Les acteurs du verre plat pour le secteur de la construction doivent composer avec des réglementations environnementales de plus en plus rigoureuses, ...
... des coûts énergétiques en hausse et une demande croissante de bâtiments durables. Mais comment s’y prennent-ils ? Découverte…
L'arrivée sur le marché des verres bas carbone découle d’une volonté du législateur exprimée à travers la réglementation RE2020 : il s’agit de diminuer les émissions de CO2 au mètre carré des matériaux de construction utilisés en France en immobilier neuf en fonction du type de construction, résidentiel ou bureaux. Des tableaux normatifs fixent les différents paliers à atteindre en 2028, 2029 et 2030.
© AGC Glass - D.R. - Le verre low carbon d’AGC Glass présente le même aspect et les mêmes performances techniques que le verre float AGC standard. Disponible en différentes gammes de produits et épaisseurs, il peut servir de matériau de base pour la fabrication des doubles et triples vitrages
Les industriels verriers doivent aussi respecter la réglementation de l'industrie en Europe et abaisser de 30 % leurs émissions de CO2 d’ici à 2030. À défaut, ils seront taxés. « Pour respecter la trajectoire de décarbonation de ses activités industrielles, AGC Glass recourt à la fois à la transition énergétique et à l'adaptation de ses outils industriels. Pour chauffer nos fours servant à fabriquer le verre float, l’électricité fait son apparition aux côtés du gaz avec l’électro-boosting. Nous faisons également appel aux compléments des énergies vertes… », informe Pascal Bielle, directeur commercial France AGC Glass.
Responsable marketing opérationnel pour la société Glassolutions en France, Adrien Puichaud travaille pour la filiale de transformation de verre plat de Saint-Gobain Glass France à destination des menuisiers industriels français : « Nous disposons de quatre usines dans l’Hexagone pour produire du vitrage isolant – double ou triple vitrage – pour les fabricants industriels de fenêtres, de baies vitrées, de portes d’entrée et de vérandas. Nos clients s’adressent majoritairement au marché résidentiel, individuel ou collectif, en neuf ou rénovation ».
© Saint-Gobain - D.R. - La performance du verre Oraé® de Saint-Gobain a été rendue possible grâce à un contenu élevé en verre recyclé et sans aucun compromis sur les performances techniques, l’esthétique ou la qualité des produits
Pour satisfaire la demande des transformateurs en termes de production de verre bas carbone, Saint-Gobain a créé la gamme Orae® : « Ce produit intègre 64 % de verre recyclé ou calcin. C’est une belle performance comparée à notre verre standard, le substrat verrier basique Planiclear qui comprend seulement 19 % de verre recyclé pour produire un verre de 4 mm d’épaisseur », indique Adrien Puichaud.
© Saint-Gobain - D.R. - Saint-Gobain Glass a intégré Oraé®, qui possède l’une des plus faibles empreintes carbone du marché ; dans son portefeuille de produits, la solution Cool-Lite Xtreme Oraé® allie ainsi la performance et le développement durable
Le verre low carbon d’AGC Glass présente plus de 50 % de calcin externe recyclé évalué selon la norme ISO14021. « Le Planibel Clearlite de 4 mm d’épaisseur, notre verre float standard, affiche un Potentiel de Réchauffement Global (PRG) de 10,6 kg de CO2 éq/m². Celui du verre Low-Carbon Glass d’AGC en 4 mm s’établit à seulement 5,5 kg de CO2 éq/m² », se félicite Pascal Bielle.
Le fait d’intégrer du calcin pour obtenir du verre au lieu de fusionner directement du sable et de la soude notamment, permet aux industriels de moins utiliser les ressources de matières premières. « Et plus on réincorpore de la matière fusionnée dans le four à 1 600 °C, plus on diminue l’énergie nécessaire et moins on pollue », note Pascal Bielle.
