Quand le verre se met dans tous ses états

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Produit hautement technique, le verre a atteint progressivement des performances acoustiques et thermiques de très haute tenue.




Le renforcement de la réglementation liée aux économies d’énergie et à la décarbonation du secteur du bâtiment lui font aujourd’hui franchir un nouveau cap. Majeur en matière de protection solaire, le produit verrier est devenu un élément primordial de la thermique, comme il le fût hier en matière de renforcement acoustique des ouvrages.

 

‘‘Vendre du vitrage, cela devient très technique ! ,,

 

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© Guardian Glass - L'immeuble IKO situé à Clichy-la-Garonne, au nord-ouest de Paris, comprend environ 9 500 m² de bureaux répartis sur 11 étages lumineux, une terrasse accessible et deux niveaux de parking dédiés. L'immeuble bénéficie d'une double certification environnementale : BREEAM (Very Good) et HQE (Excellent). Guardian SunGuard® SNX 60 a été choisi pour la façade entièrement vitrée

 

C’est par ces mots que Valérie Vandermeulen, directrice marketing et communication d’AGC France, résume doctement la multiplicité des enjeux et des exigences associés désormais à la fabrication du verre. Il semble en effet bien loin le temps où ce produit n’était en somme que la simple association de deux feuilles de verre mises ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Il faut dire que depuis son invention par les Égyptiens, la route a été longue pour arriver aujourd’hui à des verres qui comprennent des couches invisibles de haute technicité qui permettent de se protéger à la fois du froid, mais aussi du chaud. Sans même remonter aussi loin dans l’historique d’un produit indissociable des progrès entrepris dans le monde du bâtiment, le verre a surtout engagé sa mue dans les trente dernières années. Le durcissement des normes afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 influe aussi sur des produits verriers dont les fabricants ont été du reste depuis des dizaines d’années largement encouragés à participer à la réduction des consommations énergétiques dans les bâtiments. Mais aujourd’hui, la mise en application de la RE2020 apporte avec elle des implications et des tendances en profondeur. Désormais, les vitrages doivent assurer le contrôle solaire alors que le confort d’été est devenu un des grands chantiers du bâtiment responsable de demain. Le contrôle solaire est justement un des fils rouges conduisant actuellement la recherche et développement chez AGC qui emploie plus de 250 ingénieurs travaillant sur les évolutions technologiques des produits.

 

Le Finéo d’AGC attend son heure

 

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© AGC Glass Europe - L’Ipasol Bright White d’AGC répond à la demande croissante de verres bombables et trempables

 

Pas un hasard donc, si son verre Stopray Vision-70/35 se place déjà aujourd’hui comme le best-seller du fabricant belge. Ce verre à couche double argent qui est trempable, a l’avantage d’être économiquement abordable, mais surtout d’offrir une transmission lumineuse de bonne facture. « La demande va vers des transmissions lumineuses toujours plus élevées qui permettent de réduire les consommations d'énergie à l’intérieur des ouvrages tout en se protégeant de la chaleur solaire », résume Valérie Vandermeulen. « La recherche a donc toujours été d’accéder aux sélectivités les plus élevées possibles, avec une limite physique qui a été atteinte sur notre verre 70/35. Pour gagner en facteur solaire, il faut passer à une solution en triple argent pour parvenir avec nos couches Ultra à gagner quelques points de pourcentage. La couche Ultra 70/33 permet ainsi de gagner 2 % en facteur solaire, ce qui semble être un gain mineur, mais qui au demeurant n’est pas neutre ». Autre produit de rupture chez AGC : le Finéo. Lancé en grande pompe il y a près de deux ans, ce vitrage sous-vide qui n’a plus grand-chose à voir avec le vitrage classique, vient à peine d’atteindre sa vitesse de croisière commerciale. Avec pour l’heure, principalement des débouchés sur le marché de la rénovation des bâtiments anciens, notamment en France. Il faut dire que son épaisseur de 6 ou de 8 mm permet de préserver les feuillures des anciennes menuiseries tout en obtenant les mêmes performances qu’un double vitrage.

