Confort et santé dans l’habitat : un défi à relever

Les enjeux du confort et de la santé dans l’habitat autour de la ventilation, de l’acoustique et de la qualité de l’air sont multiples, ...
... à la fois pour la santé des occupants, leur bien-être, et la performance énergétique des bâtiments. La filière menuiserie a un rôle clef à jouer dans l’amélioration de tous ces paramètres.
© AGC Glass Europe (avec ouverture) - Sur ce chantier du siège social de BNP Paribas à Bruxelles (Belgique), l’architecte Jaspers-Eyers Architecten a choisi les vitrages AGC Stopray Ultra-60 sur Clearvision (vitrage isolant avec contrôle solaire – base de verre extra-clair) et Stratophone, lequel offre une isolation acoustique poussée pour absorber les sons et bloquer le bruit extérieur
« L’objectif de notre laboratoire de recherche est de pouvoir utiliser les conditions climatiques extérieures pour améliorer les conditions intérieures »
— Lionel Guimard, responsable prescription Grand Est chez Genatis et Bluetek
© Technal - Technal a remporté le prix "Produit Innovant" aux Trophées Bâtiment Santé 2019 avec sa fenêtre Anti-Bruit Active® brevetée. Un produit de haute technologie qui permet d'absorber les agressions sonores extérieures fenêtre entrouverte, pour une harmonie préservée à l'intérieur. Un concept qui n’a finalement pas été commercialisé, explique Grégoire Claverie : « nous avons réalisé un seul chantier avec, mais c’est avec ce genre de prototype que nous pouvons avancer »
Si le confort thermique a été pris en compte depuis déjà de très nombreuses années, il s’agit aujourd’hui pour la filière menuiserie de considérer une approche beaucoup plus globale. En effet, les notions de confort et santé sont devenues prépondérantes dans la R&D des industriels ou gammistes du secteur en intégrant en plus du confort thermique, le confort acoustique, la ventilation ou encore la qualité de l’air. Petit à petit, une prise de conscience est en train de s’effectuer de la part des maîtres d’ouvrage ou du moins des donneurs d’ordre pour ne plus négliger ces aspects participant pleinement au bien-être des occupants des bâtiments. Pour Lionel Guimard, responsable prescription Grand Est chez Genatis et Bluetek « c’est la réglementation qui peut faire avancer les choses et la RE2020 a déjà permis d’imposer certaines pratiques aux maîtres d’ouvrage. Il faut dès maintenant s’adapter aux futures conditions climatiques ». Il faut en réalité changer les habitudes, ajoute Pascal Bielle, directeur commercial France d’AGC : « C’est une vraie difficulté pour les produits verriers. Les solutions, notamment acoustiques, existent, mais elles ont du mal à aller jusqu’à l’utilisateur. Il n’y a pas encore assez de prise en compte du besoin du client final. Pourtant la plus-value d’un vitrage acoustique est modique, alors qu’un vitrage feuilleté acoustique représente un véritable plus pour l’utilisateur. Il faut vraiment renforcer l’acte de conseil sur ces solutions techniques ». La réglementation doit aussi évoluer, espère Grégoire Claverie, responsable marketing Technal : « La RE2020 a permis d’avancer sur la thermique, mais la NRA (Nouvelle Réglementation Acoustique) est très ancienne ». Pourtant, les enjeux sont majeurs. Selon le Ministère de la Transition Écologique, 54 % des Français déclarent subir des nuisances sonores à leur domicile, principalement dues au trafic routier, aérien ou aux voisins. De plus, Santé Publique France confirme que le bruit est la seconde cause de gêne environnementale après la pollution de l’air avec des conséquences sur la santé : troubles du sommeil, stress, maladies cardiovasculaires. Sans oublier que 6 000 décès prématurés par an en France seraient liés à l’exposition chronique au bruit.
© Genatis - Ventilation et désenfumage intégrés en façades - En proposant une solution de ventilation naturelle, Genatis permet d’assurer le renouvellement de l’air sans utiliser aucune énergie. Une solution alliant confort et protection de l’environnement
Somfy facilite le renouvellement d’air
© Somfy
L’air intérieur étant 2 à 8 fois plus pollué que l’air extérieur, l’OMS recommande d’aérer son logement 2 fois par jour pendant 10 minutes. Si les particuliers sont de plus en plus sensibilisés à cette recommandation, beaucoup ne l’appliquent pas, par manque de temps ou par peur de l’intrusion. Pour que l’aération quotidienne devienne un geste du quotidien simple à réaliser, Somfy a développé Sliding Air io, une motorisation pour baies coulissantes qui permet une ouverture et une fermeture sans effort et avec une fluidité de mouvement. Cette technologie, largement éprouvée sur les volets roulants, apporte un confort acoustique optimal. La position "air" permet d’aérer en toute sérénité : la baie s’ouvre de quelques centimètres et se bloque par mesure de sécurité. Elle peut également se refermer automatiquement pour éviter tout oubli avant de partir. Compatible avec la box domotique TaHoma, la baie coulissante automatisée s’intègre parfaitement dans l’écosystème des équipements connectés de la maison : l’on peut par exemple créer un scénario "départ" pour déclencher la fermeture automatique des baies, activer le système d’alarme et couper le chauffage. Sliding air io fait partie du programme Somfy air, une gamme de solutions concrètes pour accompagner les particuliers dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. Ce programme a obtenu le label "solar impulse efficient solution" – la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard – qui récompense les 1000+ solutions améliorant la qualité de vie tout en respectant l’environnement.
