Les matériaux en mode collaboratif

VMA

15/09/2022 0

Article mis à jour le 01/09/2022

Si le PVC, l’aluminium, le bois et les composites se disputent les parts de marché de la menuiserie, ils se rapprochent aussi pour créer des produits mixtes ou hybrides. Objectif : profiter du meilleur de chacun.

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Voyez plus loin grâce à la lame aluminium de 43 mm

FLIP, fabricant français de volets roulants annonce l’arrivée d’une nouvelle lame en aluminium pour compléter son offre de tabliers sur-mesure. Cette lame, d’une hauteur de 43 mm, permet d’équiper des baies allant jusqu’à 3400 mm, tout en préservant un enroulement optimal. Voir plus loin, sans perdre en optimisation, c’est chouette, non ?

En volume de fenêtres posées, le PVC demeure le premier matériau sur le marché des fenêtres en 2021, selon la dernière étude de TBC Innovations "Le marché des fenêtres en France à fin 2021" publiée en mars 2022.

« L’aluminium consolide ses positions, et s’impose comme le second matériau du marché en volume. En valeur, les fenêtres aluminium ont le leadership et restent le premier matériau du marché en 2021 », précise son auteur. Les volets sont en grosse majorité fabriqués en aluminium. Ainsi indique l’étude de MSI – "le marché des volets en France 2022" – l’aluminium pèse pour 79 % des fabrications de volets roulants contre 21 % pour le PVC.

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« Une étude sur le sujet est en cours de finalisation au niveau national. À ce jour, si le PVC reste toujours le matériau le plus plébiscité par les Français, l’aluminium poursuit son essor et plus que jamais ses qualités intrinsèques, et notamment sa recyclabilité, en font un matériau qui a le vent en poupe », confirme Marion Villard, responsable marketing produits Technal. « L’activité en 2021 a été très dynamique pour l’aluminium, qui sur ce plan a bien résisté à la crise, et 2022 s’annonce stable », constate de son côté Audrey Noguera, responsable marketing produits Kawneer. L’inflation et les difficultés d’approvisionnement n’ont pas épargné le secteur. Mais il semble que la situation se stabilise.

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© Technal - Technal dévoile son nouveau concept exclusif de rupture de pont thermique en composite de liège recyclé Corkal, imaginant le futur de ses solutions en alliant deux matériaux recyclables à l’infini, l’aluminium et le liège

L’aluminium se décarbonne

La nouvelle RE2020 a ajouté un volet "carbone" pour caractériser l’impact environnemental du bâtiment, encourageant l’aluminium à se décarbonner. « Profils Systèmes a adhéré, dès son lancement, à la démarche qualité de traçabilité bas carbone “Alu+ C-“, initiée par le SNFA et le GFA permettant aux gammistes aluminium qui s’engagent à respecter les critères "bas carbone" de pouvoir bénéficier des FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) garantissant des fenêtres et façades rideaux bénéficiant d’une empreinte carbone réduite. Elles affichent l’impact environnemental et sanitaire d’une menuiserie grâce à la traçabilité opérée au niveau de l’approvisionnement en billette aluminium et sur le process de filage », déclare Pascale Anselme, responsable communication–marketing de Profils Systèmes.

« L’écoconception nous pousse à rechercher des matériaux toujours plus écoresponsables : notre aluminium bas carbone bien sûr, mais également les joints en TPE recyclé (préféré au version EPDM), des rupteurs thermiques en XPET (à base de bouteilles plastiques recyclées) ou encore les barrettes thermiques en polyamide recyclé… Autant d’efforts que nous poursuivons pour assurer des menuiseries en matériau 95 % recyclable et 75 % recyclé. Dans le cadre des recherches en innovation, nous travaillons sur la barrette en composite de liège qui pourrait permettre demain, en remplacement d’une partie des barrettes thermiques en polyamide, de diminuer encore drastiquement l’empreinte carbone de nos menuiseries », explique Marion Villard.

Les industriels se mobilisent. Les groupes Liébot et Corre ont annoncé la construction d’une fonderie – Coralium – à Sainte-Hermine en Vendée (investissement, 30 M€). Cette unité de production d’aluminium issue des déchets de la menuiserie, qui devrait ouvrir ses portes en 2023 viendra alimenter les entités du groupe de menuiserie et notamment MéO et K•Line. Cette fonderie pourra traiter tout type de déchet aluminium (pur, laqué, barreté ou fin de vie), ce qui suppose un processus de tri spécifique, composé de nombreuses étapes (broyage, séparation magnétique, tamisage, tri par rayons X, etc.) et de machines performantes pour arriver à un alliage 6060 ou 6063 qualité Bâtiment selon la norme NF EN 573-3. Elle aura une capacité de production de 20 000 tonnes de billettes aluminium par an dans un premier temps. « C’est une étape importante pour nous », souligne Olivier Simonin, chef de produit K•Line, « car nous allons pouvoir intégrer de l’aluminium recyclé et améliorer notre bilan carbone ».