 

 

Mais le verre n’est pas qu’un produit technique à qui l’on demande toujours plus. Il s’agit aussi d’une solution esthétique de sublimation des projets architecturaux. Tendance du moment chez AGC : une demande qui se porte sur l’aspect métallisé et à laquelle répond le verre Ipasol Bright White. « Le Stopsol était historiquement la couche, qui à la grande époque des façades miroir, était plébiscitée par les architectes et les maîtres d’oeuvre », rappelle Valérie Vandermeulen. « C’est donc un retour de cette tendance, mais avec des verres plus adaptés, notamment des verres neutres qui permettent d’augmenter la transmission lumineuse. Cela est en phase avec la demande de verres aux dimensions jumbo comme du 3,21 par 6 m en double vitrage qui exigent un facteur solaire plutôt bas. Il faut aussi des couches trempables et bombables qui laissent passer la lumière mais qui ne chauffent pas, et qui en sus, ne soient pas trop lourdes, surtout en rénovation sur menuiseries existantes ».

 

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© Technal - John Kees Photography Agence d’architecture : Bond Bryan - L’usine de Seignbouse d’AGC située en France fait partie de l’outil industriel du fabricant qui s’est lancé à plein dans les verres de protection solaire

 

Mais l’autre grande tendance du moment, c’est véritablement la démocratisation de produits techniques auparavant cantonnés au secteur du tertiaire. Désormais, le particulier est de la partie, et pour répondre et anticiper sur ce marché, AGC a lancé il y a quelques années déjà son verre Energy qui consiste en un 72/38 destiné au résidentiel. « Pour résumer le produit verrier moderne, il faut qu’il soit invisible, très performant, qu’il laisse entrer un maximum de lumière et un minimum de chaleur tout en étant bon marché », synthétise parfaitement bien Valérie Vandermeulen. « Un fabricant doit donc disposer de gammes très larges, de sorte à répondre à l’ensemble des désidératas techniques, d’autant que les premiers doubles vitrages qui ont fait leur apparition sur le marché ne développaient pas de notion de transmission lumineuse ».

 

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© Guardian Glass - Le verre Guardian SunGuard® SNX 60 de contrôle solaire à triple couche d'argent offre apparence cohérente, neutre et transparente, quel que soit l'angle de vue. Il laisse passer 60 % de la lumière naturelle et seulement 29 % de la chaleur solaire, ce qui en fait l'un des produits à la sélectivité la plus élevée (rapport entre la transmission de la lumière et le facteur solaire) sur le marché

 

Le verre, un produit hautement technique qui peut s’adapter au cadre normatif, aux exigences en matière d’efficacité énergétique et à l’évolution des goûts architecturaux, c’est aussi le point de vue que partage Camil Noun, responsable commercial pour les régions Grand Est et Auvergne Rhône-Alpes chez Guardian Glass. Chez le fabricant de verre, la gamme des verres Guardian SunGuard appartient à la grande famille des produits de contrôle solaire. Et dont la définition est simple : il s’agit de verres à couches sur lesquels sont déposés différents oxydes de métaux qui vont leur donner leurs caractéristiques techniques spécifiques de protection solaire.

 


Le vitrage dynamique de protection solaire SageGlass (Groupe Saint Gobain) a obtenu en 2021 le label de qualité "Solar Impulse Efficient Solution"

 

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© Groupe Bagmane

 

Ses vitrages intelligents remportent toujours plus l’adhésion de références emblématiques conquises par cette technologie innovante, performante et écoresponsable, et valorisant l’esthétique des enveloppes de bâtiment. Des produits, tels que le Priva-Lite® de Saint-Gobain, verre à occultation commandée, passent par exemple d’un état transparent (en position On) à un état translucide (en position Off). Feuilleté, il est composé de deux verres extraclair Diamant et d’un film à cristaux liquides inséré entre deux feuilles d’EVA ou PVB.