Santé et environnement, intimement liés
Santé et environnement sont en relation étroite avec cette volonté d’améliorer le confort et la santé à l’intérieur des bâtiments tout en respectant les enjeux autour de la baisse de l’empreinte carbone. Aurélien Lamothe, responsable de la R&D chez Jeld-Wen en est convaincu : « C’est un objectif permanent de pouvoir proposer des produits au moins aussi performants, tout en privilégiant des matériaux écoresponsables ». C’est également la démarche chez Kiso, explique Christian Brochu, responsable commercial France : « Nous sommes dans une démarche vertueuse avec la certification Cradle to Cradle® pour répondre à une réelle demande de nos clients sur ces considérations environnementales. Nous avons ainsi modifié la composition de nos joints depuis plusieurs années en privilégiant le caoutchouc cellulaire qui est recyclable à 100 % et ne dégage pas de composés organiques volatils (COV). Tout ceci, en assurant une performance acoustique avérée, demande forte de nos clients ». Des demandes qui peuvent varier et qui très souvent vont être multiples, constate Nathalie Chapuis, responsable marketing Produits chez K•Line : « Dès que nous travaillons sur une amélioration de gamme, nous prenons systématiquement en compte ces problématiques liées à la santé, qu’il s’agisse de la qualité de l’air, de la ventilation ou de l’acoustique. La protection solaire fait aussi partie intégrante des solutions que nous proposons, sachant que chez K•Line nous avons fait le choix d’avoir une gamme de coulissants et une gamme à frappe. Ensuite, une multitude d’options disponibles vient répondre aux besoins spécifiques des clients, avec parfois des exigences croisées où il faut intégrer la thermique, l’acoustique et la protection solaire par exemple ».
La qualité de l’air, un enjeu majeur pour le futur
Pour autant, Nathalie Chapuis pense que la problématique qui laisse le plus de perspective de développement aujourd’hui, c’est la qualité de l’air. « Nous travaillons beaucoup ce sujet dans le cadre de notre programme K•Line Planet en intégrant à nos menuiseries des capteurs de taux de CO2 ou d’humidité mais actuellement, il manque le levier réglementaire pour aller plus loin avec de véritables exigences de performances à atteindre ». La qualité de l’air intérieur engage une bonne ventilation… et surtout un impact immédiat sur la santé des occupants. Lionel Guimard insiste sur l’importance de proposer des solutions techniques innovantes et non consommatrices d’énergie : « Avec Souchier et Bluetek, nous proposons de la ventilation naturelle avec des ouvrants en toiture et en façade. Nous allons exploiter le vent pour améliorer la qualité de l’air sans employer d’énergie. La ventilation naturelle trouve sa place à toute saison. Pour encore mieux utiliser ces solutions, nous avons créé un laboratoire de recherche à Luynes (37), car il est aujourd’hui impossible de connaître le débit d’air lorsque la fenêtre est ouverte ; nous devons donc tester les pertes de charge et développer les produits qui vont permettre de les limiter et de maîtriser le débit d’air ».
© Kawneer - En intégrant directement des filtres au vitrage dans sa gamme KaloryR, Kawneer propose une solution efficace et facilitante en termes de maintenance et d’entretien
Rappelons que la qualité de l’air est un véritable enjeu de santé publique, le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur en France étant estimé à 20 Mds € par an. C’est une des raisons qui a poussé Kawneer à travailler cette problématique, confie Cécile Houvert, responsable communication externe de Kawneer France : « Notre fenêtre Kalory’R est une fenêtre respirante. Elle fait 72 mm et intègre un vitrage composé d’un filtre qui va filtrer l’air extérieur pour assurer la qualité d’air intérieur. C’est une solution qui répond parfaitement aux besoins des Etablissements Recevant du Public (ERP) et à la volonté des prescripteurs de proposer des fenêtres plus intelligentes, car il faut bien comprendre que la fenêtre n’est plus aujourd’hui simplement un ouvrant que l’on ouvre et que l’on ferme. Celle-ci a plusieurs fonctions. Ainsi, nous proposons également un système de store intégré dans le vitrage pour la gestion des apports solaires, système qui est plébiscité par les architectes et évite les manipulations, la casse et les salissures ».
