), le sport (piscines, salles de sport, table de ping-pong des start-up).

 

En résumé, nous serons face à trois choix pour les bâtiments du futur : celui de l’autonomie énergétique, de l’intégration des services essentiels dans chaque bâtiment ou de la flexibilité et de la polyvalence…

 

La prospective mise en place par l’Ademe et le CSTB intéresse toute la filière immobilière, de l’amont à l’aval : propriétaires, entreprises et artisans, concepteurs, agents immobiliers, banquiers et assureurs ou promoteurs… Pas moins de 222 personnes ont suivi le webinaire de restitution des analyses de l’Ademe et du CSTB le 26 janvier dernier - © Ademe-CSTB

 

 

L’organisation de la filière construction rénovation


La filière construction rénovation comprend un grand nombre d’acteurs qui interagissent. Ces dernières années, ils se sont multipliés, à l’image des sous-traitants. Dans le même temps, le rôle de coordinateur de la maîtrise d’oeuvre a diminué. Cependant, la filière souffre d’un manque de productivité (qualité et prix) lié notamment aux difficultés de coordination entre acteurs qui cherchent tous à augmenter leur part de valeur ajoutée. La tendance est à l’augmentation des exigences sur l’ouvrage en matière d’environnement, de confort et de santé. Les exigences s’expriment en matière de résultat et pas seulement de moyens. Le développement de la maquette numérique (BIM) est perçu comme un outil pouvant potentiellement contribuer à une meilleure coordination.

 

Deux incertitudes vont peser. Premièrement, quelle sera l’évolution de la productivité (qualité et prix) du secteur de la construction ? Continuera-t-elle une progression lente ou progressera-t-elle fortement ? Deuxièmement, quels seront les acteurs qui auront le pouvoir sur les projets ? Les gains éventuels de productivité seront-ils dus à une prise de pouvoir des acteurs de la coordination (majors, plateformes de rénovation…), d’un transfert fort de la plus-value du chantier vers l’usine (éventuellement  à l'étranger) ? Ou peut-on imaginer une amélioration collective sans modification du poids relatif des acteurs ?


Quatre hypothèses contrastées se dessinent…

 

Productivité stagnante : la filière continue dans un fonctionnement similaire à la situation actuelle et ne résout pas ses problèmes de productivité.

  1. Les nombreux acteurs de la filière se battent pour obtenir la plus grosse part de la plus-value sans qu’il en résulte de progrès sur la qualité et la valeur ajoutée collective. Les nouveaux outils tels que le BIM sont l’objet de compétitions entre acteurs et n’atteignent pas leur objectif affiché de progrès dans la coordination.
  2. Amélioration collective : les acteurs prennent conscience de leur capacité à augmenter collectivement leur efficacité via une meilleure coordination collective pouvant être facilitée par les outils numériques. Cela se traduit par une réduction des malfaçons et une amélioration de leurs marges.
  3. Pouvoir aux coordinateurs : sur différents types de chantiers, des acteurs coordinateurs (majors pour les gros chantiers complexes, constructeurs de maisons individuelles organisés, plateformes de rénovation…) prennent le rôle de chef d’orchestre. Ils assurent une coordination collective et captent une partie croissante de la plus-value.
  4. Industrialisation : une part importante de la valeur ajoutée est transférée du chantier vers l’usine. Des composants préfabriqués complexes ou de la construction hors site se développent. La coordination se fait par les produits, le chantier devenant un lieu d’assemblage de produits industriels. Cette industrialisation permet de réduire le temps de construction et les désordres sur le chantier. Elle peut être favorisée par le numérique. Elle a un impact important sur les types d’emploi nécessaires et sur leur localisation. Elle peut entraîner la délocalisation d’une part importante des marchés du bâtiment vers un pays européen ou à l’étranger.

 

Quelle politique environnementale pour préparer le futur ?