Récupérer le calcin devient une priorité
Pour obtenir le calcin recyclé, Saint-Gobain Glass et son confrère AGC Glass doivent récupérer à la fois les chutes de verre des transformateurs industriels et collecter les menuiseries en fin de vie sur les chantiers. « L’enjeu est de pouvoir récupérer du calcin recyclé en boucle fermée. Ainsi, le vitrage de la fenêtre qui a été déposée par l'artisan lors d’une rénovation chez un consommateur particulier doit pouvoir repartir dans sa filière originelle : le verre pour le bâtiment », insiste Adrien Puichaud.
Selon l’Ademe, le gisement global annuel de verre plat à recycler en France est d'environ 200 000 tonnes. « Cela ne veut pas dire que les 200 000 tonnes sont entièrement récupérées. Annuellement, le marché français a besoin de 600 000 tonnes de verre plat. Pour produire 50 % des besoins en bas carbone, il manquerait aujourd’hui 100 000 tonnes de verre recyclé pour obtenir 50 % de matière recyclée dans la production », tempère Pascal Bielle.
Il y a quelques années, le groupe Saint-Gobain a créé Saint-Gobain Glass Recycling, un réseau de partenaires démanteleurs qui collectent les menuiseries en fin de vie selon un cahier des charges bien précis. Ce réseau a vocation à grandir. « En travaillant avec les acteurs du réseau Saint-Gobain Glass Recycling, les donneurs d’ordres reçoivent des attestations mentionnant leur contribution à la réduction de tant d'équivalent de CO2 en faisant du recyclage en boucle fermée. Cette quantité de CO2 valorisée lors de la déconstruction peut être réinjectée dans une construction nouvelle », souligne Adrien Puichaud.
De son côté, Pascal Bielle affirme : « La récupération des matériaux à recycler en boucle fermée n’est pas facile à mettre en place, mais elle est vertueuse ». Elle permet aussi de respecter les propriétés chimiques d'un produit pour le revaloriser dans la même filière. « L’action de Saint-Gobain Glass Recycling permet de certifier que le calcin produit par les entités du réseau est conforme au recyclage en boucle fermée dans les usines de fabrication. Car Saint-Gobain cherche à la fois à réduire l'impact environnemental – c’est-à-dire la diffusion de carbone intégré – au moment de la fabrication du produit. Puis à restreindre les émissions de carbone opérationnel liées à l'exploitation du bâtiment – notamment le chauffage, la climatisation – en proposant au marché les meilleurs produits possibles en termes d'économie d’énergie. Le recyclage en boucle fermée est un maillon fort pour construire une chaîne de valorisation vertueuse », relève Adrien Puichaud avec conviction.
Disponible en différentes gammes de produits et épaisseurs, le verre low carbon d’AGC Glass peut servir de matériau de base pour la fabrication des doubles et triples vitrages. Mais que gagne-t-on à choisir un verre bas carbone par rapport à un verre classique ? « De façon globale, entre un vitrage isolant 4/16/4 “classique” et un 4/16/4 à base de verre Orae®, la réduction est de 30 % sur l’indicateur de réchauffement climatique GWP. Orae® possède l’une des plus faibles empreintes carbone du marché : 6,64 kg CO2 eq./m² sur l’ensemble de son cycle de vie, pour un substrat de 4 mm », pointe Adrien Puichaud.
Les fiches FDES : une carte d’identité des produits
Mais comment le marché de la construction perçoit-il le verre bas carbone ? « Les grandes foncières qui construisent pour l’avenir sont très sensibles à la mise en place dès aujourd'hui des bilans carbone très optimisés pour la construction d'un nouveau bâtiment », témoigne Pascal Bielle.
En prenant les valeurs carbone les plus basses possibles, elles veulent garantir la valeur de leur futur actif immobilier et éviter de se retrouver dans dix ans avec des bâtiments dont la valeur aura diminué par rapport à un bâtiment qui aura anticipé la réglementation RE2020. « Je sens vraiment que le marché part dans cette direction. Il y a deux ans, cette pression n’existait pas », remarque Pascal Bielle.
