Quand la dématérialisation joue la carte de la performance industrielle

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Les outils, pour mieux gérer une ligne de production ou des consommables, se multiplient avec l’entrée du secteur dans le monde du numérique et des objets connectés.




 

Recueillir et identifier des données, les analyser puis prendre des décisions opérationnelles est devenu capital pour garantir la productivité et la qualité des produits. Sans compter l’amélioration de l’information client, laquelle profite à plein de la facilité de communication avec les fournisseurs.

 

 

 

 

‘‘La boîte à outils numériques, un incontournable dans la vie des pros "

 

 

 

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© MWSC - SynerTracker présenté lors de la dernière édition Glasstec 2022 à Düsseldorf, fonctionne avec des balises GPS, un module dont l’expertise permet la gestion, loin d’être anecdotique au vu de leur coût, des chariots de transport du verre. Visibilité, localisation en temps réel, SynerTracker évite ainsi rachat de matériel ou arrêt de production par exemple avec une gestion de stock simple et transparente et une optimisation des tournées de reprise d’agrès ; la solution est autonome et s’intègre aux environnements existants

 

C’est un casse-tête auquel est de manière récurrente confronté le secteur de la menuiserie industrielle et de la miroiterie : comment profiter à plein des nouvelles technologies pour améliorer leur outil de production et être mieux à l’écoute de leurs clients et fournisseurs ? Ce questionnement qui traverse l’ensemble de l’industrie française est aussi sans doute plus probant pour le secteur qui nous concerne en raison d’un taux d’équipement en outils modernes qui n’a pas atteint le niveau encore nécessaire. Les solutions, applications et autres plateformes informatiques basées sur l’internet des objets, voire l’intelligence artificielle, sont pourtant devenus essentielles aux fabricants dont le retour sur investissement de leur outil de production est une question lancinante. Un point qu’a bien saisi la firme belge Synerglass qui propose une large panoplie de logiciels sur mesure pour le segment de la transformation de verre. Dans la même lignée de modules additionnels complémentaires, flexibles et optionnels sans besoin d’installation de la solution informatique complète, Synerglass a lancé lors du dernier Salon allemand Glasstec sa solution SynerTracker. Son objectif : répondre à la problématique de la disparition des chevalets. Les clients qui aujourd’hui en possèdent font en effet face à deux problèmes récurrents : les temps d’immobilisation sur chantier notamment s’allongent inconsidérément mais aussi, ces chevalets sont utilisés par leurs propres clients et finissent inexorablement par disparaître de la circulation corps et âme. Une perte qui n’est pas anodine et qui a un coût non négligeable pouvant aller jusqu’à 1 000 € l’unité. La solution SynerTracker souhaite donc prendre ce problème à bras le corps et se propose de les localiser grâce à un identifiant posé sur chaque chevalet, sous la forme par exemple d’un QR Code. Chaque personne liée à l'entreprise de près ou de loin possède alors une application gratuite qui lui permet, lorsqu’elle repère le chariot, de prendre une photo du code barre qui va le géolocaliser en temps réel. Une solution intéressante, mais qui peut toutefois butter sur un problème de taille : le chevalet doit être accessible, mais surtout, celui qui le localise visuellement doit avoir le réflexe de le prendre en photo pour faire remonter l’information automatiquement.

 

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© MWSC - Avec son application et la solution de tracking de MWSC, le gestionnaire des expéditions est en mesure de visionner son parc de chariots de transport de verre

 

 


© MWSC

Le chariot est devenu pour les entreprises un consommable qu’il convient désormais de préserver et de localiser. C’est le pari de la société montpelliéraine MWSC qui a anticipé une solution de tracking des chariots dans le secteur de la miroiterie.


 

 

Tracer les chevalets pour limiter les pertes

 

Pour éviter ce type de déconvenue, l’option avancée du SynerTracker consiste en la pose d’une balise sur les agrès qui se signale par radiolocalisation. À l'instar de la technologie GPS, à la différence près qu’elle est très peu gourmande en énergie : son autonomie sans recharge atteint ainsi sept ans, avec un coût modique descendu aujourd’hui autour de 50 € contre trois fois plus quelques années en arrière. « Nous avons deux types de clients : ceux qui n’ont que quelques centaines de chevalets et qui vont avoir tendance à équiper tous leurs chevalets avec la solution balise radio, et les clients qui gèrent des milliers de chevalets qui eux n’équiperont qu’une partie de leur flotte avec les balises pour une question de budget », résume Jean-François Geys, le PDG de la PME Synerglass. « Dans les deux cas, il s’agit pour tous d’une solution numérique qui propose une vraie fonction directement opérationnelle ». Détenteur d’une flotte considérable de quelque 12 000 chevalets de transport, l’entreprise Devglass qui est équipée en solution d’exploitation Synerglass réfléchit ainsi actuellement à mettre en place ce type d’outil de traçabilité. Un souhait encore à l’état de tests afin de définir plus avant la population cible de chevalets à équiper, mais aussi le fournisseur de la solution de tracking.