© K.Line - K•Line propose l'option coulissant piloté-CPI qui assure une parfaite intégration de la traverse motorisée et du boîtier de manœuvre compact. L'ouverture totale s’effectue en 20 secondes. Scénarisable, cela permet d'aérer sans y penser
L’aérateur ultracompact signé Siegenia
© Siegenia - Aeroplus de Siegenia se distingue par la conception ultra-compacte de l’échangeur de chaleur rotatif miniature qui permet une récupération de chaleur régénérative dans un boîtier compact. Grâce à la désactivation du ventilateur correspondant, il est également possible de passer en mode air entrant ou air extrait uniquement
L’Aeroplus wrg de Siegenia redéfinit l’aération murale en réunissant entrée et extraction d’air dans un espace réduit grâce au principe de l’échangeur de chaleur rotatif. Une technologie de ventilation innovante dans un design moderne. Il combine un débit d’air optimal avec une excellente récupération de chaleur tout en émettant un faible bruit grâce à sa très bonne isolation phonique. Il facilite la planification de solutions de ventilation décentralisées en la rendant plus flexible. Grâce à son débit d’air élevé avec entrée et sortie d’air simultanées, un seul appareil est nécessaire dans chaque pièce. Ses nombreuses possibilités d’implantation et d’équipement assurent un grand confort ambiant et de multiples possibilités d’aménagement.
Informer et renforcer le conseil
Proposer des solutions techniques améliorant la santé et le confort des utilisateurs est un impératif, mais le marché est à un point de bascule, remarque Lionel Guimard : « Nous sommes à un virage à surtout ne pas manquer, car il y a eu une bascule lors de l’été caniculaire 2023 provoquant une prise de conscience de tous les utilisateurs du bâtiment et l’urgence d’agir pour le confort d’été notamment. Les industriels réfléchissent à rendre leurs bâtiments plus confortables, mais cela prend du temps et c’est à nous de porter la bonne parole ».
Informer et former sur le sujet fait partie des moyens pour accélérer la mise en place de solutions techniques adaptées à ces problématiques. Anne Renon, directrice marketing Produit chez Jeld-Wen pense qu’il est « important de former les intermédiaires, notamment le Négoce, mais aussi les menuisiers et les installateurs. Il faut leur donner les clés pour accompagner et valoriser la vente avec un argumentaire autre que le prix ». L’importance de bien conseiller donc, car il n’existe en réalité quasiment aucun frein technique pour améliorer le confort à l’intérieur des bâtiments. Pascal Bielle parie sur l’utilisateur final pour faire bouger les lignes : « Il faut éveiller l’utilisateur final sur l’intérêt de ces solutions techniques performantes. Il est impératif d’en faire la promotion vers l’utilisateur pour que cela fonctionne. Chez AGC, nous avons développé il y a quelques années un verre à opacification, mais le marché n’était pas prêt par exemple. Il faut informer sans cesse et expliquer l’intérêt de ces offres ».
© Kiso - Le Kiso 141 Profile est un joint d’étanchéité extrudé et autocollant en caoutchouc alvéolaire EPDM. Pour la pose à sec de vitrages isolants en menuiserie bois
Le pilotage va devenir indispensable
Pour accélérer encore plus vite sur ces problématiques de confort et santé, de l’avis général, les nouvelles technologies vont avoir leur rôle à jouer. À commencer par les solutions de pilotage. Lionel Guimard s’en réjouit : « Il faut associer efficacité et simplicité ; c’est pourquoi chez Genatis, nous proposons des box GTV préprogrammées. La mise en route s’effectue lors de la livraison en fonction des besoins du bâtiment. Le pilotage est essentiel pour gagner en efficacité ». D’autant qu’il existe de nombreux capteurs allant de la température à la luminosité en passant par l’hygrométrie ou le taux de CO2 ou de COV. Le pilotage a pour fonction de permettre au bâtiment de s’adapter à son environnement et aux conditions réelles d’usage pour déclencher les éléments de confort (brise-soleil, ventilation…). Cela passe naturellement par la motorisation des différents produits, remarque Grégoire Claverie : « La majeure partie de nos solutions permettent l’intégration d’une motorisation pour faciliter leur pilotage et permettre de gérer la globalité d’un bâtiment pour améliorer le confort ».
Le développement de l’intelligence artificielle devrait aussi avoir un rôle clé dans les années à venir pour enregistrer les habitudes d’usage d’un bâtiment et améliorer le confort des utilisateurs en fonction de leurs demandes.
— Franck Guidicelli