Les grandes foncières, les maîtres d'ouvrages ou les bureaux d’études demandent en effet de plus en plus souvent aux fabricants le bilan CO2 de leurs doubles vitrages.
Pour leur répondre, les producteurs de verre float sortent leurs Fiches de déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES). Cette FDES est la carte d’identité environnementale des produits de construction. Basée sur les résultats de l’Analyse du cycle de vie (ACV) d’un produit, elle est valable 5 ans.
« Consulter la fiche FDES d’une fenêtre permet d’en vérifier la performance des éléments. Clairement, de plus en plus de fiches FDES sont publiées par les gammistes – PVC ou aluminium – voire certains fabricants de fenêtres qui ont leur propre gamme et intègrent le verre Orae®. Les fiches FDES constituent un outil majeur pour aider les professionnels à choisir les matériaux afin de construire ou de réhabiliter un bâtiment. Il s’agit de rendre celui-ci plus durable, avec des impacts limités sur l’environnement, tout en créant une ambiance saine pour les futurs utilisateurs », résume le responsable marketing opérationnel pour la société Glassolutions.
Pour répondre aux demandes, AGC Glass a imaginé le configurateur Yourglass. Consultable sur Internet, il délivre automatiquement une fiche FDES vérifiée avec les produits AGC et leurs valeurs de production. « Je pense que dans quelque temps, le poids carbone d’un double vitrage sera un argument commercial : à prix équivalent, les décideurs arbitreront entre un produit présentant 40 kilos de CO2 contre 35 à son concurrent via les FDES », pronostique Pascal Bielle.
Mais que se passera-t-il lorsque de très grands acteurs européens de la fenêtre réclameront de grands volumes de verre bas carbone ? Depuis novembre 2024, la société autrichienne Internorm a basculé l'entièreté de ses gammes en verre bas carbone.
« En Allemagne, Dovista nous demande de lui fournir entre 20 000 et 30 000 tonnes de verre décarboné. Si le marché bascule dans une consommation forte de verre bas carbone, il n'y en aura pas pour tout le monde et il va devenir compliqué de livrer, qu’il s’agisse d’AGC Glass ou de nos concurrents… », interpelle Pascal Bielle.
© Fineo - D.R. - Fineo, verre sous vide le plus fin du marché développé par AGC est le premier et seul vitrage isolant sous vide au monde porteur du marquage CE et de l'Avis Technique ; il est produit en Belgique
Une nouvelle piste s’entrouvre avec la production des verres sous-vide Fineo d’AGC Glass et Insio® de Saint-Gobain. Dans sa version standard, Fineo est composé d’un vide de 0,1 mm enserré entre deux feuilles de verre pouvant chacune présenter entre 3 et 6 mm. L'une des feuilles de verre est recouverte d'une couche à faible émissivité. Et malgré sa faible épaisseur, Fineo offre une isolation thermique similaire à celle d’un triple vitrage !
De son côté, Saint-Gobain Glass a prévu de commercialiser Insio® en France dans le courant de l’année 2025 via le réseau de transformation Glassolutions. Deux versions seront disponibles : l’une en 8 et 12 mm d’épaisseur. La seconde, nommée Insio® Hybrid, sera montée en double vitrage. Celle-ci devrait proposer des performances d’isolation thermique remarquables avec une valeur Ug attendue inférieure à 0,4 W/(m².K). Insio® sera aussi disponible en version bas carbone avec Orae®, renforçant ainsi ses avantages environnementaux.