Ici, l’un des plus grands projets de vitrage intelligent SageGlass® Harmony® au monde a été prescrit en Inde avec 18 580 m² de verre innovant pour habiller les bureaux du futur à Bangalore. L’équipe indienne de SageGlass® a travaillé avec le façadier local Glass Wall Systems pour installer et mettre en service plus de 12 000 vitrages. « Dans un contexte où le bien-être des employés et la durabilité deviennent plus que jamais la priorité des propriétaires de bâtiments, SageGlass bénéficie d’un positionnement idéal pour répondre à ces deux aspirations. Nous sommes heureux de pouvoir nous associer au groupe Bagmane pour créer un lieu de travail respectueux de la santé et durable pour les locataires du Rio Business Park », s’était exprimée Namrata Vora, directrice des ventes de SageGlass pour l’Amérique du Nord et l’Inde/Asie-Pacifique.


 

Le casse-tête de la transmission lumineuse

 

Ces couches vont permettre de filtrer les rayons infrarouges qui vont entrer à l’intérieur des bâtiments, mais aussi de filtrer la quantité de lumière. Elles apportent également un côté esthétique en donnant de la couleur et un certain niveau de réflexion. Avec toujours le diptyque technique propre aux verres de protection solaire : maintenir la transparence du verre tout en agissant sur la transmission lumineuse. « Les verres faiblement émissifs sont produits de la même manière, mais sont utilisés uniquement pour apporter de l’isolation thermique et sont pour leur part, posés sur le verre intérieur afin de contribuer à la réduction des déperditions de chaleur en hiver », résume Camil Noun. « Nous sommes donc ici sur du double vitrage standard qui agit sur l’isolation thermique mais il ne s’agit pas d’un produit de contrôle solaire, lequel est plus complexe au niveau de sa fabrication. En effet, il s’agit d’une composition de couches plus complexe et c’est cette recette qui donne au verre ses caractéristiques si particulières. Notre travail va vers l’idée de proposer des verres de protection solaire qui offrent une haute sélectivité, c’est-à-dire un rapport optimal entre haute transmission lumineuse et bas facteur solaire pour réduire les apports d’énergie solaire et contribuer à limiter la surchauffe des bâtiments en période chaude. L’orientation de notre effort en R&D et en développement de produits est guidée par cet objectif. Nous atteignons désormais certaines limites physiques, mais nous continuons à travailler pour les repousser ». À l’intérieur de sa gamme phare SunGuard, Guardian Glass dispose ainsi d’un produit assez récent, le SNX 70, qui propose une des meilleures sélectivités actuellement disponibles sur le marché. Il laisse en effet passer deux fois plus de lumière que d’énergie solaire, soit 68 % de lumière contre 32 % d’énergie solaire. « Dans le verre de protection solaire, la difficulté est toujours ce mariage complexe entre la gestion des apports de chaleur et celui de lumière naturelle », poursuit Camil Noun. « Le plus souvent, le besoin des architectes et des maîtres d’ouvrage, c’est de pouvoir profiter des apports de la lumière mais en même temps d’empêcher au maximum la chaleur de rentrer dans le bâtiment en été afin de faire baisser les coûts d’exploitation d’un ouvrage. Avec la RE2020, les dépenses énergétiques dues notamment à la climatisation doivent être absolument maîtrisées, ce à quoi peuvent contribuer des verres de ce type. Au-delà de la pure performance de protection solaire, le SNX 70 est esthétiquement parlant un des verres les plus neutres sur le marché, ce qui lui permet de bien s’intégrer dans son environnement. La réflexion est plutôt naturelle et consistante, peu importe l’angle sous lequel on l’observe. C’est une tendance forte sur le marché d’avoir des verres neutres de moins en moins teintés et de moins en moins colorés. Cela sonne la fin des verres teintés qui sont actuellement passés de mode ».