 

En France, la prise en compte politique de l’environnement date des années 1970. Et en 50 ans, la nature des défis environnementaux a fortement évolué. Première évolution : nous sommes passés du traitement d’enjeux locaux (pollutions locales) à des défis de plus en plus globaux (changement climatique, érosion de la biodiversité…). Deuxième évolution : la politique environnementale a changé de statut, passant d’un enjeu "marginal" à une question centrale de l’activité politique. Troisième évolution : la politique environnementale dépasse les horizons politiques habituels et s’inscrit sur le long terme dans la planification de l’action publique, incarnée par l’élaboration de "stratégies de transition écologique" ayant pour horizon 2030 ou 2050.

 

On assiste depuis un certain nombre d’années à un renforcement significatif de l’ambition politique à moyen et à long terme. Cette ambition a néanmoins du mal à se traduire en termes de mise en oeuvre, les changements restants marginaux. Nonobstant, la lutte contre le changement climatique a pris de plus en plus de place dans les politiques environnementales et une prise de conscience émerge sur la nécessité de développer également des politiques d’adaptation.

 

Face aux enjeux futurs, des incertitudes demeurent. Les politiques environnementales seront-elles efficaces ? Quels seront les outils déployés (incitatifs, contraignants…) ? Ceux-ci seront-ils acceptés par la population ? Au final, quelle sera notre capacité à agir de manière coordonnée et collective ? Basculera-t-on plutôt vers une individualisation des réponses apportées aux enjeux environnementaux ? Où s’établira l’équilibre entre l’effort d’atténuation des impacts humains sur l’environnement et l’effort d’adaptation aux changements environnementaux ? Peut-on imaginer un "abandon" des efforts d’atténuation pour donner plus de place aux urgences de l’adaptation ?

 

Trois hypothèses contrastées se dessinent…

 

  1. Abandon de l’action collective et fracture : l’urgence d’agir amène à un renforcement des politiques environnementales coercitives, marqué par l’interdiction des véhicules thermiques, l’interdiction de vente des logements peu performants sur le plan énergétique et une hausse rapide de la fiscalité environnementale.
  2. Basculement vers l’adaptation : en dépit d’objectifs ambitieux, la mise en oeuvre des politiques d’atténuation privilégie l’approche incitative afin de préserver un fort niveau d’acceptation collective. Face au manque d’efficacité des politiques d’atténuation, la politique bascule de plus en plus sur une logique d’adaptation vis-à-vis d’une transition "subie". Cette adaptation est néanmoins d’autant plus difficile que les impacts ne sont plus contrôlés à la source (réchauffement climatique compris entre + 4° et + 7° C, effondrement de la biodiversité qui affecte également la production agricole et la disponibilité des services écosystémiques, augmentation des maladies dues à la pollution de l’air et de l’eau, etc.). Face à l’ampleur des impacts, l’approche politique initialement focalisée sur l’incitation et l’écologie positive se voit paradoxalement contrainte à engager des mesures d’adaptation de plus en plus coercitives : interdiction de construire sur le littoral et expropriations forcées, obligation d’installation de climatisation ou d’isolation, limitation de la consommation d’eau.
  3. Sursaut collectif : une véritable volonté de rupture par rapport au modèle existant se traduit par une adoption rapide et massive de comportements "vertueux" à toutes les échelles, de l’État jusqu’aux citoyens. Cette hypothèse combine par conséquent un fort niveau de réussite dans les politiques d’atténuation ; une posture "équilibrée" entre atténuation et adaptation qui vise à préserver l’approche séquentielle "Éviter, Réduire, Compenser" (ERC) ; une mobilisation collective forte qui se traduit par des changements à toutes les échelles et tous niveaux d’acteurs et un mix équilibré entre logiques incitatives et coercitives, avec un fort niveau d’appropriation et d’adhésion collective à ces politiques.

 

En résumé, ces politiques pourraient devenir efficaces dans leur effort d’atténuation des impacts et accompagner un sursaut collectif et une transition ambitieuse. Elles pourraient, au contraire, échouer à catalyser l’action collective et faire basculer la focale vers l’adaptation, avec, là encore, plus ou moins de succès. Toute l’habileté politique consistera à expliquer les enjeux environnementaux et leur nécessité tout en emportant l’adhésion populaire pour construire un vrai projet pour 2050.

 


 

 

JLC
Photo ouverture : © AMO : Albert & cie / Maître d’oeuvre et architecte : Grand Huit Architecture


Source : verre-menuiserie.com

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