© Fineo - Prunet - Fineo excelle autant pour ses performances thermiques équivalent au triple vitrage que pour sa capacité à s’adapter à toute rénovation de bâtiments patrimoniaux
Mais ces vitrages sous vide se destinent pour le moment à un marché de niche – notamment pour les bâtiments du patrimoine – en raison de leur coût au mètre carré et de la petitesse de leur production, bien qu’AGC Glass ait annoncé l'ouverture prochaine d'une seconde ligne de fabrication. À suivre…
La certification des vitrages : un gage de confiance
Étant donné la tension actuelle dans la construction, les acteurs verriers travaillent plus que jamais sur la notion de qualité pour remporter des marchés. Ils soumettent leurs produits au CEKAL, l’organisme certificateur des vitrages en France, montrant qu’ils sont prêts à subir des audits de contrôle réguliers. Présidente du CEKAL, Nelly Philipponnat vient d’être réélue à son poste pour une nouvelle mandature de trois ans (2025-2028). Elle explique : « La certification CEKAL atteste des moyens mis en œuvre par un centre de production pour fabriquer des vitrages de qualité, assurer leur durabilité et leur aptitude à l’emploi, conformément aux règlements de la certification ».
© Cekal - D.R. - CEKAL organise régulièrement des conférences sur des thèmes intéressant à la fois les producteurs de vitrages isolants (VI), de vitrages feuilletés (VF) et de vitrages trempés (VT), comme ici, à Batimat ; au micro, Nelly Philipponnat, présidente de CEKAL, a été réélue pour une mandature de trois ans (2025-2028) le 3 avril 2025
Le CEKAL est né il y a 35 ans d’une action volontaire des transformateurs de verre. Et depuis l’origine, cette démarche de la profession au sens très large se maintient. Mieux encore : elle dépasse même les frontières françaises.
Il y a actuellement 180 centres certifiés CEKAL, dont la moitié hors de France, qui représentent une production annuelle de 33,9 M de m² de vitrages : 20,8 M de m² de vitrages isolants (VI), 11,9 M de m² de vitrages feuilletés (VF) et 1,2 M de m² de vitrages trempés (VT).
CEKAL étant une certification et non un label, il démontre sa neutralité et son impartialité via une accréditation obligatoire du Comité Français d’Accréditation (Cofrac). « C’est le gage de crédibilité du certificat. Une étape importante vient d’être franchie avec la délivrance d’une attestation pluriannuelle faisant suite à une "évaluation" renforcée. Au travers de la prochaine évaluation qui aura lieu en 2026, CEKAL devra continuer à démontrer que cette accréditation reste justifiée. Quand un transformateur verrier est certifié CEKAL, l’on sent bien que cela lui apporte une confiance supplémentaire », précise Nelly Philipponnat.
© Saint-Gobain Glass - D.R. - Oraé®, verre bas carbone de Saint-Gobain Glass équipé d’espaceurs warm edge Technoform SP14. Produits par Glassolutions BUMI - CEV. Villa Trévi 2 à Aulnay (93), livrée en 2024, promoteur Verrecchia
À travers le CEKAL, une profession s’est prise en charge pour aider tous ses acteurs à fabriquer de la qualité et à accéder aux bonnes informations. En 2025, le CEKAL organisera son 9e cycle de Rencontres régionales autour de la certification des vitrages à Aix-en-Provence (8 juillet), Nancy (25 septembre), Bordeaux (16 octobre) et Angers (20 novembre). Thème abordé : le nouveau Règlement des produits de construction (RPC) publié en décembre 2024. Il s'agira d’essayer de discerner et d’analyser les évolutions de ce document pour en tenir compte le mieux possible. « Ce travail va se dérouler sur plusieurs années. En effet, certaines parties du texte sont applicables à brève échéance tandis que d’autres ne seront d’actualité qu’à la sortie des normes harmonisées correspondantes », explique Nelly Philipponnat qui est aussi directrice Bâtiment durable chez Saint-Gobain Habitat et très au fait de toutes les évolutions environnementales touchant la construction.
