Investissement industriel : l’heure de la reprise ?

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Les banques et leurs filiales se mobilisent pour accompagner la réindustrialisation de la France malgré un contexte en dents de scie.




2024 pourrait signer un retour à l’optimisme.

 

La loi n° 2023-973 du 23 octobre 2023, dite “Industrie verte”, qui doit faciliter la réindustrialisation de la France via l’implantation et le développement des sites tout en prenant en compte les critères environnementaux, va-t-elle booster le marché de l’immobilier industriel ? Début février le ministre de l’Économie et des Finances a promis 2 Mds€ de prêts verts garantis par l’État…

 

En France, le financement de l’immobilier d’entreprise est dominé par les grandes banques françaises (BPCE, Crédit Agricole, Groupe Crédit Mutuel, etc.) rappelle Xerfi dans son étude publiée en novembre 2023 : « À leurs côtés se positionnent également des banques étrangères, telles que HSBC, mais aussi la banque publique d’investissement Bpifrance, acteur majeur du secteur en France. À la marge, de nouveaux acteurs non bancaires ont maintenant la possibilité d’octroyer des prêts directement aux sociétés non financières, rompant ainsi avec le monopole bancaire du crédit. Pris ensemble, le crédit classique et le crédit-bail immobilier ont représenté une production totale estimée par Xerfi à 17,2 milliards d’euros pour l’année 2023 ».

 

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© FenêtréA - FenêtréA franchit un nouveau cap avec la construction d’un prochain bâtiment de 11 000 m² sur son site au Beignon (56) ;  à hauteur d’un investissement de 30 M€, cette nouvelle usine bas carbone de production de fenêtres aluminium la plus automatisée d’Europe dans sa filière, devrait démarrer en 2024 pour une mise en route en 2025 ; elle ouvrira le recrutement de 50 à 100 nouveaux collaborateurs avec l’objectif d’atteindre un CA de 150 M€ en 2029

 

Ces dernières années, le marché français de l’investissement en immobilier d’entreprise (bureaux, commerces, locaux d’activités, entrepôts) a été significativement bousculé par la hausse des taux d’intérêt et le durcissement des conditions d’octroi de crédits. C’est le constat que dresse BPCE Lease, crédit-bailleur, filiale du groupe bancaire éponyme. En 2023, « le marché a en effet enregistré une chute des investissements équivalente à 11,6 milliards d’euros », selon cette source. « En Île-de-France, les investissements ont péniblement atteint 6,8 milliards d’euros, soit un repli de 56 % sur un an. Totalisant 8,8 Mds€, les montants investis en France en 2023 enregistraient une diminution de 54 % par rapport à la moyenne quinquennale. Une baisse corrélée majoritairement à la diminution du nombre de transactions : avec 471 transactions recensées en 2023, dont seulement 101 au troisième trimestre, le bilan de l’année écoulée est moins bon qu’en pleine crise sanitaire », rapporte BPCE Lease.

 


Solarhona, soutenue par Bpifrance

Spécialiste du développement de projets photovoltaïques, Solarhona, filiale de CNR (Compagnie Nationale du Rhône), a officialisé au mois de janvier la signature d’un emprunt bancaire qui va contribuer à financer son plan d’investissement d’envergure. Ce contrat, conclu pour le compte de sa plateforme Solarhona Invest, a été signé aux côtés de Bpifrance, CIC et trois entités du groupe Crédit Agricole (Crédit Agricole Centre-est, C.A.T.E-Unifergie, LCL). Grâce à cet accord bancaire de long terme, inédit sur le marché des énergies renouvelables, Solarhona peut désormais compter sur un outil adapté pour financer son ambition : construire un millier de centrales photovoltaïques au sol, sur toitures ou sur ombrières en France d’ici 2034. Renouvelable deux fois, le dispositif prévoit une phase initiale de trois ans d’un montant de près de 100 M€.


 

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© Riou Glass - L’ETI familiale RIOU Glass a investi 1,6 M€ dans son usine de pointe mayennaise RIOU Glass VIO ; en attendant d’inaugurer Riou Océan Glass à Port-Louis sur l’île Maurice le 18 avril prochain ; un investissement d’environ 10 M€ comprenant l’infrastructure de 10 000m² et des unités de transformation du verre dernière génération

 

Le secteur de la logistique est également concerné par le repli. « Avec une demande placée inférieure à la moyenne quinquennale, le marché de l’immobilier logistique a, lui aussi, accusé une baisse : moins 24 % par rapport à 2022 ». BPCE Lease pointe notamment le recul des transactions inférieures à 50 000 m2 et celui du marché francilien. Sur le territoire, il semble que la région lilloise tire son épingle du jeu « avec 459 200 m2 transactés sur les neuf premiers mois de l’année, suivie par le Centre-Val de Loire ». Optimiste néanmoins, BPCE Lease estime que 2024 s’ouvre sous de meilleurs augures, portée entre autres par l’enjeu environnemental et les potentiels de secteurs tels que justement, la logistique. Dans ce secteur en effet, la demande en 2024 devrait être stable, voire en hausse, et s’accompagner d’une augmentation des loyers, selon l’étude sur le marché de la logistique et des locaux d’activité en France de BPCE Solutions immobilières. Ces perspectives plus positives s’expliquent entre autres par le développement de la logistique du dernier kilomètre, maillon de l’e-commerce.

