Centres d’essais & contrôle qualité au cœur des réacteurs

Les unités de production ne peuvent plus se dispenser de s’équiper de laboratoire et d’outillages pour réaliser leurs propres tests, sauf à manquer de réactivité et de vigilance.

Le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) a inauguré le 28 mars à Marne-la-Vallée, Achille, un laboratoire, cofinancé par le Programme France 2030, la Région Île-de-France et le CSTB, qui permet de tester la résistance et la durabilité des systèmes de fixation et de leurs supports, points névralgiques de la sécurité des bâtiments. Intégrant des moyens d’essais ultraperformants, adaptés à tous les matériaux, traditionnels ou émergents, à faible empreinte carbone notamment, Achille est unique en Europe. 

 

© Groupe Hydro - Laboratoire d’essais à Courmelles (Aisne) du Groupe Hydro

 

« Nous adaptons nos équipements en fonction des demandes, en tenant compte de l’évolution du climat. Par exemple, nous pouvons vérifier le comportement des produits en cas d’écart significatif de température. Pour baisser l’empreinte carbone du bâtiment, il faut augmenter la durée de vie des produits, c’est pourquoi nous nous intéressons au vieillissement mécanique et réclamons la création d’une classe de certification des fenêtres à 20 000 cycles, qui équivaudrait à un usage pendant plus de 30 ans, à raison de deux mouvements par jour », déclare Hubert Lagier, directeur division baies & vitrages au CSTB. Autre sujet de préoccupation : le vieillissement du PVC en "climat sévère". « Le CSTB a investi dans une enceinte spécifique afin de vérifier le comportement du PVC en situation de "climat sévère". La norme prévoit le vieillissement du PVC en situation de climat modéré, mais les industriels anticipent le changement climatique, d’ici 20 ou 30 ans, les conditions seront différentes », poursuit-il. 

 

Pour rappel, le CSTB instruit les dossiers en vue de la délivrance des Avis Techniques des fenêtres PVC et aluminium, à rupture de pont thermique, par exemple. Le FCBA se chargeant des fenêtres en bois. Le CSTB qualifie les produits suivant la certification NF Fenêtres et blocs-baies PVC et aluminium RPT qui garantit la constance du niveau de qualité de la production. La norme impose aux fabricants de disposer d’un système qualité organisé et de moyens d’autocontrôle régulièrement audités par le CSTB, de manière à vérifier la conformité de la production aux spécificités des règles de certification NF 220. « Le but de la marque NF est d’assurer au consommateur qu’il achète une menuiserie de qualité dont les performances sont réellement celles affichées sur l’étiquette du produit. Il s’agit d’une démarche volontaire, nous incitons nos adhérents à s’y engager car elle leur permet de contrôler la qualité en permanence et d’éviter les dérives », rappelle Philippe Macquart, délégué général de l’UFME. 

 

Côté tendance, Eric Fromentin, directeur développement produit Hydro Building Systems France (Technal, Sapa, Wicona), remarque « une demande de plus en plus insistante pour la réalisation d’essais complémentaires afin de s’assurer que les produits répondent bien aux exigences, par exemple l’exposition des matériaux à l’ensoleillement naturel ou artificiel, ou encore en matière d’endurance afin de vérifier la tenue des produits dans le temps ». Le Groupe Hydro dispose de trois chambres climatiques pour la vérification du comportement des matériaux, d’un laboratoire d’essais acoustiques, d’un robot (un bras spécifique) qui teste les cycles d’ouverture/fermeture, en plus des bancs AEV et mécaniques.

 


Reynaers cible les DOM-TOM

 

© Reynaers - Clément Aubry, responsable commercial export Reynaers

 

Dans le cadre du développement de l’activité export, Clément Aubry, responsable commercial export Reynaers, souligne l’importance de répondre à des exigences spécifiques, notamment sur les performances AEV des menuiseries. 

« Les récents cyclones et ouragans ont mis en lumière la nécessité de niveaux de résistance plus élevés », observe-t-il. Clément Aubry travaillera en étroite collaboration avec le bureau d’études pour affiner l’offre technique, afin de garantir la sécurité des biens et des personnes. « Notre objectif est de nous positionner comme un acteur incontournable sur des marchés en pleine expansion dans les DOM-TOM. Nos solutions répondent déjà aux attentes techniques, mais face à l’évolution des conditions climatiques, nous allons encore plus loin », souligne-t-il. Pour répondre à la diversité des besoins et des projets à l’export, Reynaers Aluminium France propose une gamme complète de systèmes de fenêtres et portes-fenêtres, portes, coulissants, jalousies, façades, etc. Les essais AEV réalisés en mars 2025, renforcent la pertinence de l’offre technique face à l’intensité et à la fréquence des événements climatiques. Par exemple, les fenêtres oscillo-battantes CS45 2 vantaux (1 400 x 1 800 Ht) affichent une performance officielle A4 E750a VAE2300. La prochaine campagne de tests sur l’offre des fenêtres et des portes-fenêtres coulissantes continuera à anticiper les exigences actuelles et futures en matière de résistance et de durabilité, promet cet industriel. 