Éviter les transferts thermiques : le rôle clé des espaceurs
Pour éviter les entrées d’air extérieur froid dans un bâtiment ou que l’air intérieur chaud ne s’en échappe, le vitrage isolant (VI) est muni d’un intercalaire (également nommé cadre ou espaceur). Son rôle est de maintenir ensemble et au même écartement, les deux verres constituant le VI. Un double vitrage classique est fabriqué avec deux vitrages de chacun 4 mm d’épaisseur, retenus par un espaceur et séparés par une lame d’air de 16 mm remplie par un gaz neutre, type argon ou krypton. Le plus souvent, un tamis moléculaire est intégré dans l’intercalaire de manière à éliminer l'humidité qui pourrait migrer à l'intérieur de la lame d’air.
L’espaceur peut être réalisé en acier inoxydable, en aluminium ou en matériaux composites, ces derniers ayant le plus faible coefficient thermique car ils isolent mieux les bordures du verre : on parle de warm edge ou bord chaud, type de produit apparu en 2007 en France.
Les premiers intercalaires warm edge sont des produits rigides. Ils sont réalisés en matière de synthèse PVC doublée d’un feuillard métallique fin en aluminium ou en inox. Puis apparaissent ensuite des modèles en polypropylène ou en résine styrène-acrylonitrile (SAN) en partie chargée de fibre de verre avec feuillard composite.
Les espaceurs souples tirent également leur épingle du jeu. Des extrudés organiques sont proposés sous forme de mousse qui permettent d’obtenir des intercalaires non rigides.
Chaque industriel rivalise d’ingéniosité pour offrir un produit qui ne se déforme pas mécaniquement, qui ne perd pas ses propriétés dans le temps et qui s’accorde esthétiquement avec la couleur de la menuiserie tout en étant le moins conducteur possible. Le coefficient de transfert thermique du cadre, noté, est la perte additionnelle due à l'intercalaire. Il se mesure en watt par mètre-kelvin (W m−1 K−1). Il varie de 0,15 (pour un modèle ancien en aluminium) à 0,03.
Technoform milite pour l’abandon des espaceurs métalliques
Actuellement, si 90 % des fabricants de vitrage sont à même d’offrir de l’espaceur à bord chaud, la production d’intercalaires métalliques n’est pour l’heure pas encore totalement éteinte. Créateur d’espaceurs rigides, Technoform milite pour que les fabricants de vitrages isolants cessent d’utiliser les espaceurs aluminium et passent à 100 % en approvisionnement avec l’espaceur warm edge Technoform SP14.
« C’est un moyen simple, concret, actionnable immédiatement et économique pour les fabricants de fenêtres, portes et façades de se rapprocher de leurs objectifs d'émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’apporter de la valeur ajoutée supplémentaire à leurs clients », argumente Thibaud Durousset, directeur commercial et opérations France Technoform Glass Insulation.
Comparativement à un espaceur aluminium, les espaceurs warm edge de Technoform revendiquent un gain d’au moins 0,1 W/(m².K) sur le coefficient Uw des fenêtres, façades et parois vitrées (portes, vérandas), soit des économies d’énergie dans la durée pour les utilisateurs finaux.
Ils permettent d’économiser jusqu’à 75 % de carbone sur l’indicateur environnemental de référence utilisé dans la RE2020 et les objectifs GES des politiques de développement durable des entreprises. Enfin, ils offrent aux utilisateurs finaux des gains de mètres carrés utiles, l’occasion d’en finir avec les courants d’air froid en hiver et une réduction significative du risque de condensation en bordure du vitrage, ce qui prévient la formation de moisissures au niveau des joints.
« Nous avons développé un simulateur pour aider les fabricants de fenêtres à évaluer la quantité de carbone qu’ils pourraient économiser par an en adoptant nos produits. Ils peuvent nous contacter dès maintenant pour évaluer les gains qu’ils pourraient réaliser pour préparer 2026, ou même imaginer un changement dès mi-2025 pour passer à 100 % en warm edge », évoque Thibaud Durousset.