Lequel tracking est aussi la spécialité de l’entreprise MWSC, une entreprise montpelliéraine qui oeuvre depuis 2013 sur le marché des solutions connectées et la dématérialisation des process. La différence qu’elle met en avant par rapport à d’autres acteurs : elle peut, pour une entreprise, réaliser de bout en bout un projet de digitalisation qui peut aller jusqu’à la phase de l’interface software. Actuellement, MWSC développe trois marques : Wayzz pour l’industrie du béton, TrackIt pour le secteur du transport, et enfin Glass connect pour celui du verre. Considérant qu’il fallait développer une solution dédiée pour le monde de la miroiterie, l’entreprise a ainsi mis au point une solution digitale pour optimiser la gestion des agrès, mais aussi leur planification. Des consommables qui sont soumis à de la perte, voire à du vol, et qui se doivent d’être mieux pilotés.

 

 

Géolocaliser et scanner pour optimiser la production

 

Mais loin de faire de la simple traçabilité de vice à partir d’une balise fixée sur les chariots, il s’agit également de s’en servir comme d’un véritable objet permettant de fournir des informations essentielles sur l’usage, et donc la rentabilité. « Nous partons de l’agrès et de son besoin de pilotage pour remonter sur la partie métiers », explique Grégory Cladera, directeur des opérations chez MWSC. « La solution Glass connect n’est pas là pour seulement tracer, elle est aussi utile pour optimiser une tournée. A terme, avec les prochains développements, la balise donnera des informations sur l’usage et dans une seconde étape à venir sur la manière de mieux optimiser le planning de livraison. L’agrès deviendra en définitive une pièce maîtresse pour analyser la productivité d’une entreprise ». MWSC, jamais à cours d’idées, est actuellement en train de développer une quatrième solution de logistique de matériels, cette fois pour le secteur de l’environnement et la gestion des bennes de déchets. Avec une prévision de commercialisation dès cette année.

 

 

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© Viproton-Covadis - Le scanner 3D de Viprotron distribué par Covadis, renouvelle l’exigence de conformité des produits verriers grâce à une détection à plusieurs niveaux de la qualité des produits, en fonction de l’exigence industrielle demandée

 

 

Améliorer les process en capitalisant sur la dématérialisation, c’est aussi contre toute attente le rôle du scanner destiné à l’industrie du verre plat proposé par la société allemande Viprotron. Distribué en France depuis 8 ans par la société Covadis, cet outil qui n’est pas nouveau sur le marché a toutefois évolué ces dernières années pour s’intégrer à tous les fabricants de lignes. Le principe est simple : le scanner comprend une caméra d’un côté du verre et une projection de l’autre côté sous la forme d’un spectre de lumière. La caméra qui réceptionne différents types de rayons lumineux va alors effectuer une analyse des différents défauts du verre, dus soit aux opérateurs (empreintes digitales laissées, étiquette oubliée, cale liège égarée, etc.), soit à la fabrication même du verre avec par exemple la forme d’incrustations ou de rayures. L’intérêt du scanner qui vient vérifier la conformité du produit est d’intervenir immédiatement et de stopper la fabrication sur la ligne de fabrication. Une intervention qui peut se faire également dès la table de coupe où peuvent être disposés des scanners horizontaux qui informent en temps réel de la qualité des produits. Le principe : être précis et communiquer le plus en amont possible les informations dans un échange constant d’informations entre le scanner et les outils de fabrication. « Cette solution de vérification sur les lignes qui consiste en un contrôle qualité est assez ancienne, mais ce qui a changé au fur et à mesure des années, c’est le mode de détection des défauts qui s’est très largement amélioré », rappelle François Ausset, président de Covadis. « De plus, l’envoi en temps réel des données permet in fine d’établir des statistiques sur la production, mais aussi de déterminer dès le départ grâce au scanner une qualité de fabrication. Cet outil travaille en effet par rapport à des données de qualité qui peuvent être paramétrées suivant le type de client et l’exigence désirée par rapport au produit final. Ce que permet ce scanner, c’est d’établir une hiérarchie dans la détection. Dans tous les cas, le contrôle en amont des produits des fournisseurs permet d’avoir la certitude de livrer des produits qui sont conformes en aval ».

 

 

 

La dématérialisation au service de la relation clients

 

