Les centres d’usinage continuent de progresser

De plus en plus automatisés, les centres d’usinage destinés à la menuiserie ont connu de nombreuses évolutions ces dernières années.

Automatisation, précision, connectivité permettent aux entreprises de menuiserie de gagner en productivité et en efficacité.

 

© Ryko

© elumatec

Photos : ouverture © Fom Group - ci-dessus © Ryko - © elumatec — Les centres d’usinage de profilés aluminium, PVC ou acier transforment toujours plus leurs capacités en phase avec les évolutions du marché et les mutations sociétales des métiers

 

« Nos clients ont plus besoin aujourd’hui d’un process que d’une simple machine ». Franck Touri, directeur général d’Emmegi France pose le débat. La tendance forte est clairement de ne plus raisonner machine par machine mais plutôt par process en ayant une seule chose en tête, ajoute-t-il ; « le client veut pouvoir partir des profilés et récupérer un produit fini ». Avoir le moins d’intervention humaine possible est une des attentes fortes des utilisateurs. L’automatisation et la digitalisation vont dans ce sens, confie Gilles Le Bagousse, directeur commercial du groupe FOM en France : « Nos centres d’usinage ont tous bien progressé ces dernières années avec notamment l’intégration du travail par le logiciel métier. Des logiciels qui ont beaucoup évolué et sont très accessibles. Posséder un logiciel facile d’utilisation permet à n’importe quel opérateur d’utiliser le centre d’usinage ».

 

‘‘ Aujourd’hui, l’investissement dans l’automatisation des centres d’usinage est incontournable. Nous ne parlons plus de machines, mais véritablement de process ’’, souligne Franck Touri, directeur général d’Emmegi

 

Une généralisation des solutions de Conception Assistée par Ordinateur qui permet une transition plus fluide entre la conception et la fabrication avec parfois des simulations numériques qui vont anticiper le besoin d‘usinage et ainsi optimiser le processus de production. Les interfaces étant de plus en plus ergonomiques, elles permettent également de réduire les erreurs et d’accroître la productivité en diminuant le temps de fabrication. Les commandes numériques qui sont très précises et intuitives rendent plus efficace la gestion des tâches de production en permettant des ajustements plus fins et répétitifs avec une grande précision. La productivité est au cœur du développement des machines, explique Franck Touri : « aujourd’hui, c’est un investissement obligatoire. D’ailleurs, si auparavant seuls les gros faiseurs investissaient dans des machines automatisées, maintenant toute société est concernée, quelle que soit sa taille car elle doit accroître sa productivité ».

 

‘‘ La menuiserie aluminium va évoluer vers l’automatisation qui existe dans le PVC avec des machines capables de produire avec très peu de personnel ’’, annonce Gilles le Bagousse, directeur commercial du Groupe FOM en France

 

© Ryko - La soudeuse révolutionnaire sans ébavurage SL4FF de Ryko fait partie des grandes évolutions offertes aux fabricants et industriels de la menuiserie

 

Alexandre Giraud, directeur commercial de Ryko France confirme les attentes des clients : « le mot clé est vraiment devenu la cadence. Les demandes des entreprises peuvent tout de même légèrement différer selon leur taille. Ainsi, les PME vont avant tout chercher de la flexibilité alors que les gros faiseurs préfèrent aller plus vite. Nous constatons cette évolution par les chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Auparavant nous étions plutôt sur un rythme de 100 à 120 menuiseries par jour contre aujourd’hui 200 menuiseries par jour ».

 

Des machines multifonctions

 

Tendance forte sur les centres d’usinage, ceux-ci s’avèrent très souvent multifonctions. Gilles Le Bagousse le confirme : « Nos centres d’usinage sont capables d’effectuer beaucoup plus d’opérations. Par exemple, de nombreuses options sont disponibles comme l’intégration d’un système permettant de vérifier la hauteur et la longueur des barres pour déterminer exactement la longueur de coupe ». De plus en plus de centres d'usinage sont équipés de plusieurs outils pouvant réaliser différentes opérations sur une seule et même machine sans nécessiter de changement d'outil ou de repositionnement. Les centres d’usinage modernes intègrent effectivement des systèmes automatisés pour gérer des process tels que la découpe, le perçage, le fraisage et le chantournage. Ces machines multifonctions répondent parfaitement à la flexibilité et à la rapidité attendues par les clients. Les options se multiplient, remarque Yvon Wirz, directeur général d’elumatec : « Il faut être capable de fournir un système clé en main, ce qui exige de proposer de plus en plus de périphériques. Les machines se doivent d’être très généralistes et flexibles. Nos centres d’usinage arrivent désormais à tout faire ». Paradoxalement, mêmes généralistes, les machines offrent une réelle personnalisation de la production. Le marché a besoin des deux et le Groupe Fom l’a bien compris, résume Gilles Le Bagousse : « Nous avons les deux cartes en main avec Dubus qui propose principalement des machines capacitaires et personnalisables, alors que Fom est un constructeur plus généraliste ». 