Kawneer est également Alu+C – pour l’ensemble de ses gammes. Le design joue aussi son rôle dans l’évolution des matériaux. « L’aspect architectural pousse à réduire les masses vues d’aluminium, il s’agit d’une recherche esthétique qui nous amène à revoir la conception de nos gammes, par exemple nous avons gagné 5 % de luminosité sur notre dernière frappe Kaptiv par rapport à un ouvrant caché traditionnel », mentionne Audrey Noguera. « Les produits s’affinent tout en affichant de meilleures performances », résume Grégory Debliqui, directeur des ventes Swao. Swao a d’ailleurs lancé au mois de mai une nouvelle gamme de produits aluminium qui en témoigne.

Le PVC cherche à se recycler

C’est le sujet du moment. Pour sortir définitivement du PVC bashing dont il a fait l’objet pendant des années, le PVC soigne sa réputation en communiquant sur ses propriétés de recyclabilité. « Il faut que la filière se mette en place, car nous manquons de matière à recycler, nous utilisons tous du PVC recyclé dans les parties non visibles des menuiseries, à l’intérieur des dormants par exemple », note Grégory Debliqui. L’intégration de PVC recyclé dans la production augmente. « Nous investissons en ce sens », glisse Yann de Bénazé, président de profine France. Rehau s’est montré précurseur. « Nous avons investi dès 2015 afin de traiter les matières vierges et les matières recyclées ; en 2018 nous avons lancé le label Rehau EcoPuls afin de garantir entre 40 % et 85 % de matière recyclée dans nos produits », récapitule Maxime Boileau, responsable marketing communication division Window Solutions France de Rehau. Deceuninck dispose de sa propre usine de recyclage et remet dans le circuit ses chutes et les chutes de production de ses clients.

L’une des difficultés provient des ressources à collecter. « Nous organisons notre filière en France afin d’augmenter les volumes », promet Alexandre Socha, directeur commercial d’aluplast. « Les produits doivent également être compatibles », ajoute-t-il. D’où le lancement d’energeto^® neo en 2023 en France, qui pourra à terme absorber davantage de matière recyclée. Sans renfort acier, ce concept au design épuré, inspiré du style Bauhaus, présente de nombreux atouts. Par exemple, « le client peut décider de coller ou non le vitrage », indique Alexandre Socha.

Geplast a créé la marque Geko pour abriter l’ensemble des produits réalisés à partir de matière recyclée ou naturelle. « Geplast a intégré dès 2008 des matières plus responsables au PVC, en sourcant la cosse de riz (résidu alimentaire) pour créer Loryza, que nous réservons à la fabrication des produits Outdoor (portail, clôture, portillon) », rappelle Maxime Grimault, directeur commercial et marketing. Ce matériau se marie avec le PVC et avec l’aluminium. « 100 % recyclable et réutilisable, Loriza présente tous les avantages du bois sans ses contraintes », affirme-t-il.

Les industriels qui se sont intéressés aux matériaux composites observent leur développement. C’est également le cas de Deceuninck : « la part du composite augmente », constate Olivier Dirringer, directeur commercial. Rehau qui s’est lancé dans l’aventure du composite avec Raufipro^®, propose un nouveau produit, le coulissant Slinova-X, qui illustre cette démarche. Il embarque 40 à 75 % de PVC recyclé, des profilés en Raufipro^®X et un montant central en aluminium pour plus de finesse (32 mm).

RE2020, protection de l’environnement… les consommateurs se tournent vers des produits plus écoresponsables. Après avoir perdu ses parts de marché en France pour tomber à moins de 10 %, le bois recouvre ses lettres de noblesse. « En France, les scieries ont quasiment disparu et plus personne ne veut acheter de bois exotique, il va falloir reconstruire la filière bois afin de répondre à la demande, car aujourd’hui, la principale difficulté pour le développement du bois reste l’approvisionnement », signale Franck Rostand, directeur général de MéO. Le marché est sous tension. « Le marché français est inondé de bois provenant des pays de l’Est, mais la très grosse demande des États-Unis et le conflit en Ukraine ont freiné les approvisionnements », observe-t-il.