La qualité, toujours, c’est aussi le leitmotiv de la société vendéenne Louineau, spécialiste des équerres de fixation et des précadres pour fenêtres. Elle a ainsi développé des outils, non pas pour gérer son outil de production, mais pour renforcer ses liens commerciaux avec ses clients. De la communication en bonne et due forme mais toujours basée sur des supports numériques. C’est le cas de la plateforme Mes Devis qui consiste en un configurateur dédié aux entreprises de pose leur permettant de passer cinq produits au crible des prix : la cornière filante, le précadre de fixation, l’habillage, les pièces d’ancrage mur-rideau, et enfin le précadre en bois Precwood. D’ici avril prochain, deux nouvelles options seront du reste disponibles avec le chiffrage du précadre d’étanchéité standard en version trois côtés pour les portes et avec intégration de volets roulants. La plateforme mise en ligne il y a six ans a été retravaillée deux ans en arrière avec une nouvelle ergonomie simplifiée. « Ce qui est novateur, c’est que le client est désormais autonome sur son chiffrage, alors qu’auparavant, nos services commerciaux prenaient en moyenne cinq jours pour traiter un devis manuellement », précise Océane Sarrazin, chargée de communication chez Louineau. « Aujourd’hui, 65 % des devis chantier passent par cette plateforme, avec 1 600 utilisateurs réguliers du devis instantané. Notre objectif est d’atteindre 80 % car en plus d’être rapide, ce service permet de faire baisser le taux d’erreur sur la commande ». Parallèlement à Mes Devis, la société Louineau a créé une seconde plateforme baptisée Mes dossiers techniques qui se propose toujours en ligne, de garantir la qualité de la mise en oeuvre des menuiseries et des murs-rideaux. Pour ces derniers, les façadiers reçoivent un PV d’essai des pièces d’ancrage valides en fonction de leur cas de montage, document qu’ils peuvent ensuite transmettre au bureau de contrôle. Là encore, la solution lancée il y a 5 ans a été récemment réactualisée avec des évolutions présentées notamment lors du dernier Batimat.

 

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© Louineau - L’entreprise Louineau a développé la plateforme Mes Devis dédiée aux entreprises de pose leur permettant de passer au crible les prix de plusieurs produits de sa gamme

 

Même tendance à la dématérialisation chez Warema France pour qui 50 % des passations de commandes passent désormais par le Web depuis la mise en ligne début 2023 de sa plateforme My Warema Next, version améliorée et boostée de la plateforme My Warema il y a sept ans. Il faut dire que pour le client, l’outil développé est particulièrement puissant puisqu’il lui permet de suivre l’entièreté de son compte, d’établir des devis, de faire des plans techniques sous différentes formes, de suivre ses paiements ou encore de passer commande de pièces. Petite fonctionnalité appréciable : le suivi des délais de livraison qui est désormais disponible. Une version destinée aux grossistes est par ailleurs en préparation en attendant un déploiement futur pour les architectes et les bureaux d’études. « My Warema Next va devenir la plateforme globale d’échanges entre nous et nos clients », reconnaît René Lebenthal, directeur général de Warema France. « L’idée de départ était d’enlever de la complexité tout en gagnant en efficacité car les canaux de communication classiques étaient extrêmement chronophages pour nos équipes ».

 

 

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© Rehau - Le Window ID de Rehau fonctionne comme une véritable carte d’identité de la fenêtre qui la suit tout au long de son cycle de vie

 

Chez Rehau aussi, le choix du bon produit au bon moment est primordial. L’industriel va donc mettre à disposition au second semestre 2023 un configurateur en ligne afin de mieux aider le prescripteur, qu’il soit revendeur, architecte ou autre, à choisir son produit final. Baptisée Rehau Connect, la plateforme permettra une personnalisation en 2D et en 3D et permettra également de passer les bons de commande et les devis. C’est dans ce même esprit de service numérique que Rehau vient de lancer un nouvel outil pour la traçabilité de la fenêtre : le Window ID. « Nous entrons avec cette carte d’identité de la fenêtre dans le monde de l’objet connecté », résume Maxime Autre avantage et pas des moindres et qui sera sans nul doute promis à un bel avenir : Boileau, responsable marketing et communication chez Rehau. « Le QR code intégré à la fermeture va ainsi permettre de la tracer sur les chantiers, de savoir si elle est effectivement sortie des ateliers ou si elle a subi des dommages grâce à l’envoi de cette information manuellement à partir d’une application. Il s’agit finalement d’apporter une information fiable au fabricant. Le second avantage est de disposer via l’appli d’une partie réception de chantier qui permet de suivre le travail des équipes sur le terrain ».

 

Autre avantage et pas des moindres et qui sera sans nul doute promis à un bel avenir : la traçabilité permettra de suivre les éléments en fin de vie afin de les collecter et les remettre dans un process de recyclage. Un enjeu majeur pour Rehau qui avec 40 % de matière recyclée dans ses fenêtres est en recherche perpétuelle de nouvelles ressources.

 

 

 

 

 

 


Photo d'ouverture © Groupe Devglass - La société Devglass réfléchit actuellement à un projet d’équipement en solution de tracking de ses chariots de transport du verre


Source : verre-menuiserie.com

L'auteur de cet article

photo auteur Steve CARPENTIER
Steve Carpentier est journaliste indépendant depuis 1998 et collabore à plusieurs publications spécialisées dans le secteur de la construction et des travaux publics. Il s'intéresse plus spécifiquement aux questions de l'énergie, de la décarbonation de l'industrie, de l'innovation, de la R&D, de la végétalisation, de la politique de la ville et des transports. Il a été correspondant permanent au Brésil (2005/2016) pour la presse quotidienne nationale ainsi que pour plusieurs médias audiovisuels.
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