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Tabasso. Au chapitre des contraintes de température, l’emploi de la gamme de départ correspondait à une coupure thermique de 20 mm. « Mais nous avons finalement dû en prévoir une plus importante. Concrètement, le vitrage VEC est en bord décalé, avec la partie extérieure qui est bordée. La coupure thermique mesure 40 mm et est munie d’un joint thermique bimatière qui assure la continuité de la barrière ther- mique. Nous parvenons ainsi aux performances thermiques souhaitées, soit l’équivalent de 1,5 W par mètre carré Kelvin » , indique le directeur technique de Wicona Italie. L’aspect acoustique a lui aussi été sérieusement pris en compte : « lorsque vous payez 50 M$ pour un appartement, vous n’avez pas envie d’entendre les voisins. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré dédoubler les montants, la transmission latérale demandée étant proche de notre norme DNFW » , précise Edoardo Tabasso. LE JOINT BATMAN SE PLIE À TOUTES LES CONTRAINTES À ces problématiques courantes, rencontrées sur n’importe quel bâtiment, s’en sont ajoutées d’autres, plus spécifiques : « le béton de la structure bougeait et nous avons dû analyser le mouvement que nous avions à absorber. Sur l’axe vertical, nous avions le fluage plus les charges permanentes après le réglage de façade. Nous avions les charges d’exploitation de 6mm, plus le raccourcissement thermique dans le temps des poteaux qui demandait jusqu’à 2 mm. Sur les axes horizontaux, nous avions les contraintes liées aux séismes et au vent » , inventorie Edoardo Tabasso. Pour résoudre toutes ces cées, par le fait que la structure primaire bougeait beaucoup. Nous avions un bardage lourd, rapporté, en acier inox, des ouvrants gigantesques et des vitrages bombés avec des cour- bures assez strictes » . Bref, un défi à relever pour le directeur technique de Wicona Italie. En premier lieu, la réalisation de la façade devait se faire de dalle à dalle (sur le mode window wall) : un profilé aurait filé le long de la dalle puis les blocs auraient ensuite été fixés sur ce profilé, contrairement aux façades blocs posés à l’extérieur de la dalle. « Le façadier BET voulait recourir à cette tech- nologie en plaçant unique- ment un petit isolant devant la dalle. Ensuite, le bardage en acier inox, avec cette forme qui caractérise le projet, aurait été accroché directement sur la dalle » , résume Edoardo Tabasso. Seulement, la solution prévue présentait plusieurs inconvénients : elle faisait intervenir des montants avec des doubles vitrages VEC et des fenêtres parallèles s’ouvrant complètement vers l’extérieur, ce qui aurait généré une différence entre les élé- ments fixes et les ouvrants, en plus d’une masse d’aluminium Ce dernier a été acquis pour la somme de 50 M$ : c’est l’un des plus chers de la ville. Ultra chic. Avec son design sans pareille, l a f a ç ade de l ’ immeub l e s’étend sur environ 4 700 m², constituée de 710 blocs de verre extérieur collé (VEC) et de 300 m² de blocs de verre bombé. À l’intérieur des blocs, 200 ouvrants parallèles, dont 40 % d’entre eux avec une forme de trapèze. « Sur ce projet, nous avons fait face à des contraintes statiques, acoustiques et ther- miques particulières et renfor- très importante. De plus, elle se révélait compliquée, la façade étant placée en arrière et le bardage, complètement indépendant, devant. Des pattes assez proéminentes et coûteuses auraient donc dû être positionnées pour la fixation. Le bureau d’études intégré de Wicona a donc imaginé une nouvelle approche… Après de longues discussions avec le cabinet Zaha Hadid Architects, le window wall, également préconisé par tous les cabinets concurrents, a été abandonné au profit d’une solution plus performante sur le plan ther- mique et plus facile à poser : la Wicsky 90. Déjà utilisée en Italie et non encore entière- ment certifiée pour le marché français, la Wicsky 90 est une façade structurelle thermi- quement isolée avec des montants dédoublés. Elle fait intervenir des poteaux mono- lithiques et des cadres en alu- minium rapportés. Ses acces- soires de fixation assurent le maintien du cadre sous la partie de structure primaire. Ce système garantit un fixe comparable à l’ouvrant et « a simplifié les choses » , relate Edoardo Tabasso. À L’ÉPREUVE DU VENT, DE LA CHALEUR ET DU BRUIT Restait à éprouver la solution face au vent… « À New York, les essais en soufflerie sont systématiques. Il convient de réaliser de petites maquettes du projet pour estimer, le plus finement possible, la charge du vent. Dans notre cas, le vent dominant arrivait du Nord- Ouest, le long de l’Hudson. Et il fallait tenir compte à la fois du vent commun et des vents extrêmes (extra tropicaux et ouragans) sur une période de 50 ans » , révèle Edoardo ACTUALITÉS I Architecture V & MA n° 288 I AVRIL - MAI 2020 I 25 L E PROJ E T EN CH I F FRE S : • Livraison en décembre 2017 • 11 niveaux • 39 appartements dont un penthouse de 550 m²) • 4 700 m² de façade réalisés avec 710 blocs VEC droit • 300 m² réalisés avec 40 blocs VEC bombé • 1 350 m² réalisés avec 200 blocs ouvrants pantographe Le penthouse de 550 m² a été acquis pour la somme de 50 M$ : c’est l’un des plus chers de la ville Crédit Photo : ZahaHadidArchitects
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