 

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© Pilkington - La solution AviSafe de Pilkington permet de protéger les oiseaux contre les collisions accidentelles sur les façades vitrées des ouvrages

 

Pour continuer à évoluer, Guardian Glass vient ainsi de lancer une offre pour ce segment avec un verre baptisé Guardian Sun 39 qui permet une transmission lumineuse de 70 % et un coefficient de protection solaire de 39 %. Toutefois, le focus sur la performance thermique des bâtiments ne saurait faire oublier que la performance acoustique reste encore une question adressée par les industriels. À cette fin, hormis la possibilité d’augmenter les épaisseurs du verre, Guardian Glass propose une solution Sound Reduction qui consiste en des verres feuilletés avec PVB acoustique. Un produit largement éprouvé et qui ne subit plus depuis quelques années déjà d’améliorations performantielles. 

 

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© Pilkington - Le Suncool Q 60 de Pilkington fait partie des verres aux performances de transmission lumineuse élevées, comme ici sur le site de l’AgroParisTech à Palaiseau en banlieue parisienne

 


Le procédé laser développé par Hegla boraident pour sauver les oiseaux de collisions mortelles

 

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© Hegla Boraident - L’impression laser d’Hegla Boraident sur les vitrages, identifie en toute discrétion pour l’oeil humain le verre qui saura être éviter par les oiseaux

 

Jusqu’à 100 millions d’oiseaux meurent chaque année en Europe contre les façades en verre, n’identifiant pas à temps également, les arrêts de bus, les vitrages de balcon, les jardins d’hiver ou les fenêtres comme des obstacles ! Avec l’impression laser, Hegla boraident, les éléments, points ou dessins sont appliqués par le laser en une bande de nanoparticules. L’impression produite très fine, ne peut pas être ressentie au toucher et reste de couleur stable, résistante à la lumière, au lavage et aux rayures. Thomas Rainer, directeur du développement et fondé de pouvoir chez Hegla boraident, explique qu’il « est important de disposer les différents éléments de manière à ce qu’un oiseau avec l’envergure de ses ailes ne puisse passer au travers », et de poursuivre : « l’oiseau noir adhésif a fait son temps et il est donc d’autant plus important de doter toute la surface du verre d’une structure protectrice, afin que les oiseaux ne soient pas tentés de s’approcher, de nuit comme de jour ».


 

Des verres qui contribuent, entre autres, à préserver les oiseaux

 

Le fabricant de panneaux verriers n’en oublie pas pour autant l’aspect environnemental. Dans ce cadre, Guardian Glass a lancé un partenariat avec une entreprise extérieure afin de proposer une offre de verres photovoltaïques intégrés au bâtiment (BIPV). Le principe : rendre les façades d’un ouvrage potentiellement génératrices d'électricité en profitant en particulier des surfaces opaques des bâtiments, comme les allèges, et aussi des toitures. Guardian Glass a également établi un partenariat stratégique avec la société Eastman, un fabricant de PVB qui vient récemment de commercialiser une solution pour répondre à la problématique de collision des oiseaux en les aidant à percevoir le vitrage comme un obstacle à éviter.

 

Les volatiles, c’est aussi un sujet pris très au sérieux du côté de Pilkington (NSG Group) qui lui aussi s’est mis à la protection de la biodiversité avec son produit AviSafe. Un verre dont la couche est visible par les oiseaux qui détectent une barrière plutôt qu’un reflet délétère dans un vitrage. Un produit maison consistant en un revêtement déposé à chaud et qui est à peine perceptible par l’oeil humain qui n’y voit qu’une légère bande sombre. Si la solution a été développée pour le tertiaire et notamment les IGH (Immeuble de Grande Hauteur), elle trouve aussi un débouché auprès des vérandas des particuliers, qui elles aussi sont un piège pour les oiseaux. Mais Pilkington, tout comme les autres verriers, s’est aussi installé sur le créneau de la protection solaire avec le SunCool. « Le contrôle solaire est aujourd’hui au centre de nos préoccupations, avec une tendance très forte sur les projets sur lesquels nous travaillons à une prise en compte croissante de la différence d’exposition des façades des bâtiments, qui pousse à la prescription de plusieurs produits sur un même projet », précise Marc Amah, responsable technique et marketing chez Pilkington. « Sur les façades nord et est, nous allons ainsi privilégier l’apport de lumière pour limiter l’éclairage, tandis que pour les faces sud et ouest, nous privilégions le contrôle solaire pour s’assurer que les températures ne sont pas excessives afin de limiter l’emploi de la climatisation. Cette demande récente de varier les verres exige dès lors de proposer diverses compositions de verres, avec un degré de performance de transmission lumineuse très variable. Cela exige de vraies études conduites main dans la main avec des thermiciens, afin de s’assurer des performances optimales en fonction de l’exposition ».

