Sur chantier et en atelier, les outils de manutention ne sont pas accessoires

Sur chantier et en atelier, les outils de manutention ne sont pas accessoires

Que ce soit dans les ateliers ou sur les chantiers, les équipements servant à manoeuvrer des pièces lourdes et parfois dangereuses se généralisent.




Des solutions parfois très simples mais efficaces pour gagner en productivité et préserver l’intégrité physique des opérateurs.

 

 

 Augmenter l’ergonomie et la manoeuvrabilité des équipements afin d’améliorer les conditions de travail et augmenter la productivité : telle est la promesse offerte par les fournisseurs d’accessoires de manutention destinés aux segments du verre et de la menuiserie industrielle 

 

 

C’est notamment celle de l’industriel TENTE, un poids lourd du secteur et spécialiste toutes catégories des roues et roulettes. À priori, des éléments subalternes de l’activité de manutention. Et pourtant, une chose est certaine : une roue ne sert pas seulement à rouler, mais est un élément essentiel de la mobilité et de la logistique.

 

Une évidence bien comprise par l’entreprise allemande qui fêtera en 2023 un siècle d’existence et qui a su tout au long de son histoire industrielle étendre son périmètre d’applications. Car TENTE, contre toute attente, n’est présente sur le segment de la menuiserie industrielle que depuis début 2021. Reconnue de longue date pour ses solutions dans le secteur de l’automobile, du médical, de la restauration ou encore du commerce, elle a ainsi découvert un monde insoupçonné dans lequel elle compte bien désormais s’implanter durablement.

 

© TENTE - L’industriel allemand TENTE a développé une gamme de roues motorisées qui sont escamotables et réversibles. Fonctionnant sur batteries lithium, elles sont rechargeables et totalement autonomes

 

Désormais, le groupe de 1 500 collaborateurs qui comprend 30 filiales, possède en France trois sites de production et d’assemblage, faisant de la branche hexagonale avec ses 270 salariés l’entité la plus prometteuse et la plus dynamique. Si les systèmes proposés par TENTE ne sont pas bardés de composants électroniques, ils n’en demeurent pas moins des produits ultratechniques qui sont le fruit de longues années de recherche et développement pour améliorer les conditions de travail des opérateurs. « Nous venons apporter des solutions de complément, notamment pour les systèmes de convoyage automatisé, de transitique robotisée ou semi robotisée qui sont en plein développement dans le monde de la menuiserie industrielle », explique Thierry Duhamel, chargé de l’analyse stratégique chez TENTE France. « Notre sacerdoce est de fournir les conditions favorables pour que tout ce qui est mobile puisse bouger le plus facilement et le plus rapidement possible sans empiéter sur les problèmes de sécurité. Un chariot qui se déplace mal, c’est autant de fatigue générée et d’efforts physiques supplémentaires induits qui conduisent à l’apparition de troubles musculo-squelettiques. Nos solutions visent toutes à améliorer les conditions de travail, et ce, peu importe le secteur d’activité ».

 

 

Des équipements adaptés à leur environnement de travail

 

Des secteurs d’activité très divers mais la proposition est donc toujours la même : fournir des roues et des roulettes qui collent à la réalité du terrain. Car si TENTE est un industriel, il se pose aussi comme un véritable auditeur afin d’accompagner les conditions de déplacement et adapter les outils de manutention aux conditions réelles d’utilisation. En effet, en fonction du sol, le matériau choisi diffère, car rouler sur un ciment lisse, un ciment agrégé ou un parquet n’a pas les mêmes incidences. La roue s’adapte donc à son environnement. Exemple : un matériau polyuréthanne, s’il possède moins de grip qu’un caoutchouc vulcanisé, est toutefois beaucoup plus fiable dans la durée, demande moins de maintenance et d'entretien et demeure plus silencieux. « Il s’agit d’adapter les outils de manutention aux conditions réelles d’utilisation et aux besoins des opérateurs », poursuit Thierry Duhamel.