Petit à petit, le warm edge fait sa place. Près de 18 ans après sa venue sur le marché de la fenêtre, il est déjà présent dans plus de 70 % des menuiseries qui sortent des ateliers. Le marché s'oriente de plus en plus vers de la performance. Tendance logique : les parts du warm edge augmentent et celles des intercalaires en aluminium diminuent petit à petit, même si l'aluminium reste une solution intéressante pour réaliser des chantiers à prix très bas.
Swisspacer mise sur la souplesse de l’ABS
Pour sa part, la filiale de Saint-Gobain conçoit des espaceurs warm edge rigides avec pour nouveauté principale le Swisspacer Ultimate Pro, présenté lors du dernier Salon Glasstec 2024 à Düsseldorf. Adoptant la même esthétique que Swisspacer Advance et Swisspacer Ultimate, son corps de base n'est plus en styrène-acrylo-nitrile (SAN), comme pour Advance et Ultimate, mais en acrylonitrile-butadiène-styrène (ABS), lui conférant une plus grande élasticité, tout en gardant la rigidité traditionnelle des espaceurs Swisspacer.
© Saint-Gobain Glass - DNA - Le corps de base du Swisspacer Ultimate Pro est en acrylonitrile butadiène styrène (ABS), lui conférant une plus grande élasticité, tout en gardant la rigidité traditionnelle des espaceurs Swisspacer
Chef des ventes et du marketing France pour Swisspacer, Björn Kluth commente : « Ceci permet de répondre plus facilement à la demande croissante pour des vitrages isolants de grandes dimensions. Swisspacer Ultimate Pro a vraiment trouvé sa place auprès de nos clients transformateurs en Allemagne et dans d’autres pays européens. Il sera également diffusé en France dans les prochains mois », très désireux que le CSTB agrée enfin ce produit pour en permettre la commercialisation sur le marché hexagonal.
© Saint-Gobain Glass/Swisspacer - Pas moins de 17 couleurs sont disponibles pour harmoniser la gamme des espaceurs de Swisspacer avec les menuiseries
La norme RE2020 imposant des exigences élevées en matière d'efficacité énergétique et de bilan CO2 des bâtiments, les solutions thermiquement optimisées tels que les produits warm edge sont de plus en plus mises en avant. « Nos espaceurs warm edge contribuent à la fois à économiser de l'énergie et à réduire les émissions de CO2 pendant la phase d'utilisation d'un bâtiment. Parallèlement, nous avons investi très tôt dans l'analyse du cycle de vie de nos produits. Depuis la publication de notre première EPD – l'équivalent européen de la fiche FDES française – en 2019, nous travaillons continuellement à son optimisation. Aujourd'hui, nous atteignons avec nos espaceurs un GWP de seulement 0,143 kg CO2 eq par mètre linéaire (pour 16 mm) – une valeur qui nous prépare très bien aux exigences réglementaires à venir. Le thème de la durabilité nous tient à cœur et occupe une part importante de notre pôle R&D », témoigne Björn Kluth.
© Edgetech - WEIDart.lu - La solution warm edge d’Edgetech s’accorde aux vagues créatives des façades du Skypark, extension de l’aéroport de Luxembourg. Livrée en 2023, cette réalisation a été confiée par Lux-Airport à l’architecte BIG I Barjke Ingels Group
Swisspacer se mobilise aussi au recyclage de ses chutes de production, élément central de sa démarche en matière de développement durable. « Nous avons commencé très tôt à réintégrer entièrement nos chutes de matériaux dans notre cycle de production interne. En outre, nous travaillons maintenant d'arrache-pied à la création d'un service permettant d'impliquer également nos clients dans ce cycle », relève Björn Kluth. « Concrètement, nous développons actuellement en circuit fermé un service de reprise des chutes générées lors de la transformation de nos espaceurs. Ce matériau préconsommation sera collecté à l'avenir chez nos clients et réintégré dans notre cycle de production », annonce-t-il.