 


Swisspacer, au coeur du développement durable

 

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© Swisspacer

 

Parmi l'un des rares fabricants d'intercalaires à pouvoir fournir une déclaration environnementale de produit (EPD) pour toutes les largeurs d'intercalaires, l'entreprise suisse s’affirme clairement comme la référence du secteur. Francis Cholley, directeur général de Swisspacer, relève : « notre stratégie consiste à jouer un rôle de leader en matière de durabilité et à renforcer l’empreinte carbone de l'entreprise. Concrètement, cela signifie que nous allons réduire nos émissions de gaz à effet de serre sur la base des données de 2017, indépendamment du volume de production réel dans les années à venir. Ce faisant, nous visons une réduction d'environ 30 % des émissions directes et indirectes. Pour toutes les autres émissions émises tout au long du cycle de vie du produit, par exemple lors du transport ou de la gestion des déchets, nous pensons avoir de bonnes chances de les réduire d'environ 15 % », augure Francis Cholley avec optimisme. Et de souligner, « partout où l'optimisation de l'isolation contre la chaleur et le froid et la réduction de la condensation sont requises, l'intercalaire warm edge Swisspacer fait la différence, discrètement mais efficacement. Le lancement de Swisspacer Ultimate Pro contribue lui aussi au bilan positif, avec une mise en oeuvre encore plus aisée. La modification de la composition du matériau augmente l'élasticité du produit. Ce qui signifie une plus grande stabilité des process de fabrication. Après avoir réalisé des tests, les fabricants de vitrages isolants estiment le résultat très positif, particulièrement pour les très grandes dimensions ».


 

La sélectivité, l’équation à deux chiffres

 

Le SunCool Q comporte ainsi trois produits (le 70, le 60 et le 50), qui tous trois conviennent pour le secteur résidentiel, avec un aspect relativement neutre en matière de réflexion. A contrario, dans le secteur tertiaire, la tendance va à des produits colorés ou développant des reflets particuliers. « Le Suncool Q 70 a des performances de transmission lumineuse de 70 % et un facteur solaire de 33 % , le 60 avec transmission de 60 % pour un facteur solaire de 27 % et le Q 50, qui est plus destiné pour des toitures, offre une transmission de 50 % avec un facteur solaire de seulement 22 % », détaille Marc Amah. « L’objectif est donc d’obtenir le plus de lumière entrante et de diminuer l’apport énergétique dans le bâtiment. Jusqu’à présent, la sélectivité était limitée à 2, ce qui veut dire concrètement qu’avec 70 % de transmission lumineuse, il était difficile d’obtenir moins de 35 % de facteur solaire. Cette nouvelle gamme développe désormais une sélectivité supérieure à 2, ce qui représente une vraie évolution dans le monde du verre du contrôle solaire ».

 

Si AGC a le Finéo, Pilkington n’est pour sa part, pas en reste. En effet, son Spacia, un verre isolant sous vide développé il y a plus de deux décennies, retrouve désormais une nouvelle jeunesse. Lancé d’abord au Japon avant d’arriver en Europe il y a une dizaine d’années, mis en stand-by durant la pandémie de Covid, il revient aujourd’hui et ce, depuis l’été dernier, sur le devant de la scène. Pilkington cherche actuellement le réseau approprié pour le distribuer sur le marché français. Ce verre feuilleté de 6,2 mm d’épaisseur qui permet d’obtenir les performances thermiques d’un double vitrage, se relance désormais sur le segment du monument historique pour répondre à la forte demande des ABF (Architectes des Bâtiments de France) soucieux de ne pas intervenir sur les menuiseries existantes en préservant leur faible épaisseur. « Ce produit a été proposé à différents gammistes afin de sonder leur intérêt et peut représenter une solution viable sur le segment de la rénovation energétique », table Marc Amah. L’Europe qui représente aujourd’hui un tiers du volume des ventes du verrier, dont 40 % pour le seul secteur du bâtiment, est donc un marché porteur pour Pilkington.