 

‘‘ Avec ces centres d’usinage modernes, les petites entreprises n’ont plus à traiter les postes d’usinage indépendants qui demandaient des réglages machines réguliers aujourd’hui informatisés. Un vrai gain de temps ’’, analyse Alexandre Giraud, directeur commercial de Ryko France

 

Pour Alexandre Giraud, « nous avons démultiplié les fonctions pour obtenir du travail en temps masqué. Ainsi, pendant l’opération de débit, débute déjà l’usinage ». Avec des avancées dans la technologie des têtes d'usinage, des fraises et des outils de coupe qui permettent une précision accrue, optimisant non seulement la vitesse de production, mais aussi la qualité des finitions.

 

© Ryko - Ryko développe des solutions transitiques adaptées aux ateliers

 

S’adapter à des demandes diverses

 

Cadence et flexibilité restent les maîtres mots de l’évolution des centres d’usinage et Franck Touri insiste dessus : « Le développement des machines se fait pour avoir plus d’options afin de les rendre plus flexibles. Nous sommes sur des machines standards à options pour personnaliser notre offre par rapport à la demande de nos clients. Une nécessité, d’autant que nous traitons des profilés de plus en plus différents ». Une situation qui a demandé certaines adaptations aux machines ajoute Franck Touri : « aujourd’hui, nous pouvons traiter des profilés laqués rouge ou noir nécessitant d’adapter la machine face à des couleurs qui absorbent ou reflètent la lumière, les capteurs pouvant être déstabilisés. Nous avons donc développé de nouvelles technologies avec des capteurs complètement différents qui vont pouvoir traiter l’information correctement, quelle que soit la couleur ». 

 

© Fom - La ligne LMT 650 conçue par FOM présente une solution automatisée de pointe qui offre précision, qualité et polyvalence pour la production de pièces usinées, adaptée à diverses applications

 

La même réflexion existe chez Fom Group, confie Gilles Le Bagousse : « Chez Fom, sur des machines standards, nous proposons un maximum d’options pour répondre à 80 % de la demande ». Avec des options qui sont également proposées pour le suivi de la production, la maintenance à distance… « Nous devons bien comprendre le besoin du client pour proposer le produit à mettre en face. Nous pouvons répondre à toute personnalisation », ajoute-t-il, « mais il nous faut les bonnes informations : la place dont il dispose, ses moyens budgéaires, le marché auquel il s’adresse… ». Avec une demande idéale de la part des entreprises de menuiserie, observe Gilles Le Bagousse : « les clients voudraient que la machine travaille complètement seule, mais il faut quand même l’alimenter et la décharger ». 

 

L’ergonomie au centre des développements

 

Un rêve qui n’est peut-être pas loin de se réaliser, car l’heure s’avère à l’introduction de robots industriels autorisant une manipulation automatisée des pièces, souligne Alexandre Giraud : « Des efforts sont faits sur la transitique en supprimant les postes de manutention intermédiaires des cadres ». Les robots sont aussi utilisés pour charger et décharger les pièces. Une attente qui pousse les industriels à développer toujours plus l’ergonomie de leurs machines car le bien-être des opérateurs est au cœur des enjeux de R&D. 

