Les fenêtres high tech, un segment en plein devenir

Aujourd?hui, les fenêtres ne se limitent plus à une ouverture/fermeture de la maison et à protéger des intempéries. De nouvelles fonctions
auxquelles les industriels s?intéressent de très près.

Selon l’enquête publiée en février dernier par MSI Reports, le marché français des fenêtres (hors fenêtres de toit) pesait 9,9 millions d’unités en 2017 (+ 3 à 4 % versus 2016) pour un CA HT de 4,6 Mds€. Même si elles ne sont pas encore quantifiables, les fenêtres high tech font une entrée incontestable sur ce marché.

 

 

 Reposant sur le principe de la fenêtre pariétodynamique inventée par le thermicien Jacques Paziaud, Kalory E de Kawneer offre jusqu’à 50 % de performance thermique supplémentaire par rapport à une fenêtre à double vitrage classique, Uw jusqu’à 0,8 W/m².K (vantail OF de 900 x 1 350 mm, débit d’air par vantail 40 m3/h) © Kawneer

 

Elles se distinguent, qui par de nouveaux matériaux, qui par de nouvelles fonctionnalités : acoustique, thermique, autonomie en énergie, vitrage chauffant ou opacifiant (*). « Les fenêtres haute technologie constituent un segment de marché dynamique », indique Bruno Bednarcyk, directeur technique et commercial chez Deceuninck. « La preuve, chez nous et même si le marché global est reparti, c’est la gamme composite qui évolue le plus vite ».

 

Car le changement est en marche, à la fois, grâce à la demande naissante des consommateurs et au développement des bâtiments à énergie positive. « Même si le marché de la fenêtre reste traditionnel, les fabricants sont en train de faire bouger les lignes », explique Olivier Dirringer, directeur commercial de la division Windows Solutions chez Rehau. « Il est encore trop tôt pour en estimer les volumes ; la commercialisation récente de fenêtres composites a, en effet, démarré lentement mais sûrement ».

 

 

Novelia, la fenêtre composite de la FPEE est fabriquée avec le Raufipro de Rehau, une fibre 100 % recyclable, grâce à laquelle le profilé est plus résistant © FPEE

 

Une analyse partagée par Fabrice Drouot, directeur marketing et commercial de la marque Univ’R Menuiserie (groupe Ridoret) qui confirme : « nous n’en sommes qu’au début. Toutefois, ce marché émergent et dynamique qui se cherche, ne se concrétise pas encore par des achats significatifs.

 

Tous les industriels s’y intéressent, mais peu se lancent. Commercialiser une fenêtre EnR nécessite du temps : il faut séduire les prescripteurs, convaincre de ses performances, rassurer les revendeurs/installateurs ».

 

Pour sa part, Jean-Baptiste Vallet, responsable marketing chez FPEE indique : « nous devons nous réinventer, concevoir la fenêtre de demain, travailler sur l’ensemble de la chaîne, de l’extrudeur au particulier ; sinon, on se cantonne à une politique de prix.

 

Le particulier n’exprime pas encore ses besoins pour ce type de produit mais ça ne saurait tarder. A nous d’être attentif aux évolutions techniques des autres secteurs d’activité (au sens très large) qui peuvent influer sur le nôtre. Tout en conservant une fenêtre lumineuse, performante et facile à installer ».

 

Les fenêtres multimatériaux

 

Nombre d’industriels ont choisi la voie de matériaux novateurs ou de la fenêtre multimatériaux. Tour d’horizon.

 

- C’est à Fensterbau que Rehau a dévoilé Raufipro X, la nouvelle version de son matériau composite renforcé de fibres qui pousse l’efficacité énergétique jusqu’à la norme "maison passive" et repousse les limites des dimensions, puisqu’il permet désormais, de fabriquer des baies de grandes dimensions. Raufipro X sera disponible en fin d’année 2018. A l’instar du Raufipro initial, Raufipro X est parfaitement intégré dans le cadre de la stratégie de recyclage de l’entreprise puisqu’il peut être réintroduit dans la production de nouveaux profilés de fenêtres.

 

- Sur ce même Salon, Roto a présenté ses ferrures Roto NX, évolution des ferrures Roto NT, système éprouvé auprès des fabricants de menuiserie. « Au coeur du bénéfice client, Roto NX établit de nouveaux standards en matière d’efficacité en production, de sécurité, de confort et de design », souligne Marc Phlippoteau, directeur général de Roto France.

 

 

© Roto

 

- Outre l’intégration dans sa gamme du triple vitrage faiblement émissif Max-Valor (Eclaz de Saint-Gobain), Finstral innove avec ForRes. Ce matériau se compose de balles de riz (un sous-produit naturel du riz) et de PVC recyclé. Avec ForRes, respectueux des ressources naturelles et recyclable, Finstral entre dans l’ère de l’économie circulaire. Son originalité : un aspect élégant et doux au toucher.