 


Quand le verre entre dans les galeries d'art

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Du "bâtiment le plus complexe jamais réalisé" – le Musée du Futur à Dubaï – en passant par le pavillon du Musée Audemars Piguet au Brassus déroulant sa spirale de verre, Super Spacer® peut se féliciter d’inscrire à son palmarès les plus prestigieuses références et les plus spectaculaires réalisations architecturales et technologies de façade à échelle mondiale. Des exploits techniques principalement dus à la conception unique de cet intercalaire dont la flexibilité permet toute liberté créative des formes durant la transformation du verre, ainsi qu’ une capacité de charge mécanique élevée du vitrage structurel. Non loin d'Oslo, des chefs-d'oeuvre de Yayoi Kusama, Fernando Botero et Olafur Eliasson attendent les visiteurs au milieu de l’enchanteur environnement forestier du musée d'art norvégien Kistefos. "The Twist" ferme le parcours circulaire du parc de sculptures, prodigieusement suspendu au-dessus de la rivière Randselva, la rotation spectaculaire à 90 degrés de l’édifice transformant la galerie elle-même en une étourdissante sculpture.

Pour la façade en verre structurel, le transformateur Döring a ici fourni dix éléments en verre isolant à quadruple vitrage avec warm edge de 55,04 mm d'épaisseur, les unités de forme libre étant fabriquées à partir du SGG Climaplus Contour avec Super Spacer® TriSeal™. Un film PVB assure une protection optimale des oeuvres d’art contre le rayonnement des U.V. Les éléments IG se déploient sur une superficie totale de 98 m², le plus grand élément couvrant une superficie de 5,2 × 2,5 m et pesant pas moins de 1,2 t !

— Anne Boulay


 

Quand vitrage rime avec chauffage

 

Une porte en guise de chauffage

Porteur, c’est aussi le cas du vitrage chauffant mis au point par la société Volma en partenariat avec Vitrum Glass et Rehau. Le transformateur de verres, spécialiste des ouvrants et des panneaux à parcloser basé à Harnes dans les Hauts-de-France, a lancé sa solution lors du dernier Mondial du bâtiment en octobre dernier, et reconnaît que son produit est encore en phase de déploiement et de promotion.

 

Le principe en est simple : prendre la porte comme un isolant en apportant une résistance thermique supplémentaire. « Cette solution de panneau verrier permet de se substituer au chauffage dans une pièce, notamment dans les entrées où le manque de place empêche très souvent la pose d’un radiateur », explique Sébastien Coste, responsable communication chez Volma. « Ce système a la double utilité d’être une barrière thermique, mais aussi de fonctionner comme un point de chaleur sans emprunter sur l’espace disponible ».

 

Produit de niche, le vitrage chauffant destiné à la maison individuelle n’en est qu’au début de son déploiement, mais pourrait très vite trouver son marché. Tout comme l’a trouvé la solution monobloc en triple vitrage avec de l’argon. Depuis une dizaine d’années, l’industriel propose ainsi sa gamme d’ouvrants Kali-Therm et Thermixel, ce dernier ayant été conçu en partenariat avec des gammistes. À chaque nouveau développement, la solution de triple vitrage s’est imposée d'elle-même pour garantir les performances du produit en matière, notamment de faible émissivité et de retard à l’effraction. Avec un monobloc dont l’épaisseur peut atteindre 90 mm, le triple vitrage est aussi apparu comme primordial. En attendant sans doute le quadruple vitrage qui commence déjà à pointer le bout de son nez.