Par le biais de ce service, Swisspacer veut aider ses clients de manière ciblée à être partie prenante d’une économie circulaire simple, fiable et adaptée à leurs process. « Courant 2025, nous devrions être prêts à proposer cet accompagnement à nos clients en France et dans d'autres pays européens », projette Björn Kluth.
Espaceurs warm edge : souple ou rigide ?
Laquelle des deux familles d’espaceurs warm edge l’emporte-t-elle aujourd’hui sur le marché industriel : rigide ou souple ?
Localisée à Vendargues (34), la société Covadis commercialise dans toute la France des équipements pour les entreprises de menuiserie. Elle distribue à la fois les intercalaires aluminium conçus par Profilglass, les intercalaires thermiques d’Alu-Pro et les solutions warm edge souples d’Edgetech.
« Ces dernières s’imposent de plus en plus car elles permettent la gestion totalement automatisée des tâches industrielles. Lorsqu’un robot applicateur vient directement poser le cordon souple du Super Spacer d’Edgetech sur le verre, le dessicant est intégré ainsi que le butyle. Par rapport à l’emploi de cadres warm edge rigides, ici, ce sont trois machines en moins qui permettent à l’industriel de gagner de la place dans l’atelier », signale Vincent Ausset, PDG de Covadis. « Et alors qu’au moins une ou deux personnes travaillaient sur les postes de mise en place des cadres rigides, la tâche est entièrement automatisée avec le warm edge souple. De plus en plus de grands groupes s’essayent à l’automatisation permise par Edgetech : cette solution les satisfait. En installant plusieurs dérouleurs de rubans warm edge sur une même machine, Edgetech permet aux industriels de travailler avec 4 à 8 dimensions de Super Spacer différentes sans arrêt pour changer de format », conclut Vincent Ausset.
Opter pour une ligne warm edge est stratégique
Mais comment Edgetech appréhende-t-il les choses ? « En 2024, le marché du warm edge a été relativement performant pour nous car nous avons vendu de nouvelles lignes à de nouveaux clients qui viennent s'additionner aux anciens. Ces nouveaux volumes nous ont permis finalement de vivre une année correcte alors que le marché est plutôt en souffrance », constate Fabrice Keller, manager France et Balkans d’Edgetech.
© Edgetech - D.R. - Les solutions warm edge d’Edgetech s’imposent de plus en plus dans les ateliers car elles permettent la gestion totalement automatisée des tâches
Un industriel qui se rapproche d’Edgetech se pose de vraies questions stratégiques : il cherche souvent à se différencier de ses concurrents ou à disposer d’un produit plus performant... Ou bien à réorganiser totalement son mode de production industriel.
Lorsqu’un fabricant de vitrages isolants utilise des barres rigides, il met en œuvre un processus en plusieurs étapes. D’abord, il faut couper des barres de 6 m pour les mettre à la bonne taille. Ensuite, il faut plier ces barres pour en faire des angles, remplir le cadre formé avec du dessicant, le fermer pour ensuite l’accrocher et le déplacer dans l'atelier, le redécrocher pour y insérer le butyle... et enfin poser le cadre directement sur le verre.
Si ce même industriel investit en moyenne 2 M€ – voire davantage avec les options – dans une ligne warm edge Super Spacer d’Edgetech, il peut automatiser entièrement le processus avec un robot applicateur et gagner donc en productivité.
© Edgetech - D.R. - En mode automatique, un robot applicateur vient directement poser le Super Spacer d’Edgetech sur le verre, dessicant intégré
Actuellement, la tendance est à l’automatisation pour plusieurs raisons. D’abord, les recrutements de personnels compétents sont plus difficiles. Ensuite, les acteurs du verre isolant se concentrant davantage, il est nécessaire de gagner en compétitivité pour emporter des marchés face à la concurrence. « Lorsqu’un professionnel du VI s’oriente vers ce type de solution technologique, il économise en main d’œuvre tout en limitant les déplacements de ses cadres de vitrages à l'intérieur de l’usine », avise Fabrice Keller.