 

Laboratoires internes

 

Les gammistes internalisent des équipements de tests et contrôle. « Chez Rehau France, nous avons fait le choix stratégique de disposer de nos propres laboratoires d’essais, situés directement sur nos sites de production et de développement. Ces laboratoires sont équipés de bancs de test de performance mécanique, d’étanchéité à l’air, à l’eau, au vent (AEV). Cela nous permet d’avoir une très grande réactivité dans la phase de développement de nos systèmes, mais aussi de valider en interne leur conformité avant même de les envoyer au CSTB pour les essais officiels d’agrément », affirme Maxime Boileau, directeur marketing et communication Rehau Window Solutions. « Rehau a investi récemment dans plusieurs équipements de dernière génération, dont un nouveau banc AEV, modulaire, capable de tester des menuiseries de très grand format, notamment les coulissants 3 rails qui deviennent de plus en plus demandés », précise Maxime Boileau. « Nos clients ont la possibilité de s’appuyer sur notre savoir-faire technique et nos moyens d’essais. Nous proposons un accompagnement personnalisé, qui peut aller du simple prêt de bancs de tests à des campagnes complètes de tests coconstruits avec nos ingénieurs. Cela permet à nos partenaires de valider des adaptations spécifiques ou de gagner en autonomie dans leur propre développement produit, tout en restant dans le cadre de notre référentiel technique. Nous intervenons aussi en amont, en mode conseil, pour les aider à préparer leurs essais CSTB ou à simuler des conditions extrêmes d’usage », explique Maxime Boileau.

 

© Schüco International - Schüco TechLab France, test au choc

 

Schüco France est également équipé de son propre laboratoire. « L’objectif est de pouvoir développer des produits dédiés au marché français, tenant compte des spécificités culturelles et architecturales », souligne Hamid Batoul, directeur technique. Ce centre comprend les outils nécessaires pour répondre aux exigences réglementaires : 2 bancs AEV, un banc de test d’endurance, un outil d’essais aux chocs, une machine d’essais CTQ avant et après vieillissement accéléré de profilé, ainsi que des essais de fluage, etc. « Notre laboratoire, en lien avec un atelier qui fabrique des maquettes, nous permet de valider nos développements. Nous invitons également nos clients façadiers à venir y tester leurs échantillons avant de lancer la production de projet complexe. Il sert aussi au bureau d’études dans la création de produit sur mesure… Nous facturons – symboliquement – ce service à nos clients, sur la base de tarifs très avantageux par rapport aux prix pratiqués par des tiers extérieurs », assure Hamid Batoul.

 

« En amont », indique Luis Gardoso, directeur R&D Installux, « tous nos composants sont testés dans nos centres industriels (composition de la matière, revêtement, assemblage), y compris les accessoires ». Puis les produits sont mis en condition réelle sur des bancs d’essai. « Des tests AEV sont effectués sur les menuiseries (fenêtre, pergola, véranda), des tests au choc organisés pour les garde-corps et murs-rideaux par exemple, des dispositifs de tests de déformation des profils permettent de vérifier leur résistance à l’arrachement, etc. », ajoute-t-il.

 

Malerba s’est doté de fours d’essais, d’une salle acoustique et d’éléments robotisés pour les essais de battements normalisés. « Les fours d’essais dont nous bénéficions depuis 2017 nous permettent d’être plus ambitieux dans la conception de nos produits et de trouver le juste équilibre entre la composition d’une porte, ses performances de résistance au feu par exemple, afin de valider les PV, et la réalité économique », avance David Palmero, directeur commercial de Malerba. Ce fabricant réalise en moyenne un essai feu par semaine, il valide les essais en amont des essais officiels et peut ainsi se montrer plus réactif.

