Bilan et prévisions du président de la FFB

Bilan et prévisions du président de la FFB

Signalé en septembre, le rebond de 2019 s’est confirmé et permettra un atterrissage en douceur en 2020, sous deux conditions toutefois : que le PTZ neuf soit effectivement maintenu en zones B2 et C.




De fait, hors effet prix, après +1,3 % en 2018, l’activité 2019 se soldera sur une hausse de 1,2 % en 2019, avant de ralentir à +0,8 % en 2020. On retrouve donc un scénario proche de celui retenu dans l’étude « Prospective 2025 » de la FFB réalisée en 2016, le retournement à la baisse de la tendance était anticipé courant, voire fin 2021. Le bilan en détail

 

Le secteur bénéficiera tout d’abord d’un contexte économique encore porteur. La croissance économique faiblira à peine passant de 1,4 % à 1,2 %. Le tassement général de la dynamique de l’investissement expliquera une large partie du mouvement. Toutefois, il s’agira bien d’un tassement et non d’une inflexion à la baisse, d’autant que les difficultés de recrutement resteront fortes, tous secteurs confondus, et que le marché du crédit s’avèrera toujours attractif, avec des taux qui remonteraient peu.

 

Jacques Chanut © FFB

 

Par ailleurs, les dépenses de consommation des ménages amorceront une petite accélération, un an après la mise en place des mesures « pouvoir d’achat » prises suite à la crise des « gilets jaunes » et alors que le taux de chômage ressortir quasiment stable à 8,1 % en 2020. Cette impulsion se lira notamment dans le redéploiement de dépenses dites « compressibles » en temps plus difficiles, dont l’entretien courant des logements.

 

Plus en détail, le logement neuf connaîtra deux mouvements de sens opposé. L’individuel, suite au rebond des ventes à +5 % en 2019, bénéficiera encore de deux belles années. De fait, les permis progresseront de 1,9 % et 2,6 % en 2019 et 2020 ; côté mises en chantier, les tendances ressortiront à +0,3 % et +2,8 % sur les mêmes années. En revanche, le collectif souffrira du plongeon de près de 20 % des mises en vente en 2019, Les permis reculeront de 10,4 % en 2019, puis de 5,3 % en 2020 ; les mises en chantier, de 4,1 % puis de 5,7 %.

 

Pour l’ensemble du logement, les volumes de permis et de mises en chantier s’établiront respectivement à plus de 434 000 et près de 408 000 unités en 2019, puis à près de 427 000 et de 400 000 unités en 2020. Ces niveaux s’entendent après correction habituelle de février sur les données passées. Une petite vingtaine de milliers d’opérations auront donc été perdues depuis 2018. En conséquence, après une modeste hausse en volume de 0,8 % en 2019, l’activité logement neuf des entreprises de bâtiment abandonnera 1 % en 2020.

 

Dans le non résidentiel neuf, malgré des informations moins nombreuses et partant de statistiques moins fiables que dans le logement, la FFB retient un tassement sensible des évolutions, en cohérence avec les scénarios macro-économiques de place et avec l’occurrence d’élection municipales courant 2020. Hors locaux agricoles, les surfaces autorisées progresseront encore de 5,9 % en 2019, avant de fléchir de 0,8 % l’année suivante ; quant aux surfaces commencées, compte tenu des délais de transformations habituels, elles ressortiront en hausses de 6,9 % et 3,0 %.

 

Le niveau atteint par les mises en chantier appelle quelques précautions, comme déjà signalé en septembre. En données brutes, pour 2020, il s’approcherait de 21,6 millions de m² hors locaux agricoles. Toutefois, depuis 2010, nombre d’opérations commencées manquent à l’appel dans les données officielles. Après correction sommaire des données disponibles, le score 2020 pourrait en réalité dépasser les 26 millions de m², donc tendre vers le niveau de 2008. Enfin, en termes de production en volume, le non résidentiel neuf afficherait +5,1 % et +2,8 % en 2019 et 2020.

 

Le marché de l’amélioration-entretien sera soumis à des vents contraires. Au-delà des effets d’anticipations de la réforme du CITE qui joueront tout au long du premier semestre 2020, la rénovation énergétique souffrira de la transformation progressive en prime difficilement lisible et moins solvabilisatrice, pour peu que la plateforme de distribution de l’aide soit mise en place dans les délais espérés.