 

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© RIOU Glass/Vitrum Glass - Situé à Saint-Thonan (29), le site de 3 000 m² de La Chocolaterie abrite ainsi le stockage des fèves de cacao produites notamment par la ferme brésilienne d’Olivier Bordais, mais aussi un laboratoire, la torréfaction, la fabrication, la vente au public, des bureaux, et un restaurant. Au coeur du bâtiment les visiteurs peuvent admirer une serre tropicale où poussent des cacaoyers, grâce à la technologie CalorGlass® développée par RIOU Glass

 

La technologie Calor Glass® pour les grands projets

Pour RIOU Glass, qui a réalisé le plus grand projet de vitrage chauffant en France avec le même partenaire intégrateur Vitrum Glass, soit l’installation de 250 m² de vitrage chauffant CalorGlass pour la serre tropicale de La Chocolaterie, le défi a été relevé avec succès. Une technologie à laquelle le groupe RIOU Glass compte bien donner un nouvel élan économique et démocratiser, misant notamment sur la prescription pour mieux déployer ses solutions à forte valeur ajoutée. « Nous allons continuer à promouvoir Calor Glass® auprès des architectes, des architectes d’intérieur, des bureaux d’études… Notre solution de vitrage chauffant s’invite petit à petit dans l’habitat des Français. Si le produit est déjà un must have pour les vérandas et les extensions munies de grandes baies vitrées, de nouveaux marchés émergent comme les verrières intérieures, les portes d’entrée et les lieux de circulation, car Calor Glass® se substitue facilement aux convecteurs. Nous souhaitons apporter plus de confort, de bien-être, d’espace, de sécurité à l’utilisateur final tout en lui permettant de réaliser des économies d’énergies, car Calor Glass® contribue à la protection de notre environnement », souligne Jamila Azaouzi. Riou Glass a donc créé une task force dédiée au développement et à l’animation de ce vitrage chauffant, composée de 8 experts commerciaux, d’une prescriptrice nationale et d’un nouveau chef produit Smart Glass. Chaque référent animera et accompagnera l’ensemble des partenaires Calor Glass® dans chacune des régions. « Notre ambition est de faire de chaque partenaire un véritable ambassadeur Calor Glass®», avise Jamila Azaouzi.

 


Rehau Window Solutions, Volma et VitrumGlass : un partenariat qui réchauffe !

 

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© Rehau Window Solutions, Volma et VitrumGlass

 

Révolution dans les portes d’entrée avec la coopération de Rehau Window Solutions, Volma et VitrumGlass dans le développement de portes d’entrée avec système de vitrage opacifiant et chauffant piloté par la VitrumBox

(De g. à dr.) Maxime Boileau, responsable marketing France de la division Rehau Window Solutions et Bruno Bednarczyk, directeur France de la division Rehau Window Solutions ; Estelle Chollet, directrice générale de VitrumGlass ; Manuel Dariosecq, président de VitrumGlass et Franck Serrure de Volma, le 04 octobre 2022 à Batimat (Paris)


 

Le warm edge poursuit son ascension

 

Dans le vitrage, il est devenu un élément incontournable de la performance et compte bien continuer de convaincre de son utilité, le warm edge, cet intercalaire généralement composite aussi appelé bord chaud, c’est la spécialité de la firme allemande Edgetech. Laquelle firme répète en boucle le même et lancinant message depuis une trentaine d’années : porter toute l'attention aux économies d'énergie. Un message qui prend tout son sens aujourd’hui en ces temps d’exigence performantielle des produits de la construction pour limiter les effets du dérèglement climatique. Un produit qui permet d’économiser de l’argent en faisant baisser la facture d'énergie, tout en agissant sur la réduction des émissions carbone, c’est donc tout le pari ambitieux de cet intercalaire généralement en composite. Solution éprouvée puisque désormais en France, 7 % du marché du vitrage est équipé de ce type de solution contre 5 % il y a cinq petites années. Une croissance lente mais qui devrait s’affirmer dans les prochaines années. Avec un argument de poids : plutôt que de passer à un triple vitrage, la mise en oeuvre d’un intercalaire warm edge permettrait de se contenter d’un double vitrage tout en ayant les mêmes performances thermiques.