 


‘‘ Le laboratoire, un outil de production comme un autre ’’, Jean-Michel Lafontaine, directeur technique de Leul

 

© Leul - Leul dispose de son propre laboratoire

 

Leul, fabricant de portes et fenêtres, certifiées NF Fenêtres PVC et BOIS, intègre son propre laboratoire d’essais. « La certification est volontaire et dans ce cadre des essais AEV sont obligatoires. Nos outils de contrôles sont étalonnés à dates anniversaires et nous procédons à des autocontrôles tous les six mois. Dans une unité de production industrielle, la présence d’un laboratoire s’impose à la fois pour mesurer au quotidien la conformité des produits et pour mettre au point des prototypes. C’est un outil aujourd’hui comme un autre, indispensable », martèle Jean-Michel Lafontaine, directeur technique et bureau d’études de Leul. Voilà pour l’approche. Dans l’atelier, le service qualité s’étoffe. « Nous intégrons progressivement des techniciens qualité, chargés du suivi du plan qualité et du respect des procédures », confie-t-il.


 

Contrôle qualité

 

« Les contrôles consistent à vérifier l’aspect, la couleur, la géométrie (dimensionnelle, linéarité et planéité) et le poids. Si nécessaire des tests de montage (insertion joint, gabarits de montage) et de fonctionnement (essai de casse) sont réalisés », explique Sven Raedersdorf, responsable Qualité Usine Rehau. D’autres contrôles, en laboratoire, sont effectués à fréquence régulière pour garantir la conformité fonctionnelle du produit (soudabilité, retrait, choc à froid...) et la conformité de la matière. « L’ensemble de ces contrôles sont gérés via notre système de qualité intégrée (QM-Modul), qui centralise et informe les opérateurs de la fréquence de contrôle et du type d’essai à réaliser. Dans cette base sont documentés et archivés les résultats obtenus. Ceci permet d’assurer que l’ensemble des contrôles sont bien effectués pour garantir la conformité d’un produit avant sa livraison chez nos clients », poursuit-il. Ce n’est pas tout. « Nous souhaitons développer l’autodétection des défauts en ligne en améliorant notre système de caméras et de capteurs laser. Dans une optique d’usine 4.0 (IFactory), des développements sont en cours en interne, afin d’améliorer les systèmes automatiques de détection et d’éjection des longueurs défectueuses, ceci pour affiner encore plus la détection des défauts et être ainsi plus réactif et diminuer les taux de rebuts et les défauts chez les clients », annonce Sven Raedersdorf. 

 

Dans le groupe Hydro, Éric Fromentin mentionne les contrôles effectués avant la commercialisation des barres. Un autre service de contrôle surveille la production. « Le groupe a investi dans un scanner OGP de contrôle des profilés, joints, accessoires en 3D », glisse-t-il.

 

Vitrage contrôlé

 

© CEKAL - Test papillon (rupture en partie adhésive)

 

Dans le secteur du verre, un référentiel technique liste les contrôles à diligenter en usine. « De nombreux contrôles émanent des normes européennes, sur lesquelles CEKAL s’aligne, mais nous apportons une plus-value avec certaines exigences supérieures », note Jérôme Carrié, secrétaire général de cet organisme certificateur des vitrages. Il cite en exemple la durée de l’essai de résistance à l’humidité des systèmes d’assemblage fixée à 21 jours par la norme européenne et à 56 jours par CEKAL. « Nous apportons également un éclairage là où la norme n’est pas suffisamment claire ; ainsi concernant le triple vitrage, CEKAL demande un suivi annuel du taux de remplissage gaz », complète-t-il. Le diable se cachant dans les détails, en 2024, CEKAL a réclamé que la température de l’eau de lavage des verres soit vérifiée. « Une feuille de verre plat doit être lavée dans une eau supérieure ou égale à 35 degrés, car si la température est trop basse, le lavage ne s’effectue pas dans des conditions efficaces », détaille Jérôme Carrié. Une contrainte supplémentaire, certes, mais qui vise à fabriquer un produit de qualité.

 

© Iwan Baan - AGC Skyline : des tests spécifiques ont été requis pour ces vitrages isolants intégrant du marbre

Projet : Perelman Performing Art Center, New York — Produit : Eco Mineral Glass — Architecte : Rex — Transformateur verrier : AGC Skyline — Photographe : Iwan Baan

 

« Nous menons, en plus des essais obligatoires, des tests spécifiques suivant les applications, par exemple mesurer la réflexion lumineuse sur des verres antireflets », résume Maxime Burnichon, responsable qualité, sécurité, environnement d’AGC Skyline. « Des machines innovantes apparaissent. Ainsi, il est désormais possible de mesurer le gaz argon injecté à l’intérieur du vitrage en direct sur la ligne et d’enregistrer cette mesure, le test devient systématique », relève-t-il. Dans son activité de production de verre complexe, les demandes de nouveaux tests affluent, comme autant de gages de qualité.

 

— Véronique Méot

 

Photo ouverture © Rehau - Laboratoire Rehau
Source : verre-menuiserie.com

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