 

‘‘ Les petits centres d’usinage vont disparaître ’’, prédit Yvon Wirz, directeur général d’elumatec France

 

© elumatec - elumatec AG (groupe Voilàp) occupe un segment haut de gamme avec notamment le SBZ 145-5 axes qui dispose de grandes zones d'usinage pour la découpe de profilés aluminium et acier jusqu’à 7,5 m, d’un mode pendulaire pour pièces prédécoupées ou mode barre pleine, etc. Flexibilité maximale et efficacité élevée

 

Chez elumatec, Yvon Wirz précise : « Sur notre dernier centre d’usinage 5 axes, le SBF 145, le chargement se fait par l’avant, ce qui est beaucoup plus facile pour mettre la pièce en place ». Tout doit être facilité pour l’opérateur qui n’est pas toujours un usineur de métier, note de son côté Franck Touri. L’ergonomie se met aussi au service de la sécurité avec des machines qui savent s’adapter en hauteur et en profondeur pour faciliter leur utilisation selon la morphologie des opérateurs. Des machines qui sont de plus en plus sécurisées avec des carters, « ce qui permet aussi de travailler sur leur acoustique pour rendre moins pénible les conditions de travail de l’opérateur », se félicite Yvon Wirz. La sécurité ne doit pas être un frein à la productivité et ne doit pas pour autant « déresponsabiliser l’opérateur », prévient toutefois Alexandre Giraud. Chez Emmegi, un système de détection périmétrique a été développé en ce sens, confie Franck Touri : « ce système est présent sur les machines portiques et plus on se rapproche, plus la cadence ralentit jusqu’à s’arrêter en cas de danger imminent. C’est une sécurité évoluée et intelligente qui prend en compte la situation réelle ».

 


Le rôle de l’IA va grandir 

 

© VMA / F.G. - Le 30 mai dernier, l’UFME avait convié David Cortés, président fondateur d’AI-vidence à présenter ses travaux autour de l’intelligence artificielle et de 4 cas identifiés : la maintenance prédictive, le contrôle qualité, l’aide au pilotage de la production et la connaissance client

 

Comme souvent lorsqu’on aborde le sujet de l’Intelligence Artificielle, les avis divergent. Ainsi, pour Alexandre Giraud : « S’il ne fait aucun doute que l’IA aura un avenir dans le métier, pour l’instant, nous en sommes seulement au stade des balbutiements ». Plus optimiste, Yvon Wirz y voit une belle opportunité d’avancer sur de la maintenance prédictive grâce à une analyse fine des pannes, ce qui aura pour conséquence de sécuriser les process et transformer quasiment l’opérateur en un simple "presse bouton". Des applications concrètes existent déjà, reconnaît Gilles Le Bagousse : « Nous utilisons l’IA pour les diagnostics de service, mais aussi au travers des logiciels qui sont très évolués et vont par exemple permettre de savoir dans quel ordre il faut passer les profils pour obtenir un gain matière évident, et ainsi optimiser les lots et réduire les déchets ». Pour Emmegi, l’IA se conjugue au présent, confie Franck Touri : « l’IA est intégrée à presque toutes les machines avec des modules entrée-sortie intelligents qui analysent tout. Ces modules sont équipés d’une carte SIM et ils vont permettre aux clients l'accès à un cloud dédié à toutes les informations relatives à leur production. Il va pouvoir facilement réfléchir à comment améliorer la productivité grâce à un grand nombre d’informations disponibles : nombre de rotations, nombre d’heures d’usinage, nombre d’arrêts… ». Des datas qui sont vraiment au cœur des enjeux de la machine du futur qui ressemblera, selon Franck Touri, à une machine dialoguant directement avec l’opérateur par la voix. « Il suffira de dire à la machine ce que l’on veut sans rien manipuler, ni programmer, et la production se lancera »…


 

Une consommation maîtrisée

 

En rapport direct avec l’ergonomie et l’approche RSE des entreprises, de nombreux efforts se sont portés sur la consommation des machines et leur impact environnemental. « Nous pensons et concevons nos machines pour qu’elles aient l’impact climatique le plus faible possible », confie Franck Touri. « Que ce soit au niveau de la fabrication, de la distribution ou de l’énergie ». 

 

Yvon Wirz résume, « les nouveaux centres d'usinage sont développés pour être toujours moins énergivores et réduire les coûts opérationnels avec des essais en cours », et d’annoncer : « Nous travaillons sur la récupération d’énergie au freinage, à l’image de ce qui se fait sur les voitures hybrides, avec des batteries pour stocker l’énergie afin de pouvoir la réintégrer ensuite dans le process ». À suivre... 

 

— Franck Guidicelli



Source : verre-menuiserie.com

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