« C’est notamment le cas sur des transitiques un peu lourdes avec des chariots verriers et des chariots de profilés qui sont lourds et volumineux et qui peuvent atteindre des poids allant jusqu’à 600 kg. Il s’agit alors de favoriser les conditions de manoeuvrabilité et de déplacement et cela passe par des produits que sont les roues et les roulettes. Toute la technologie réside ainsi dans le garnissage, mais aussi dans les têtes de pivots. La roue et la roulette sont des outils indispensables à la sécurité, c’est l’un des premiers maillons qui fait le lien entre l’appareil mobile, le chariot roulant et le sol. À l’instar d’une voiture qui peut être très performante, si ses pneumatiques ne sont pas adaptés, le manque de sécurité est évident ».

De plus en plus sollicitée pour développer des polyuréthannes pour la forte charge, l’entreprise a mis au point ses propres produits brevetés qui peuvent être personnalisés au niveau de la dureté, de l’élasticité, de l’abrasivité du grip ou encore du taux de compression. « Sur les robots de logistique automatisée par exemple, l’abrasivité d’un polyuréthanne est plus importante car le bandage perd de son épaisseur plus rapidement et va entraîner des problèmes au niveau des lidars qui servent a autoguider les robots », rappelle Thierry Duhamel. « Cela engendre nécessairement des problèmes de calibrage et d’étalonnage avec les robots qui par conséquent deviennent indisponibles. L’automatisation des lignes nous impose des contraintes techniques auxquelles nous devons répondre principalement avec du polyuréthanne pour les fortes charges, ce qui nous impose de monter en puissance pour les développements techniques de manière à fournir un produit constant et durable ». TENTE s’est donc fortement intéressée aux charges lourdes en faisant le choix de privilégier le polyuréthanne, une matière plus noble et plus durable et plus sécurisante pour les opérateurs.

 

 

 


 

Henri by Ryko

© VMA / A.B.

 

Ce robot manuel d’engondage et dégondage d’ouvrants est capable de monter les escaliers ! Cette solution de manutention unique présentée lors de Batimat, est spécifiquement adaptée pour accéder et installer des fenêtres en étage. Particulièrement astucieux, ce système d’engondage et dégondage permet d’accrocher l’ouvrant au dormant ou de remplacer le châssis. Un exemple de remontée d'expérience qui se concrétise avec talent.

 


 

 

 

Roue motorisée

 

Mais l’industriel est allé plus loin dans son accompagnement des conditions de travail en développant une solution de roulette motorisée qui est aujourd’hui reconnue par les Carsat (Caisses d'assurance retraite et de la santé au travail), ainsi que par l’Assurance Maladie. Système escamotable et réversible, cet équipement de complément comprend la roulette ainsi que le moteur d’entraînement et le moteur de pression au sol. Fonctionnant sur batteries lithium qui permettent des cycles longs, la roulette E-Drive lancée en 2014 a d’abord trouvé preneur dans le milieu médical pour ensuite se faire une place dans celui de la menuiserie industrielle, notamment pour le déplacement des transbordeurs. Le principe de fonctionnement inspiré du secteur automobile puisqu’il reprend celui du moteur d'essuie-glaces de poids lourds en fait une roulette certifiée "quasi machine". Cette aide motorisée à la manutention a depuis son lancement su évoluer puisque la nouvelle génération comprend désormais non plus un moteur mécanique, mais électromagnétique qui permet désormais de ralentir le chariot.

 

© TENTE - La firme TENTE propose de nombreuses solutions de roues et roulettes en différentes qualités de polyuréthanne afin de s’adapter au mieux à l’environnement de travail

 

La E-Drive Optima continue ainsi d’assurer la traction continue, mais elle permet aussi de fonctionner comme une aide au freinage de chariots pouvant aller jusqu’à 700 kg. La version E-Drive Ultimate quant à elle, permet de gérer des capacités de stockage plus lourdes jusqu’à près d’une tonne. « Cette solution de roulette complémentaire et quasi indépendante des autres roues supprime tous les efforts et peut être placée à l’avant sur un chariot fixe », note Thierry Duhamel. « Elle peut être laissée en traction continue avec un appui permanent au sol et possède aussi un bouton d’arrêt d’urgence afin de sécuriser son utilisation ».