 


LOG’In s’offre un ensemble logistique

 

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© LOG’In - LOG’In acquiert un ensemble logistique en Écosse

 

LOG’In, la SCPI paneuropéenne dédiée à l’immobilier industriel et logistique de Theoreim, société de gestion immobilière, continue le déploiement des capitaux collectés avec l’acquisition en Écosse, d’un ensemble immobilier logistique composé de 2 bâtiments totalisant environ 7 550 m² et loués à deux locataires de renom (DHL et Crown Worldwide). Situés à Livingston, en Écosse, au sein d’une zone d’activités industrielle et logistique, ces actifs bénéficient d’une excellente desserte et d’un positionnement stratégique grâce à leur proximité avec l’autoroute, l’aéroport et l’agglomération d’Edimbourg.


 

Transition écologique

 

Crédit Agricole et le groupe Banque Européenne d’Investissement confirment leur engagement commun pour accompagner la transition écologique des PME et ETI françaises et européennes, ainsi que le secteur public en France à partir de 2024, après avoir financé plus de 1,6 Mds€ en 2023. Ainsi, six accords ont été signés l’an dernier permettant d’offrir une gamme de financement à la hauteur des besoins des entreprises dans le cadre de leur transformation vers une économie bas carbone :

  • Quatre opérations de financement de la BEI en France visant au renforcement du soutien à la mobilité verte, à la transition énergétique climatique, à l’innovation et à la numérisation (735 M€), dont des prêts à des PME et ETI dans l’UE, clients de Lixxbail (Crédit Agricole Leasing & factoring) et EFL, principalement en France, en Pologne, avec une composante d’action climatique d’au moins 30 % du montant des financements (400 M€), des projets d’investissements, de clients PME et ETI de LCL, contribuant à la lutte contre le changement climatique dans les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les véhicules à faible émission carbone – au moins 60 % du montant des financements (85 M€), etc.
  • Deux opérations de garantie du Fonds européen d’investissement dans le cadre du programme InvestEU de la Commission européenne permettant d’accorder des financements dans les domaines de l’innovation et du développement durable en France : 85 M€ pour des investissements de PME et ETI dans l’innovation et la numérisation et 210 M€ pour soutenir le développement durable de PME du secteur agricole.

 

Les deux entités s’engagent à renforcer leur collaboration à partir de 2024 sur des projets d’investissement communs et des domaines stratégiques.

 

« Nous sommes très heureux de poursuivre cette collaboration avec le groupe BEI. Ce partenariat est en parfaite cohérence avec les engagements pris dans le cadre du Projet Sociétal du groupe Crédit Agricole, notamment pour l’accompagnement de nos clients entreprises et agriculteurs dans leur transition énergétique », précise Olivier Gavalda, directeur général délégué de Crédit Agricole S.A. en charge de la Banque Universelle.

 

Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI se félicite que « la BEI et Crédit Agricole amplifient leurs opérations communes pour répondre aux besoins d’investissement des entreprises françaises, en faveur de l’action climatique et de l’innovation. Cette collaboration démontre très concrètement l’importance de l’effort européen pour soutenir la transition verte des PME et du secteur public, en France, comme dans le reste de l’UE ».

 

Marjut Falkstedt, directrice générale du FEI, souligne que « le partenariat fort que nous entretenons avec Crédit Agricole illustre le soutien de l’Europe à l’économie réelle en France. En travaillant main dans la main, le FEI et Crédit Agricole vont pouvoir aider les PME françaises et les agriculteurs avec des montants inégalés, autour de priorités communes comme l’innovation et le développement durable ».

 


L’attractivité industrielle de la France

Selon les résultats publiés le 29 février par Business France, la France recense 1 815 décisions d’investissement et la création ou le maintien de 59 254 emplois à horizon trois ans. Ces projets proviennent de 56 pays différents, mais pour une grande majorité, sont originaires d’Europe (65 % des projets et 56 % des emplois). Les États-Unis conservent la première place avec 305 projets (17 000 emplois), devant l’Allemagne 272 projets (6 815 emplois). Le Royaume-Uni complète le podium des pays investisseurs en France avec 173 projets recensés (4 435 emplois).

Le baromètre EY indique, de son côté, que la France est le premier pays en matière d’accueil d’investissements directs étrangers en Europe en 2022, mais occupe seulement la troisième place en matière d’investissements immobiliers après l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Dans le cadre du MIPIM, le Marché International des Professionnels de l’Immobilier qui s’est tenu à Cannes du 12 au 15 mars 2024, cinq agences d’attractivité économique — Provence Promotion, Choose Paris Region, Hello Lille, Aderly, et Sophia Antipolis — ont co-organisé une session dédiée à l’attractivité de la France. L’occasion d’interpeller les investisseurs internationaux immobiliers sur les opportunités uniques offertes par la France, avec un focus sur les types d’immobilier d’entreprise en pleine expansion, tels que les entrepôts logistiques, les laboratoires biotech, les ateliers industriels et les nouvelles formes de bureaux. Plusieurs entreprises étrangères qui ont fait le choix de la France ont témoigné de son attractivité et de son dynamisme : EP group, société britannique basée à Birmingham, leader européen du packaging, qui a décidé d’ouvrir sa première unité de façonnage sur le Port de Marseille Fos, (47 M€), Symphony, licorne américaine du secteur de la fintech, propose une plateforme de collaboration sécurisée pour les marchés financiers, implantée sur la Technopole de Sophia Antipolis ou encore KSB, groupe industriel allemand, qui investit 13,35 M€ pour son site industriel de Sequedin sur la Métropole Européenne de Lille, etc.


 

— Véronique Méot

Photo ouverture © Antoine Tatin Photographe - K.Line (Groupe Liébot) a investi 32 M€ en 2020 (dont 800 000 € d’aides liées au programme France Relance de l’État) dans sa toute nouvelle usine K.Line City, mise en service au printemps 2023, incluant un bâtiment couvert de 2,3 ha et un parc machines automatisé ultramoderne


Source : verre-menuiserie.com

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