 

- La firme polonaise Oknoplast a mis au point une fenêtre trimatériaux (gamme Natura). « Elle se compose d’un feuillard en aluminium à l’extérieur, de PVC au milieu et d’un film en bois naturel (ou en aluminium) à l’intérieur », précise Grégoire Cauvin, directeur général d’Oknoplast France. « Déjà lancée en Italie et présentée à Fensterbau, elle sera commercialisée en France en septembre prochain ».

 

 

© Oknoplast

 

- Avec Novelia, FPEE mise sur la fenêtre composite fabriquée avec le Raufipro de Rehau. « Grâce à cette fibre 100 % recyclable, inspirée des secteurs de pointe, aviation, aérospatiale et automobile, le profilé est plus résistant et les renforts acier ne sont plus nécessaires », indique Jean-Baptiste Vallet. « Résultat : davantage de clair de vitrage et des grandes dimensions ».

 

- Bouvet a développé les coulissants trimatériaux Coloriance. Ces menuiseries mixtes combinent du PVC co-extrudé avec de la fibre de verre et de l’aluminium. Ils bénéficient ainsi des avantages de chaque matériau : profils sans renforts acier donc plus fins, isolation naturelle du PVC, vaste palette de couleurs grâce à l’aluminium.

 

- Le groupe Millet a mis au point une baie coulissante murale, alternative précieuse au galandage ; surtout en rénovation. « La gamme M3D qui mixe trois matériaux, l’aluminium, le PVC et le bois, s’enrichit avec M3DS », relève Florent Ardouin, directeur communication et marketing relationnel GMI. « Ce coulissant mural à déboîtement et translation, se pose comme une fenêtre classique et fonctionne comme un galandage ».

 

 

© Millet

 

Lumicène, un concept novateur

 

 

© Lumicène

 

Clément Salvaire, directeur général de Lumicène, est catégorique : « pour Lumicène, l’innovation ne repose pas sur des matériaux ou fonctionnalités spécifiques, mais sur un concept d’espace fenêtre bioclimatique », affirme-t-il. « Ni bow-window, ni véranda, Lumicène est un espace circulaire composé de 180° de parois vitrées qui réinvente la relation intérieur/extérieur.

 

Grâce aux coulissants vitrés courbes et panoramiques, il capte la chaleur du soleil toute la journée et permet de chauffer la pièce. De plus, les positions intermédiaires des fenêtres permettent de se protéger du vent ».

 

Le fabricant propose une nouvelle génération de Lumicène. Principales caractéristiques : finesse des profils, rail intérieur plus discret, screens extérieurs, diamètre agrandi ouvrant la porte à de nouveaux usages dans les CHR et le tertiaire.
« Lorsque l’on sait que les balcons ne sont utilisés qu’1 % du temps et servent de rangement alors qu’ils représentent 10 à 15 % de la surface du logement, on mesure tout l’intérêt de ce produit en collectif », conclut Clément Salvaire.

 

Les Fenêtres high tech au coeur de la reflexion des industriels

 

Très clairement, l’avenir est aux fenêtres multifonctions. Et la période s’y prête… « A condition que les consommateurs y trouvent leur compte et que ces nouvelles fonctionnalités s’intègrent dans leur quotidien », avertissent Céline Coutand et Nathalie Champion, respectivement responsable communication et chef de produits chez K•Line.

 

 

L’entreprise vendéenne K•Line mise sur la haute performance sans compromis, de ses fenêtres. Le trio gagnant : haute performance thermique, acoustique, apport solaire et luminosité © K•Line

 

« Pour l’instant, nous en sommes au stade du concept-car ». De son côté, Bruno Bednarcyk poursuit : « les performances thermiques font de moins en moins la différence auprès du consommateur final qui a, d’ailleurs, un peu de mal à s’y retrouver. Désormais, il recherche un vrai confort de vie, réfléchit en matière d’acoustique ou autres fonctions associées dans les fenêtres d’aujourd’hui et de demain. En cela, nous répondons à de vraies attentes et problématiques ».

 

Avis différent pour Sabrina Renai, chargée de communication et marketing chez Socredis. « Nous nous appuyons sur notre savoir-faire pour produire des fenêtres qui tiennent leurs promesses et affichent des performances thermiques optimales contrôlées par le CSTB », soulignet- elle. « D’autre part, nous avons développé une solution pour la dépose totale avec Louineau, qui permet de gagner en clair de vitrage ».