Plusieurs types de demandes commerciales coexistent : un client ayant déjà une ligne de production Edgetech souhaite en installer une deuxième. Un autre possède une ligne de production mais il désire s'en séparer pour en acheter une nouvelle. Un troisième conserve une ligne relativement ancienne à laquelle il veut ajouter un robot... « Je construis actuellement un projet avec un client qui détient une ligne de moins de 5 ans et qui souhaite lui ajouter un robot applicateur, ce qui est possible. Tous les cas de figures sont envisageables », rappelle Fabrice Keller.
Mais tout dépend aussi de l’espace existant dans l’atelier. « En caricaturant, nous venons couper la ligne warm edge et nous installons le robot entre les deux parties. Si un bâtiment s’étire sur une longueur de 45 m et qu'une ligne en occupe 40 m, y faire entrer un robot sera compliqué », prévient Fabrice Keller. Dès lors, l’investissement ne va plus seulement concerner les machines : il devra inclure l'extension d'un bâtiment. Ce changement d’ordre de grandeur financier peut freiner un dirigeant d’entreprise très motivé à utiliser les technologies d’Edgetech.
Choisir la technologie Super Spacer de façon automatique nécessite effectivement un investissement et une longue réflexion. « J’ai un projet qui va être installé cette année : j’y travaille depuis 4 ans », illustre Fabrice Keller. Plus le client a la capacité de travailler avec efficience, plus les investissements sont lourds. Il existe une grosse différence entre le fabricant qui utilise une référence principale de Super Spacer – par exemple du 16 mm déposé avec un robot – et celui qui s’offre une chaîne avec des machines permettant de changer régulièrement les dimensions et les couleurs des Super Spacer pour produire en permanence.
« Les investissements que nous soumettons aux fabricants sont stratégiques : il s’agit d’abandonner une façon de fabriquer pour en adopter une autre. Mais cela induit aussi d’avoir suffisamment de débit pour pouvoir prendre la ligne », distingue Fabrice Keller.
En matière d’espaceurs, il n’existe pas de mauvaise stratégie industrielle. Un client qui utilise des espaceurs rigides peut faire varier ses fournisseurs pour des raisons de prix, d’esthétique ou de facilité d'utilisation : il utilise le concurrent A puis, de temps en temps, le concurrent B. Et, ensuite, le concurrent C. Mais la technologie reste la même : il aura la possibilité de travailler avec plusieurs intercalaires plastiques. Opter pour Super Spacer permet d’avancer différemment dans la fabrication du VI. Mais est-il possible de revenir en arrière ?
« Aujourd’hui, tous les clients que je connais ont toujours la capacité et l'espace suffisant pour continuer à utiliser du cadre rigide. Si demain ils ont un projet en intercalaire métallique – ce qui se fait de moins en moins – ils arrêtent le robot et posent du cadre métallique. Cela reste possible », rassure Fabrice Keller.
Les industriels doivent donc réfléchir aux atouts des différentes solutions industrielles avant d’en choisir une. Tout consiste à opter pour la plus judicieuse et compatible avec la décarbonation, cette dernière n’étant pas un choix, mais bien une obligation à tenir pour éviter le réchauffement de la planète...
Photo ouverture - © Foster + Partners - Edgetech - L’Agence Foster + Partners a réalisé la conception architecturale et environnementale ainsi que l'ingénierie structurelle des tours sculpturales Lusail Plaza dans la ville éponyme, au Qatar. « Nous avons créé un nouveau symbole pour la ville de Lusail », s’est exprimé Luke Fox, directeur du studio de Foster + Partners. « Les quatre tours, avec leurs enveloppes fortement ombragées, s'élèvent dans un tissu urbain tout en considérant l’échelle humaine et le climat ». Edgetech a fourni les intercalaires flexibles Super Spacer® parfaitement adaptés aux contraintes climatiques et à cet envol architectural
Source : verre-menuiserie.com