La mixité se décline

« Le marché du bois-aluminium reste un marché de niche, pour autant le bois est dans l’air du temps, son aspect écologique le sert et l’aluminium demeure le matériau à la mode », atteste Franck Rostand. Face au succès d’estime remporté par les menuiseries mixtes, les industriels développent de nouveaux arguments pour les concurrencer, notamment en présentant des offres de capotage comme des solutions alternatives à la mixité des matériaux. « Le cœur de métier de profine reste l’extrusion de profil PVC, mais les matériaux travaillent de plus en plus ensemble, et nous proposons également des gammes PVC capotées, des gammes mixtes », avance Yann de Bénazé. « La tendance à la mixité est vraiment un signal fort de ces dernières années en menuiserie PVC. C’est souvent au prix d’une redéfinition de l’industrialisation que les menuisiers se tournent vers ces solutions qui leur permettent de clairement se différencier », assure Sylvain Gaudard, responsable communication du groupe AlphaPro. Profialis (avec Référence) et Alphacan (avec In’Alpha Perspective) proposent des solutions de capotage aluminium qui, pour Sylvain Gaudard, représentent chacune une approche différente du panachage des matériaux. « L’hybridation de la fenêtre trouve son aboutissement avec la déclinaison hybride de la gamme Référence, qui représente à ce jour la seule offre véritablement hybride chez les gammistes PVC », poursuit-il. Chez Deceuninck aussi, « nous développons un capotage aluminium pour habiller l’extérieur de la nouvelle gamme PVC et améliorer son aspect élégant », confie Olivier Dirringer (sortie prévue en 2023).

Tout est question de stratégie. On le voit, certains fabricants utilisent plusieurs matériaux. Et pour répondre à la demande, les investissements vont bon train. Le groupe HPG (Préfal, Préfalu, Alu Préférence et Bieber) a annoncé en début d’année avoir modifié l’organisation de ses sites de production aluminium. Après avoir mis en œuvre en 2019 un investissement lui ayant permis d’accroître ses capacités de production de 30 %, Alu Préférence va intégrer en son giron Espace Aluminium. Cette filiale d’HPG située à Saint-André-de-Cubzac (33), à proximité du site historique d’Alu Préférence, permettra d’étendre les capacités de cette dernière de 30 % dès l’été 2022. Par ailleurs, un nouvel atelier de production de menuiseries aluminium devrait être opérationnel à la même période sur le site historique de la marque Bieber basé à Waldhambach, en Alsace.

Le 31 mars dernier, le groupe CETIH – auquel appartient entre autres Swao – a racheté les Établissements Bignon pour consolider son activité fenêtre. « Globalement, nous argumentons sur une offre globale, avec tous les matériaux à disposition (PVC, aluminium, acier, bois, mixte), mais l’objectif de ce rachat est notamment de développer de nouvelles offres, une offre bois et une offre mixte bois-aluminium d’ici 2023 », commente Grégory Debliqui. Puisque le bois revient en force !

INTERVIEW

"La part de PVC recyclé devrait atteindre 70 % dans la prochaine gamme"

Franck Abram, directeur marketing Gimm Menuiseries/Les Menuiseries Françaises

« Quels sont les impacts des crises successives sur les tarifs et sur les approvisionnements ? »

Incontestablement, comme dans de nombreux secteurs, nous subissons les impacts des crises successives. Ces derniers mois ont vu une hausse tarifaire et des délais rallongés par le manque de matières premières. Malgré tout, depuis peu de temps, nous notons une stagnation, voire une très légère baisse des prix des matières premières (acier, aluminium, PVC…), qui semble se confirmer sur le marché. Mais l’énergie continue à augmenter…

« Quelle est la part de PVC recyclé dans votre production ? »

La part de la matière première recyclée dans la fabrication de nos menuiseries augmente, elle atteint 30 à 40 %. Nous travaillons au développement d’une nouvelle gamme PVC prévue pour 2024 qui devrait atteindre jusqu’à 70 % de PVC recyclé.

« Comment les masses et les épaisseurs des profilés évoluent-elles ? »

Les masses sont de plus en plus fines pour laisser place au clair de vitrage. Par exemple, la masse centrale d’une fenêtre 2 vantaux en PVC est de 117 mm et en aluminium de 74 mm. La masse centrale d’une baie coulissante en aluminium est de 34 mm. En revanche, les profilés sont de plus en plus épais, ce qui permet de gagner en performances et en rigidité. En aluminium, nos profils mesurent 75 mm d’épaisseur (contre 50 mm sur l’ancienne gamme).

« Quid des renforts ? »

Nous fabriquons en interne nos propres profilés PVC. La qualité de notre extrusion de PVC nous permet de ne pas avoir systématiquement besoin de renfort. Nous en ajoutons uniquement quand cela est nécessaire pour des grandes dimensions ou sur demande du client. Notre menuiserie PVC passe les tests AEV sans renfort.

Source : verre-menuiserie.com

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