 

 

Socredis mise sur les performances thermiques optimales (Uw de 0,74 à 1 ,2 selon configuration et vitrage) avec la fenêtre à ouvrant caché LUXLine dont le clair de jour est accru de 10 % grâce à des profilés réduits © Socredis

 

Pour sa part, Yann de Benazé, président de Profine France, estime que « même si les fenêtres ne sont plus de simples fenêtres, elles restent un produit économique. En dépit de leur sophistication, on ne note ni accélération, ni engouement, même si indéniablement, elles deviennent une réalité pour le particulier ».

 

 

Les nouveaux systèmes profine 70 mm… © Profine

 

…et coulissant PremiSlide 76 : compact, efficace et polyvalent (3b) © Profine

 

Quant à Pascal Coutié, directeur commercial France, Belgique, Suisse chez Aluplast, il est catégorique : « nous, gammistes et assembleurs, devons sortir de l’ornière de la fenêtre PVC blanche pas chère », affirme-t-il. « Par exemple, avec les vitrages opacifiants qui ont un réel débouché dans le tertiaire car ils répondent à une vraie demande, entre autres, en limitant les frais de climatisation ».

 

 

Le nouveau système de fenêtres ideal 2000+ en 60 mm d’aluplast, propose des ouvrants de 70 mm et réunit des fonctionnalités séduisant pour leur grande stabilité et leurs conditions optimales © aluplast

 

Enfin, Laurent Ternon, responsable marketing et communication chezBouvet constate : « le consommateur s’intéresse aux produits haute technologie, mais le prix reste un frein ; le foncier a augmenté et nombreux sont ceux qui sont en limite de solvabilité. Pour l’heure, le développement de fenêtres high tech participe à l’image de marque de l’entreprise. Les industriels sont en avance sur le marché, et c’est une bonne nouvelle, mais il faut encore réduire les coûts de production ».

 

Des consommateurs demandeurs, mais attentifs au prix

 

Une chose est sûre, consommateurs, constructeurs et clients sont friands de produits novateurs.

 

 

Atlantem Industries (groupe Herige) projette de construire sur le site de Saint-Sauveurdes- Landes (35) une usine de 15 000 m² dédiée à la fenêtre multimatériaux AM-X ; laquelle associe aluminium, PVC et bois. Un investissement de l’ordre de 20 M€ © Atlantem

 

Les particuliers ont, par exemple, des attentes très précises : l'acoustique pour les citadins et la sécurité, comme pour les seniors, et les économies d'énergie pour les "écologistes". « Les consommateurs sont demandeurs, par exemple, pour les vitrages chauffants et opacifiants », explique Pierre Dammé, directeur marketing Wicona.

 

 

La baie coulissante haute étanchéité Wicslide 65HT de Wicona atteint une performance à l’eau de 900 Pa en méthode A selon les normes NF EN 1027 / NF EN 12208. Une performance d’étanchéité à l’eau, trois fois plus importante qu’un coulissant classique © Wicona

 

« Seulement voilà, le prix bloque. Pour que le marché se généralise, la diminution des coûts est indispensable ». Analyse similaire pour Yann de Bénazé : « la situation est ambivalente », souligne-t-il. « D’une part, on suscite l’intérêt des consommateurs pour ce type de produit, d’autre part, ils ne peuvent pas toujours se les offrir.

 

Résultat : des consommateurs sensibilisés mais tiraillés par leur pouvoir d’achat. Il n’empêche, je suis intimement persuadé que ces fenêtres haute technologie vont se développer. Elles devraient représenter entre 0 et 5 % ces prochaines années ».

 

Concrètement, où en sommes-nous ?

 

Le vitrage chauffant est embryonnaire, mais il intéresserait davantage les consommateurs s’il remplaçait totalement le chauffage classique.

 

Or aujourd’hui, il s’utilise en relais. « De même, les performances en matière d’apports solaires et de transmission lumineuse sont telles, que le gain de ces vitrages sont des alternatives aux vitrages chauffants », remarquent Céline Coutand et Nathalie Champion.

 

« Le consommateur est prêt à adopter ces nouveaux usages », explique Marion Villard, responsable marketing Technal. « Mais leur démocratisation passe par des solutions intelligentes et un surcoût raisonnable. A nous d’apporter les solutions adaptées à un coût acceptable ».

 

 

Innovation pour Technal avec la fenêtre climatique qui produit de la chaleur ou du froid grâce à son cadre en aluminium. En alliant l’effet Peltier à un système breveté de couvre-joint technique, elle permet de chauffer une pièce bien isolée en hiver et de la rafraîchir en été © Serge Demailly

 

TBC Innovations passe les fenêtres à la loupe

 

La dernière étude de marché menée par la société de conseil et d’études spécialisée dans l’innovation pour le bâtiment, confirme la reprise du marché des fenêtres. Après sept années consécutives de baisse (entre 2009 et 2015), la croissance constatée en 2016, se confirme en 2017. TBC Innovations estime cette croissance à plus de 4 % en volume.