 

À contrario, le marché global bénéficiera des niveaux historiques de transactions enregistrés dans l’ancien depuis 2017. On note d’ailleurs l’amorce du relèvement tant attendu des crédits immobiliers pour travaux seuls depuis le printemps 2019. Le mouvement s’accompagnera de la reprise des dépenses d’entretien courant déjà mentionnée en début d’intervention. Dans son ensemble, le marché de la rénovation connaitra une quasi-stabilisation en 2019, à +0,2 % en volume du fait d’un très mauvais premier trimestre, puis une légère progression de 0,9 % en 2020.

 

En termes d’emploi, 2019 s’avère de bonne teneur, avec un peu moins de 35 000 créations de postes, dont environ 30 000 sous forme salariée, très largement en CDI. Compte tenu de carnets de commandes biens garnis en fin d’année et de perspectives qui restent porteuses, 2020 affichera encore la création nette de 10 000 postes a minima, là encore le plus souvent de salariés.

 

Reste la grande question des prix et des coûts, donc des marges dans le bâtiment. On peine toujours à lire une véritable amélioration en ce domaine. Les données officielles en témoignent, montrant une forme de course difficile des prix bâtiment derrière les hausses de coûts. Or, les tensions sur le marché du travail, donc sur les salaires continueront à peser en 2020, et les premières courriers de révision annuelle des prix des matériaux reçues par les entreprises annoncent des hausses, parfois sévères.

 

Dans le même temps, la suppression de l’accès au gasoil non routier (GNR) pour les entreprises de BTP et la réduction de l’avantage Fillon associé à la Déduction forfaitaire spécifique (DFS) viendront eux-aussi peser à la hausse sur les coûts de production. Pour que les entreprises conservent des marges de manoeuvre, voire renforcent leur capacité à résister à un choc exogène, les prix bâtiment devront donc augmenter. À défaut, on introduirait à nouveau du risque dans l’économie, au travers d’entreprises fragilisées.

 

D’ailleurs, dans ce contexte, la réforme des retraites ne doit pas être un prétexte pour raviver le sujet de la pénibilité. Ceci serait particulièrement mal venu, d’autant que toute hausse de coût dans le secteur entraîne le développement du travail détaché.

 

À plus long terme, plusieurs sujets méritent l’attention, parce qu’ils pourraient accentuer le retournement du cycle des affaires anticipé courant/fin 2021. Il s’agit tout d’abord des dispositifs d’accompagnement que constituent le PTZ neuf et le Pinel. Les deux rapports de l’Inspection générale des finances (IGF) et du Commissariat général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) illustrent bien la menace qui pèse sur eux. Certes, quelques ajustements peuvent être introduits. Mais, comme l’ont montré les épisodes passés de crise, leur absence se ferait douloureusement sentir en cas de nouvelles tensions. Le PTZ s’avère, évidemment, moins utile en période de taux très bas, mais il permet d’orienter des ménages jeunes ou modestes vers des solutions locales plus proches des centres-villes ou centres-bourgs.

 

De plus, il constituerait un filet de sécurité bien utile en cas de durcissement des conditions de crédit. Quant au dispositif « Pinel », il peine parfois à produire du logement véritablement intermédiaire du fait d’un zonage trop frustre. Mais alors, prenons le temps de tester l’approche bretonne de répartition locale fine, sans la transformer en monstre administratif à multiples couches, plutôt que de tout casser pour voir.

 

Il s’agit ensuite des aides à la rénovation énergétique. Même avec les aménagements obtenus du Parlement, la réforme du CITE va déboucher sur une crise du marché, dans un contexte où les prix de l’énergie ne suffisent pas à porter économiquement les opérations. Le risque pourrait alors être de passer rapidement à l’obligation sèche de travaux, mesure qui viendrait torpiller pour longtemps le segment de l’amélioration-entretien. La seule bonne alternative au regard du résultat attendu, du seul qui compte in fine, à savoir la baisse des émissions de gaz à effet de serre, consiste en le redéploiement d’un système large, simple et puissant d’aide dédié.

 

Les chiffres de 2019 et prévisions 2020

 


Source : verre-menuiserie.com

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