 

© Bohle - Le Lifmaster Quadro de l’allemand Bohle est un système de levage dédié notamment à de l’utilisation sur chantier. Son système de rallonges permet de doubler sa force portante pour atteindre des charges allant jusqu’à 800 kg

 

Autre industriel présent sur le secteur des équipements de manutention, Bohle a depuis longtemps fait ses preuves dans le secteur puisqu’à l’instar de TENTE, la firme allemande soufflera également ses 100 bougies l’année prochaine. Fabriquant et revendeur d’outils, de machines et de consommables pour le travail et le traitement du verre, Bohle propose une large gamme de palonniers, de ventouses, de chariots de transport ou encore des accessoires et des pièces de rechange comme des disques en caoutchouc. Mais l’industriel est aussi présent dans le verre avec sa solution Liftmaster d’aide à la manutention. Bohle a ainsi développé le Liftmaster B1 qui permet de déplacer des éléments jusqu’à 180 kg tels que du verre, des fenêtres, des plaques de métal ou de pierre, avec un seul opérateur. Le système comprend entre autres un palonnier, un treuil, un mécanisme d’inclinaison ainsi qu’une large surface d’appui pour la dépose des éléments. Le Liftmaster Quadro, autre système de levage, est pour sa part plus dédié à de l’intervention sur chantier ou en atelier pour alimenter une table de coupe dans une miroiterie. Il dispose également de rallonges de manière à doubler sa force portante permettant d’atteindre des ports de charges jusqu’à 800 kg.

« Ces outils ergonomiques viennent en soutien logistique pour de petites unités qui n’ont pas nécessairement la possibilité d’avoir un pont avec un palonnier mais qui doivent cependant manipuler de grands volumes de verre », explique Jean-Marc Auger, directeur commercial France de Bohle. « Les palonniers à forte charge ont toujours existé, mais aujourd’hui, nous nous orientons vers des équipements qui permettent de manutentionner des poids entre 300 et 400 kg. La tendance toutefois demeure sur la ventouse manuelle qui reste un produit largement plébiscité, même si les palonniers sont privilégiés dans les entreprises qui sortent du cadre purement artisanal ». La ventouse, un grand classique, et qui pourtant continue d’évoluer chez Bohle afin que l’opérateur gagne en confort d’utilisation.

 

© Bohle - Le Liftmaster de Bohle permet de déplacer des éléments jusqu’à 180 kg tels que du verre, des fenêtres, des plaques de métal, avec un seul opérateur

 

 

Des robots de pose sur pneumatiques

 

Si par le passé, sa ventouse double tête comprenait un simple tube rond en son centre, elle possède désormais des leviers plus larges qui sont plus faciles à prendre. L’aide à la manutention, au coeur des préoccupations du monde du verre et de la menuiserie ? C’est aussi le constat qu’établit GK Techniques, le spécialiste français de l’outillage et des matériels destinés principalement au secteur du verre plat. L’entreprise francilienne qui vient récemment de signer un accord exclusif pour distribuer sur la France les intercalaires pour vitrages de la société Swisspacer, a depuis quelques années accru ses ventes sur le segment de la manutention puisque ce dernier représente désormais 50 % de son chiffre d’affaires. Une courbe qui ne s’inverse plus depuis 2010, d’autant que la société est venue à son activité de vente ajouter celle de la location d’équipement qui représente aujourd’hui 40 % de son volume d’activité de son département manutention.

« Cette croissance dans la manutention s’explique par le diptyque location-vente, mais aussi par un besoin croissant d’aide à la manutention que ce soit en atelier ou sur chantier », note Xavier Le Lay, responsable du département manutention chez GK Techniques.

 

© GK Techniques - Chez GK Techniques, la ventouse demeure un des incontournables de la manutention en atelier

 

« En effet, la composition des vitrages a conduit à une augmentation substantielle de leur poids, notamment en raison de la multiplication des verres feuilletés. La prévention s’est également généralisée avec des entreprises qui investissent dans des équipements pour limiter le port de charges ». Au fil des ans, GK Techniques a étoffé sa gamme avec des palonniers à ventouses, des robots de pose mais aussi des mini-grues araignées. Si le distributeur a débuté chez les fabricants de vitrages, il a très vite trouvé d’autres débouchés auprès des menuisiers et des façadiers également soucieux de disposer d’appareils facilitant la pose des vitrages sur les chantiers. Si dans les ateliers, l’on a surtout à faire avec des appareils rattachés à une potence ou à un portique, sur chantier, les appareils sont pour leur part des systèmes autonomes fonctionnant sur batteries. Chez GK Techniques également, le palonnier à ventouses reste le cœur de gamme puisqu’un appareil relativement basique permet de soulever des charges entre 400 et 600 kg. Les chariots de levage manuels ont également su trouver leur place pour de la pose jusqu’à 7 m de hauteur.