 

Responsable de cette embellie, l’activité soutenue de la promotion immobilière et la relance de l’économie. Résultat, les mises en chantier de maisons individuelles progressent de 13,4 %, celles de logements collectifs de 17,3 % (source, Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire).

 

Porté par ce dynamisme, le marché des fenêtres dans le neuf affiche une croissance à plus de 10 %. Dans le même temps, la rénovation peine à passer la barre du 1 % de croissance.

 

La réponse des industriels

 

Même si le marché des fenêtres high tech en est encore à ses balbutiements, les industriels y travaillent.

 

Prenons Aluplast. En pleine négociation pour développer un partenariat avec Sunpartner Technologies, la société allemande propose Energeto, une fenêtre PVC avec inclusion de barrettes polyamides qui remplacent les renforts en acier et apportent de la stabilité à la fenêtre.

 

 

Profils Systèmes élargit sa gamme Cuzco avec un modèle à frappe en coupe 45°. Avec un dormant de 70 mm, Cuzco 713 affiche des performances évolutives optimisées jusqu’à Uw =1,3 w/m².K en double vitrage (Ug : 1,1) © Frenchie Cristogatin/Dank Architecture/Profils systèmes

 

Innovation également chez Kawneer qui a présenté la fenêtre Kalory R lors de la dernière édition de Batimat. « Ce modèle à ouvrant visible est basé sur la technologie pariétodynamique », explique Bertrand Lafaye, responsable marketing et communication Kawneer. « Ce qui garantit une performance thermique unique sur le marché avec un Uw de 0,8, voire de 0,6 ». Le principe : l’air aspiré par le simple flux circule entre les trois parois vitrées et se réchauffe sous l’effet du rayonnement solaire avant d’être réinjecté à l’intérieur du logement.

 

Concrètement, on profite de cette fenêtre pour produire de la chaleur. Démarche identique pour le groupe Ridoret qui a mis au point une fenêtre EnR pariétodynamique à triple vitrage (PVC, aluminium, mixte bois/aluminium).

 

 

Certifié maison passive, le système Heroal W 77 HI atteint, avec une profondeur de construction de 77 mm et une section apparente de 120 mm, une valeur Uf de 0,95 W/m².K © Heroal

 

« Une fenêtre classique est conçue pour limiter les déperditions de l’intérieur vers l’extérieur, c’est l’inverse pour l’EnR », explique Fabrice Drouot. « En circulant entre les vitrages, l’air capte les calories et est plus chaud que celui qui entre par les grilles d’aération classiques ». En été, le principe s'inverse et la fenêtre EnR refroidit l'air extérieur entrant. Pour l’heure, dédiée au tertiaire, l’entreprise travaille à un accès au grand public.

 

 

Futura System de Bieber offre une solide performance thermique avec un Uw de 0,65 grâce auquel elle a obtenu la classification énergétique phA ; la plus élevée du PassivHaus Institut. Par ailleurs, elle assure un large clair de jour (Tlw = 0,57) avec 90 % de surface vitrée (25 % de lumière en plus qu’une fenêtre classique) © Bieber/DR Bieber

 

De son côté, Sepalumic a développé la fenêtre occultante, respirante et autonome 5900 Occult’Air ORA. Elle est équipée d’un simple vitrage de 18 mm et d’un triple vitrage de 44 mm, ainsi que d’un store occultant en tissu Air Cell Night de Bandalux.

 

Mais surtout, du vitrage photovoltaïque de Sunpartner Technologies, grâce auquel elle est autosuffisante en énergie pour le contrôle du store. « Cette fenêtre, tout en un et à forte valeur ajoutée, upgrade les maisons sans domotique intégrée, car son installation ne nécessite pas de câble », indique Quentin Rodde, responsable marketing chez Sepalumic. « D’ailleurs, les architectes sont très intéressés par la mise en oeuvre de ce produit en rénovation. D’autant qu’ORA donne accès à la domotique et à la GTB ».

 

Les fenêtres connectées

 

Quant aux fenêtres connectées (abordées dans notre n° VMA 274 décembre/janvier), les industriels rivalisent d’imagination sur ce segment de marché prometteur.

 

Citons le modèle connecté piloté à la voix de Schüco, la fenêtre 5900 Occult’air ORA qui communique avec le bâtiment de Sepalumic, la Smart Window de Wicona, la fenêtre connectée de Janneau, le système de gestion intelligent de menuiseries Smart Oknoplast ainsi que Voice Oknoplast, le détecteur de verrouillage intégré (DVI) de K•Line, etc.

 

M.L.
Source : verre-menuiserie.com

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