 

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© Edgetech - Les intercalaire de l’industriel Edgetech peuvent être mis en œuvre à la fois pour du confort d’été et du confort d’hiver ; ils permettent de garantir la finesse des menuiseries tout en garantissant les performances thermiques des vitrages. Ici, au Musée-Atelier Audemars Piguet au Brassus, une petite ville à plus de 1 000 m d'altitude nichée au creux de la vallée de Joux, dans les montagnes du Jura suisse, la façade qui se devait de répondre à la norme suisse Minergie en matière d'efficacité énergétique, a nécessité la pose de triple vitrage respectant une valeur Ug de 0,5 W/(m².K). La souplesse du Super Spacer® TriSeal™ idéale dans cette configuration, résiste également sans problème aux charges les plus élevées, et a également été testé et certifié dans un simulateur d'ouragan porté à une vitesse de 350 km/heure sous pression positive et à 395 km/heure sous aspiration

 

Un produit en devenir

 

C’est tout l’argument développé par Fabrice Keller, directeur commercial Europe d’Edgetech. « Le warm edge permet d’obtenir sur un double vitrage, des performances thermiques quasi équivalentes à celles d’un triple vitrage, même s’il convient de prendre en compte le cadre et le type de verre mis en oeuvre », argumente t-il. « Cela permet aussi d’accueillir des profils de fenêtres plus fins et de coller à la tendance du moment de menuiseries moins imposantes ». Un point de vue qui vaut surtout pour des marchés comme l’Allemagne où le triple vitrage est en vogue, mais beaucoup moins pour la France où le double vitrage continue de régner en maître. Quoi qu’il en soit, et tout l’indique, tout mène en matière de cadre normatif à des fenêtres à hautes performances. « Le warm edge va progressivement devenir impératif pour parvenir aux performances demandées qui seront quasiment impossibles à obtenir avec un intercalaire métallique », considère Fabrice Keller. « Le warm edge va donc s’imposer de lui-même par nécessité afin de participer à part entière à l'atténuation du changement climatique. Il ne s’agit donc plus seulement d’un produit de confort et d’économie d'énergie, mais bel et bien d’une solution qui est en interaction par rapport au climat ». Une prévision qui n’est pas dénuée de sens.

 

Car Fabrice Keller le rappelle à propos : 70 % de la fabrication de fenêtres en France est destiné au marché de la rénovation. Avec en ligne de mire aussi le confort d’été. « Je communique aujourd’hui davantage sur la notion de rupteur de pont thermique que de warm edge, car le terme de bord chaud nous place toujours dans la situation où il s’agit de se protéger du froid », conclut Fabrice Keller. « Il s’agit pourtant désormais de se protéger de la chaleur en limitant les entrées dans le bâtiment. Le warm edge est en résumé un élément isolant de la fenêtre, tant pour le confort d’été que pour le confort d’hiver ».

 

 

 


Photo ouverture © Dépôt Boijmans Van Beuningen-Pyroguard - Pyroguard Protect à la proue de la première installation primée de stockage d'art - Son verre de sécurité incendie Pyroguard s’est illustré pour protéger ce superbe ovoïde de 40 m de haut à Rotterdam aux Pays-Bas, première installation de stockage d'art accessible au public dans le monde. Le projet a présenté des défis uniques, certains panneaux de verre pesant plus de 1 000 kg


Source : verre-menuiserie.com

L'auteur de cet article

photo auteur Steve CARPENTIER
Steve Carpentier est journaliste indépendant depuis 1998 et collabore à plusieurs publications spécialisées dans le secteur de la construction et des travaux publics. Il s'intéresse plus spécifiquement aux questions de l'énergie, de la décarbonation de l'industrie, de l'innovation, de la R&D, de la végétalisation, de la politique de la ville et des transports. Il a été correspondant permanent au Brésil (2005/2016) pour la presse quotidienne nationale ainsi que pour plusieurs médias audiovisuels.
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