 

© GK Techniques - GK Techniques possède une large gamme de robots fonctionnant sur pneumatiques, notamment le Robby 420

 

À partir de 2010, l’entreprise a également commencé à commercialiser des robots de pose particulièrement bien adaptés pour la mise en oeuvre de vitrines ou de grandes baies vitrées à des hauteurs ne dépassant toutefois pas les 4 m. La gamme Robby, notamment le robot 420 et le 600, fonctionnent sur pneumatiques, tandis que le robot 900 est monté sur chenilles. Un équipement qui entre du reste davantage dans la catégorie des mini-grues araignées avec un poids porté pouvant atteindre les 900 kg grâce à un bras de levage développé par la firme Palfinger, un spécialiste des systèmes de levage de longue portée. Si ces machines ont débuté sur une bimotorisation diesel et électrique, elles sont désormais équipées de la dernière génération de batteries lithium qui garantissent en moyenne une autonomie sur une journée de travail.

 

 

Chariot motorisé

 

Côté chariots de transport, l’heure est également à l’autonomie puisque GK Techniques dispose également à la location du transporteur TC1 de la marque hollandaise Hoeflon. Lancé il y a quatre ans, ce chariot sur chenilles piloté par radiocommande permet notamment de déplacer sur chantier des pupitres chargés de vitrages de forte charge jusqu’à 1 200 kg. Une aide précieuse, notamment sur des terrains accidentés. « La manutention sur les chantiers évolue davantage qu’en atelier, avec des solutions fonctionnant de plus en plus à l'électrique dans Chez le vendéen MZR, l’heure est également au robot de manutention télécommandé et autoguidé au sol. Car pour le spécialiste des équipements industriels et des postes de travail sur mesure, la demande va aussi vers l’automatique ou le semi-automatique. « Si l’intelligence demeure évidemment du côté de l’opérateur, tous les mouvements sont pour leur part de plus en plus assistés comme les déplacements, les basculements, les mouvements de charge, avec une motorisation croissante de cette aide à la manutention », résume Jean-Marc Boisson, technico-commercial chez MZR. « Aujourd’hui, en atelier, l’optimisation passe nécessairement par la fin du port de charge ». Son chariot Omni’Lev en est la pure illustration. Avec un argument clair et précis pour MZR : « qui n’a jamais rêvé de faire bouger des objets à distance, sans effort ? ».

Une proposition alléchante permise grâce à un chariot motorisé omnidirectionnel et multi-usages. L’Omni’Lev est constitué d’une plateforme mobile à énergie électrique embarquée. Ses dimensions réduites lui permettent de se faufiler dans des espaces très restreints, de tourner sur place et de repartir dans une autre direction grâce à l’intelligence de ses roues motorisées multidirectionnelles et des commandes proportionnelles et intuitives. la perspective du bannissement à venir des moteurs thermiques », précise Xavier Le Lay. « Les ateliers quant à eux sont davantage sur du renouvellement d’équipements, notamment d’appareils dont les capacités de charges sont plus importantes avec des poids compris entre 150 et 300 kg ».

 

 

 

 

© MZR - La firme vendéenne MZR dispose comme outil de manutention d’un chariot motorisé omnidirectionnel et multi-usages. L’Omni’Lev est constitué d’une plateforme mobile à énergie électrique embarquée dont les dimensions réduites lui permettent de se faufiler dans des espaces très restreints


Source : verre-menuiserie.com

L'auteur de cet article

photo auteur Steve CARPENTIER
Steve Carpentier est journaliste indépendant depuis 1998 et collabore à plusieurs publications spécialisées dans le secteur de la construction et des travaux publics. Il s'intéresse plus spécifiquement aux questions de l'énergie, de la décarbonation de l'industrie, de l'innovation, de la R&D, de la végétalisation, de la politique de la ville et des transports. Il a été correspondant permanent au Brésil (2005/2016) pour la presse quotidienne nationale ainsi que pour plusieurs médias audiovisuels.
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